L'évolution et la protection des droits de l'enfant en Mauritanie( Télécharger le fichier original )par Soukeina Gaye Université de Perpignan - DEA 2007 |
Paragraphe 4 : Les enfants handicapésSelon les dispositions de l'article 23 de la CDE « Les Etats parties reconnaissent que les enfants mentalement ou physiquement handicapés doivent mener une vie pleine et décente, dans des conditions qui garantissent leur dignité, favorisent leur autonomie et facilitent leur participation active à la vie de la collectivité. » Cet article ne semble pas trouver son sens dans l'application des dispositions de la convention des droits de l'enfant, car Le concept de handicap demeure mal défini en Mauritanie. Ainsi le Conseil National de l'Enfance recommande-t-il dans son Rapport 2001 qu'il soit clarifié et qu'il fasse l'objet d'une définition scientifique. Il propose en attendant la définition suivante : est handicapée « une personne diminuée physiquement et/ou mentalement par suite d'un accident ou d'une maladie chronique, acquise, congénitale ou héréditaire entraînant une déficience motrice, sensorielle ou physique15(*) ». Les données statistiques disponibles ne cernent pas la situation des personnes handicapées encore moins celle des enfants handicapés. En effet, les données disponibles sont, d'une part celles issues des recensements nationaux de 1988 et 2000, et d'autre part, les résultats d'enquêtes ciblées effectuées par différents organismes. Or, les recensements sous-estiment très vraisemblablement le nombre de personnes handicapées, et les enquêtes restent quant à elles trop restreintes pour donner une idée précise de la prévalence des différents types de handicap à l'échelle nationale. Nous présenterons successivement les résultats des uns et des autres, en expliquant leurs limites, mais en notant qu'ensemble, ils permettent de situer un peu mieux l'ampleur et la nature des handicaps en Mauritanie. Selon un recensement général de la population et de l'habitat de 1988 et 2000, les personnes handicapées représentaient 1,5% de la population totale du pays. Le nombre de personne handicapée est estimé par la même source à 37.622 personnes répartie en 19.262 femmes et 18360 hommes. Les enfants handicapés représentent 20% de cette population soit environ 7500 enfants. Cette proportion paraît faible, eu égard aux données moyennes recueillies dans la sous région, estimées par l'OMS à environ 5%. Leurs conditions de vie sont difficiles, et leurs droits peu respectés. Rarement scolarisés car seul 5% sont scolarisés. Les enfants handicapés sont souvent en butte à l'incompréhension ou au rejet des proches (sinon la famille, les voisins...). Mis à l'abri des regards extérieurs, parfois laissés à eux-mêmes de longues heures dans un lieu isolé, ils bénéficient souvent de moins de soins que les autres enfants. A cela s'ajoute une absence d'autonomie souvent lourde à porter. L'enseignement préscolaire n'existait pas pour cette catégorie d'enfant jusqu'à un passé récent. Actuellement un seul jardin d'enfant spécialisé a ouvert ses portes dans la moughataa de Riad à Nouakchott et accueille 14 enfants handicapés. Le faible taux de scolarisation trouve son explication dans l'absence de structure adapté et accessible tant géographiquement que financièrement. Il existe seulement deux structures d'accueils pour les personnes handicapés : l'institut national des aveugles et le centre d'enseignement pour les sourds. De plus les établissements scolaires (privé, publique) ne sont pas conçus pour recevoir ces enfants handicapés.
* 15 Rapport, op. Cit. , p 37 |
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