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La microfinance rurale au Sénégal

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par Babacar LO
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maitrise es Sciences Economiques option Analyse et Politique Economiques 2007
  

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Section3 : Besoins de financement relatifs aux structures à créer

Pour résoudre ou espérer résoudre les problèmes cruciaux auxquels le milieu rural Sénégalais est actuellement confronté, il ne suffit pas seulement de disposer d'une certaine capacité de financement. Il faut nécessairement mettre en place un ensemble de structures complémentaires et surtout efficaces parmi lesquelles on peut citer : les organismes de distribution du crédit et d'encadrement des ruraux ; les organismes de recherche et de vulgarisation de la recherche.

3-1/Les organismes de distribution du crédit et d'encadrement des ruraux

Malgré la prolifération des mutuelles d'épargne et de crédit et d'autres institutions de microfinance, l'offre reste insuffisante en zone rurale et surtout inadaptée.

S'il convient de créer ces structures, il importe aussi et surtout de les rendre plus accessibles à leurs destinataires, en conférant aux dites structures la souplesse nécessaire permettant d'améliorer l'efficacité de leur intervention dans le milieu rural. Cette mesure devrait se traduire par l'assouplissement des conditions d'accès au financement évitant ainsi l'imposition des principes rigides qui caractérisent le secteur bancaire traditionnel.

Comme nous l'avons tantôt dit, le secteur rural a toujours pris une place de choix dans les politiques de développement, mais force est de reconnaître que, concernant le crédit rural, les objectifs sont loin d'être atteints. En effet du fait de l'expansion des encours et des crédits non remboursés, la CNCAS connaît de réelles difficultés.

Le faible taux de remboursement du crédit et les stratégies paysannes de cantonnement et de la stratégie de sécurisation du crédit mise en oeuvre par la CNCAS ont mené cette dernière à réduire progressivement le volume des crédits octroyés.

Plusieurs facteurs ont fait que la politique de crédit appliquée jusqu'ici n'a pas eu les effets escomptés sur le crédit rural, notamment :

ü taux d'intérêt et apport personnel très élevés ayant entraîné un faible taux de remboursement ;

ü délais de mise en place des crédits longs et incompatibles avec le calendrier cultural ;

ü persistance des mentalités acquises ;

ü absence de suivi des crédits alloués aux acteurs du monde rural ;

ü faiblesse de l'épargne en milieu rural.

D'une manière générale, la NPA n'a pas réalisé les objectifs attendus.

Les facteurs explicatifs les plus importants sont :

ü l'absence de préparation du monde rural habitué à un système d'assistanat ;

ü l'absence de relais au niveau du privé lors du retrait progressif de l'Etat.

C'est pourquoi de nouvelles orientations ont été prises dans le cadre de la Déclaration de Politique de Développement Agricole (DPDA) dont les objectifs majeurs s'articulent autours des éléments essentiels suivants : la croissance soutenue, la sécurité alimentaire à travers une bonne gestion des ressources naturelles et une sécurisation foncière, l'amélioration des revenus, la promotion de l'investissement privé et l'efficacité des dépenses publiques.

Cependant, ces efforts risquent toujours de se traduire en néant si l'encadrement des ruraux (la mobilisation de mains d'oeuvre qualifiées vers les zones rurales) n'est pas assuré.

En effet, former des compétences capables de collaborer avec les organisations rurales peut bien être l'unique solution pour amorcer un développement durable.

Un certain nombre d'organisations rurales ont renforcé leur compétence en embauchant, avec de multiples précautions, des techniciens spécialisés en gestion mais en qui, pour réussir, doit être fortement réfléchi.

Nous détaillons ci-dessous les raisons et les modalités qui nous ont incité à faire une telle proposition.

· Le nombre de chômeurs qualifiés s'accroît d'année en année au Sénégal. Nombreux sont les diplômés qui sortent de la Faculté de Sciences Economiques et de Gestion (FASEG), capables de mener à bien ces taches et qui ne trouvent pas d'emploi.

· Les organisations rurales ont du mal à gérer leurs affaires et manquent de cadres qualifiés. Toutefois elles hésitent souvent à confier leurs affaires à des « éduqués » venus de l'extérieurs qui avec les « faux papiers » pourraient les desservir au lieu de les servir.

· La logique économique voudrait qu'un rapprochement soit tenté entre l'offre de main d'oeuvre qualifiée et les besoins des organisations rurales.

Ceci ne peut se faire qu'à plusieurs conditions :

L'université ne prépare pas à un travail au sein des organisations rurales. Il ne suffit pas d'être un bon gestionnaire ou un bon analystes pour savoir travailler dans des organisations ou le poids de la tradition, les rapports sociaux jouent un rôle fondamental.

Au-delà du savoir faire, il faut un savoir être pour collaborer avec les ruraux. Ce savoir être peut parfois s'apprendre ou s'acquérir par la fréquentation des ruraux.

Il doit en tout cas être testé avant que les organisations rurales n'acceptent de « partager leurs secrets ».

