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Analyse techno-sémio-pragmatique

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par Maria Luisa TELENTI-ASENSIO
Université Stendhal Grenoble 3 - Master 2 Recherche, Sciences du Langage, spécialité didactique de langues 2007
  

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1.2.3 Dimension techno-sémio-pragmatique : icônes et émoticones

Nous ne pourrons pas nous référer aux écrans, ou  interfaces graphiques (Peraya 1996) sans tenir compte des  icônes ni des boutons illustrés « à cliquer qui actionnent des fonctions et mettent à disposition des outils les plus divers ». Ces aspects de la communication analogique (non-verbaux) sont étudiés par Peraya (ibidem) plus particulièrement en ce qui concerne « les icônes de logiciels et d'environnements informatiques standard (ILEIS) ». Nous nous y référerons très rapidement au moment de nous intéresser aux aspects de l'interactivité entre l'individu, la machine et les logiciels (Voir 3.2).

La représentation des émotions à travers des images dans la communication médiatisée par ordinateur (CMO) est un objet d'étude de Marcoccia. Ce chercheur attire l'attention sur le fait que les messages échangés sur le réseau Internet « contiennent assez souvent des signes codés qui transmettent des informations sur la dimension relationnelle et émotionnelle de l'échange ». Une fois présentées les caractéristiques de ces « pictogrammes », Marcoccia (2000) analyse leur fonctionnement et esquisse une typologie qui lui permet de « mettre en évidence les spécificités de la communication médiatisée par ordinateur ». Ainsi, il souligne aussi « son caractère hybride (entre oral et écrit) » de même que « l'importance presque paradoxale accordée à la dimension relationnelle » dans les communications sur Internet. Pour lui, les utilisateurs d'Internet « en voulant accorder autant d'importance à la relation qu'au contenu échangé, rencontrent les `limites' du code écrit », parce qu'ils ont « l'interaction en face à face comme idéal de communication ».

Selon son interprétation, cette modalité d'écriture repose sur un « choix paradoxal (faire du face à face avec l'écrit) » (ibidem). Il estime que son principe essentiel est celui de « trouver un substitut écrit au paraverbal, aux marques de l'intonation (par exemple utiliser des majuscules pour signifier que l'on `crie') et aux expressions mimogestuelles produites lors d'une conversation, principalement, celles qui sont liées à l'expression des émotions (les smileys) ».

Suivant les principes de la mise en scène de Goffman, Marcoccia (ibidem) analyse les aspects relationnels et se réfère à l'importance du « management de faces » qui ont une théorisation ad hoc: un code de bonne conduite, de «savoir-communiquer», appelé Netiquette (l'étiquette du Net) qui reprend, d'après Marcoccia, les « principes de politesse (ménager la face de l'autre, adoucir les messages), la maxime de modalité (...) et des règles liées à l'environnement technique et juridique d'Internet » (ibidem).

Le fait d'utiliser ces signes peut se rapprocher de deux procédés du discours écrit : il cite Anis, lorsqu'il affirme que « les études sur la télématique montrent que ses utilisateurs ont tendance à privilégier la ponctuation à valeur expressive sur la ponctuation syntaxique » ; il se réfère aussi à Mourhlon-Dallies & Colin qui notent « que la fonction des smileys est très proche du système des didascalies dans le texte théâtral ». Dans une contribution plus récente, Marcoccia (2004) affirme que « [c]es procédés ne sont pas utilisés uniquement pour « mimer » l'oral(...).Leurs fonctions sont en effet similaires à celles du matériau non-verbal dans la conversation en face à face ». Ce qui l'amène à conclure que « [l]e traitement linguistique de ces procédés doit donc résoudre diverses difficultés :

- prendre en compte la dimension interactionnelle et pas seulement référentielle de ces marques,

- arriver à analyser le fait que ces marques - à l'instar du non-verbal - ont souvent peu de signification en soi mais en trouvent dans le type de relation qu'elles entretiennent avec les messages qu'elles accompagnent,

- identifier la « portée » de ces marques. Comme les marques non-verbales, les segments sur lesquels elles portent sont difficiles à déterminer. Par exemple, l'expression apportée par un smiley porte-t-elle sur la totalité du message, sur la phrase dans laquelle le smiley apparaît ? Existe-t-il des critères formels ?

En fait, la difficulté majeure réside sans doute dans le fait que ces marques ne peuvent être analysées qu'en tenant compte de nombreux paramètres liés à la gestion des interactions communicatives, qui dépassent dans une certaine mesure les dimensions morpho-syntaxiques ou sémantiques des messages : leur dimension relationnelle, leur caractère situé, leur visée pragmatique, etc. »

Marcoccia (2000), données à l'appui, annonce une esquisse des fonctions des smileys qui sera développée par Marcoccia & Gauducheau (2007) :

- les smileys expressifs qui peuvent « apporter une information sur l'état émotionnel », ou bien « permettent d'expliciter la dimension émotionnelle » ou bien peuvent « renforcer la valeur expressive présente dans le contenu verbal » ;

- les smileys d'ironie et d'humour peuvent montrer cette dimension, la renforcer ou la manifester quand elle n'est pas exprimée par le contenu verbal;

- les smileys relationnels et de proximité qui « participeraient au maintien de la relation » ;

- les smileys de politesse qui « servent à atténuer le caractère menaçant ou hostile du contenu verbal d'un message ».

Cependant, ces auteurs avouent que ce n'est pas si aisé d'attribuer une fois pour toutes telle ou telle fonction. Nous pourrons constater, comme ces auteurs, que « les mécanismes d'interprétation des messages » présents dans le corpus « semblent le plus souvent reposer avant tout sur la part verbale du message » (Voir 3.4.3).

Nous avons voulu, dans cette sous-partie 1.2, rendre compte des résultats de recherches articulant les dimensions technologiques, sémiotiques et sociales visant les caractéristiques des interactions sociales en ligne. Nous ne pouvons pas passer sous silence, ici, un concept que nous devons à Peraya (1998) : la qualification de dispositif techo-sémio-pragmatique, appliquée aux dispositifs pédagogiques (voir la différence entre système et dispositif en 1.3.).

Quelques précisions terminologiques avant de poursuivre cette sous-partie 1.2 théorique, qui va être consacrée maintenant à l'examen des phénomènes qui se situent à la croisière de la technologie, la communication et l'analyse du discours. La base de données CRITER donne « frimousse » comme traduction du terme anglais smiley. Nous préférons le terme émoticone qui combine deux vocables de la langue française (émotion et icône). Le terme le plus utilisé par les chercheurs francophones est sans aucun doute celui de smiley (c'est le cas de Marcoccia) ce qui peut s'expliquer par le fait que les premiers étaient effectivement des :-), trois signes de la ponctuation représentant des sourires. Dans notre corpus, les étudiants ont utilisé les deux types, les signes typographiques (réalisés avec les signes de ponctuation) et les graphiques, des images fournies par la plate-forme Moodle. La définition donnée par CRITER semble ne parler que du premier cas.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo