L'évolution et la protection des droits de l'enfant en Mauritanie( Télécharger le fichier original )par Soukeina Gaye Université de Perpignan - DEA 2007 |
Paragraphe 3 : Les Enfants de la RueLe Conseil National de l'Enfance propose la définition suivante pour les enfants de la rue : « Ce concept désigne les enfants en rupture partielle ou totale avec leur milieu familial. Il se caractérise par la vie « de » et « dans » la rue. Autant les « enfants dans la rue » sont encore en contact avec leur famille, autant les « enfants de la rue » sont laissés à eux-mêmes et sont les plus menacés. Les frontières entre les deux situations ne sont pas toujours étanches. On passe souvent de l'étape « dans la rue » à celle « de la rue13(*) ». » Le phénomène enfant de la rue est une problématique qui suscite une forte mobilisation au niveau national et international. On distingue donc d'une part « les enfants dans la rue » et d'autre part « les enfants de la rue ». Les premiers, majorités travaillent dans la rue mais garde un lien avec leur famille, et parmi eux on distingue : - Les garçons en situation difficile : âgés de 9 à 18 ans, déscolarisés, livrés à eux-mêmes et sans perspectives, ils errent dans les rues, envahissant les marchés et les centres vidéo, ou exercent, de façon plus ou moins occasionnelle, des petits métiers : écailleurs de poissons, conducteurs de charrettes, encaisseurs de minibus... - Les filles en situation difficile : âgées de 10 à 16 ans, déscolarisées, oisives ou ayant une activité de domestique ou petites vendeuses, elles traînent devant les centres vidéo ou aux points d'arrêt des cars. Alors que les enfants de la rue ont rompu tout contact avec les leur et vivent donc de façon partielle ou permanente dans la rue. Ils sont en rupture temporaire ou définitive avec leur famille et aussi avec la société et ils sont dans des difficultés à subvenir à leurs besoins essentiels. Le problème prend de plus en plus d'ampleur avec le phénomène d'urbanisation galopante, l'exode rural et la pauvreté persistante. En Mauritanie, le phénomène des enfants de la rue est apparu dans les années 1980 à la faveur de l'urbanisation, à une échelle qui était certes réduite mais qui s'amplifie de jour en jour. Mais si le nombre de ces enfants évolue, et le phénomène pourrait s'aggraver plus qu'il ne l'est, si des mesures ne sont pas prises pour remédier aux causes qui sont à son origine. Le nombre des enfants vivant dans ou de la rue est difficile à estimer, d'autant que d'une source à l'autre, la définition qui en est faite varie. Certaines sources parlent de 2500 à 4000 enfants, et il est probable que l'on se situe dans la fourchette haute. Ainsi, AEDM, ONG la plus active dans ce domaine, a repéré en 2005 à Nouakchott 1740 enfants en situation difficile (201 enfants des rues, 335 enfants exerçant des petits métiers, et 104 filles - dont 96 suivies par la Cellule des Filles en situation difficile), et 131 à Nouadhibou (41 enfants des rues et 90 enfants exerçant des petits métiers). Par ailleurs, l'étude menée en 2003 sur les orphelins15 a dressé la liste de tous les centres d'hébergement et lieux d'accueil pour ceux-ci et les enfants vulnérables, qu'ils émanent des services de l'Etat, de structures privées ou d'ONG. Or, si l'on fait le total de tous les enfants effectivement hébergés à Nouakchott par ces structures, on arrive à un nombre de 609 enfants hébergés hors de leur milieu familial à Nouakchott. A ceux-ci s'ajoutent ceux qui dorment dehors, ainsi que les filles en situation difficile, qui, comme on le verra, ne sont pas hébergées en structures d'accueil. Le problème d'enfants vivant dans la rue est un phénomène urbain qui touche essentiellement les grandes villes comme Nouakchott, Nouadhibou et à des degrés plus faible Kiffa, certaines villes par exemple Rosso et Kaédi. Les principales causes du phénomène sont d'une part la séparation des parents ou la recomposition défavorable à l'enfant, le divorce constitue une cause non négligeable des problèmes de l'enfant car la dislocation familiale a des répercussions tant physiques et psychologiques sur l'épanouissement de l'enfant, d'autre part l'abandon, la pauvreté , le manque d'attention d'affection et d'encadrement , car selon les spécialistes du domaine en Mauritanie la première raison qui incite un enfant a quitté son foyer est le manque d'affection. C'est d'ailleurs l'explication que donne la plupart des enfants que nous avons rencontré dans la rue (35% selon l'AEDM). Pus loin, il y'a le problème de la mendicité qui est une manifestation criante de la pauvreté et que l'on retrouve généralement dans les écoles coranique .en effet dans les écoles coraniques les enfants recourent a la mendicité pour leur survie et celle de leur marabout. Le phénomène enfant de la rue entraîne très souvent la majorité de ces enfants dans la délinquance. Car on a remarqué que la plupart des enfants de la rue basculent dans la toxicomanie juvénile qui représente 5,6% dans la tranche d'âge de 10 à 13 ans14(*) en Mauritanie. Les enfants de la rue font en effet un usage fréquent de substances psychotropes, ainsi que le signale le rapport 2003 du Conseil National de l'Enfance. Le « guinze » (diluant, colle et solvant de peinture) est la drogue la plus utilisée car la moins chère, mais certains prennent également parfois des médicaments anxiolytiques ou antidépresseurs. * 13 Rapport du conseil national pour l'enfance, p 13 * 14 Les enfants de la rue en Mauritanie, UNICEF, p 6 |
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