En outre les conditions de rentabilités des organisations rurales ne permettent pas toujours d'offrir des salaires en rapport avec les prétentions éventuelles des diplômés. Il pourrait donc être utile de prévoir une période de transition ou le salaire du technicien est subventionné jusqu'à ce qu'il crée au sein de l'organisation les conditions de rentabilité qui lui permettront de percevoir un salaire plus conforme à ses aptitudes. Il pourrait donc être utile, dans le cadre de la stratégie de renforcement des organisations rurales de prévoir un lieu, reconnu par les organisations rurales, qui aurait comme tache de mettre des techniciens en condition de travailler avec des organisations rurales. Cette mise en condition pourrait passer par un itinéraire de formation, piloter par une institution de confiance, qui conduirait les candidats à l'emploi à séjourner et à faire des taches de consultation dans les organisations rurales.

A l'issue de leur stage, ils pourraient être évalués par les organisations rurales d'accueil puis invités à suivre un autre stage.

A l'issue d'un cursus qui durerait de 6 à 12 mois, l'institution en charge de leur formation pourrait, sélectionner les techniciens les plus aptes à travailler avec le monde rural et les proposer aux organisations qui garderaient leur liberté de les prendre ou non.

Les trois premières années de fonctionnement ces cadres pourraient être subventionnées de manière dégressive.

Outre la mobilisation des organismes de distribution du crédit et d'encadrement du monde rural, il est nécessaire d'en faire de même pour la recherche.

3-2/Des organismes de recherche et de vulgarisation de la recherche.

Des techniques modernes de production, outils de production plus adaptés aux conditions écologiques, variétés de semences plus performantes, etc... régleraient en partie, les difficultés confrontées par l'agriculture sénégalaise et plus généralement l'économie dans son ensemble

La mise en place d'organismes produisant des ingénieurs du développement rural susceptibles de participer à la promotion de l'agriculture, est un besoin pressant.

L'Institut Sénégalais de Recherche Agricole (ISRA) à été créer dans ce cadre depuis environ trois décennies mais les résultats de la recherche sont encore lacunaires.

Des écoles comme l'ENCR, l'ENEA, ... devraient s'investir d'avantage dans ce chantier, en collaboration avec les organisations paysannes pour leur formation et aussi la vulgarisation de la recherche.

Pour se faire, il faut la mobilisation de gigantesques ressources financières ; ce qui interpelle tous les acteurs du développement rural.

Cependant l'Etat doit rester le principal régulateur.

L'Etat du Sénégal a reconnu depuis des années qu'il ne peut pas être le seul opérateur de la formation mais il doit rester un Etat stratège et corégulateur.

Il lui faut organiser un système ouvert ou les opérateurs associatifs (ONG, OP) et privés, les collectivités locales et les bénéficiaires participent, avec les services publics, au pilotage, au financement et à la gestion de la formation professionnelle pour le développement rural.

Les évolutions politiques, économiques et institutionnelles qui ont marqué les années quatre vingt et quatre vingt dix ont bouleversé la conception traditionnelle d'un système de formation centralisé, régi par l'offre ou les institutions publiques jouaient seules le rôle centrale.

Au Sénégal, la diminution de l'intervention étatique, l'affaiblissement des services publics et l'émergence de nouveaux acteurs sociaux se sont déroulés de manière un peu improvisée. Des organisations non gouvernementales, des cabinets privés, des associations de producteurs se sont illustrés dans la formation agricole et rurale, aussi bien des techniciens que des ruraux à la base.

La gestion trop centralisée de la formation et de réduction de leurs moyens, ne permettaient pas aux ministères tutelles de faire face à cette nouvelle situation.

La nécessité de concevoir de nouveaux mécanismes de régulations qui tiennent compte des sources multiples de connaissances et des acteurs participant à ce système émergeant de formation a été soulignée au cours de la réflexion menée sur le secteur en 1998-99 avec l'appui de la coopération suisse.

En outre, si la formation initiale reste essentiellement du ressort de l'Etat et des collectivités territoriales, les bénéficiaires doivent pouvoir contribuer aux formations de courte durée à la demande.

Cette contribution peut être directe ou par le biais de certains fonds alimentés en partie par des prélèvements sur les produits agricoles et/ou sur des taxes à l'importation de produits concurrents (suite à l'amélioration de la « santé agricole »).

Mais dans une situation de transition, l'aide des partenaires au développement continuera à jouer un rôle déterminant.

Une telle politique, qui sollicite la participation de toutes les parties est le seul moyen de promouvoir la recherche.

Le monde rural est conscient que l'agriculture va de plus en plus mal (baisse des rendements, inadaptation des semences, production non compétitive, ...) et que seule une recherche avancée permet de sortir du gouffre. Mais il est aussi unanime que les maux du secteur rural peuvent paralyser l'économie dans son ensemble.

CONCLUSION :

Au total, nous disons que la demande de financement pour assurer le fonctionnement des activités des ruraux mais aussi les investissements nécessaires à leur développement est immense.

L'analyse de des besoins de financement a permis de constater que :

v le moteur de l'économie nationale (le secteur rural) est en panne ;

v les zones rurales sont de plus en plus désertées à cause de la misère ;

v le développement durable passe nécessairement par la mise en place de structures de bases.

Tous ceux-ci permettent d'avancer que les principaux clients de la microfinance devraient être les ruraux.

Ainsi, importe-t-il de faire une étude panoramique des institutions de microfinance intervenant en milieu rural sénégalais ?

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