4.3.5 Axe électrique de
QRS et fréquence cardiaque
Confirmant les données belges de MIRCEA G.S (150)
relative à l'association significative entre niveau vie
socio-économique et l'axe électrique de Q R S, la présente
étude démontre l'absence de la relation significative entre
l'axe électrique et le niveau socio-économique. Mais la
présente étude infirme la corrélation positive existant
entre la fréquence cardiaque et le niveau socio-économique.
4.3.6 Maladies coronaires et
accident vasculo-cérébral
Un seul cas d'accident vasculaire est noté dans la
présente étude, alors que l'athérosclérose
cérébrale constitue la plus grande conséquence de L'HTA
chez les Noirs Africains (18-21).
L'H.T.A s'est révélée le facteurs de
risque prééminent chez les Noirs d'Abidjan (151) pour l'A.V.C.
Cette rareté de cas d'A.V.C s'explique par le caractère de coupe
transversale de la présente étude .
La maladie coronaire déterminée par
l'athérosclérose comme l'A.V.C mais facile à
évaluer par l'électrocardiogramme selon le code de Minnesota (2)
est caractérisée par un profil épidémiologique
changeant chez les noirs congolais au travail. La prévalence globale de
la maladie coronaire dans ce milieu de travail est de 19,9%.
Considérée sous forme de deux entités nosologiques, la
maladie coronaire de type insuffisance coronaire est estimée à
11,3%.
Dans la présente étude, une association
curvilinéaire est notée entre l'insuffisance coronaire et le
niveau socio-économique : les catégories sociales faible et
élevée étant les plus exposées à
l'insuffisance coronaire. Par analogie à la relation
curvilinéaire existant entre l' alcoolisme et le niveau
socio-économique, et entre l'H.T.A et le niveau
socio-économique, on est en droit de spéculer que le niveau
socio-économique moyen moins consommateur d'alcool moins hypertendu
serait protégé contre l'insuffisance coronaire. Les
présentes données infirment ce qu'on disait
schématiquement il y a plus de 25 ans que l'insuffisance coronaire
était très fréquente chez les hypertendus blancs et rares
chez les Noirs Africains (12, 62). Toutefois partageant les mêmes pools
génétiques avec les Noirs Africains, les Noirs Américains
présentent les mêmes risques que les Blancs (152).
Alors que dans les pays développés, avant les
années 1960, lors de l'éclosion des maladies coronaires la classe
sociale aisée était le facteur de risque de cardiopathie
ischémique surtout chez les hommes âgés de moins de 55 ans,
ce gradient s'était inversé à partir des années
1970 au détriment du niveau socio-économique faible(2,153). Cet
après cette période qu'il eut une modification très
marquée de l'environnement avec l'urbanisation
accélérée et une mobilité sociale ascendante chez
40% de sujets d'une cohorte des sujets noirs Américains (154). Si dans
les premières études africaines hospitalières, seule la
classe aisée des intellectuels et des cadres occidentalisés
était incriminée comme facteur de risque coronaire (62), la
présente étude réalisée en communauté avec
niveau socio-professionnel bien défini et en pleine transition
nutritionnelle, démographique et épidémiologique,
démontre que la maladie coronaire est déjà
épidémique avant l'an 2020 (5,6) et qu'elle s'est
déplacée du niveau socio-économique aisé à
la classe sociale faible. Pire encore l'infarctus du myocarde
séquellaire se repartit de manière égale dans les trois
classes socio-économiques. Les taux de prévalence de la maladie
cardiovasculaire observés dans la présente étude sont 10
fois plus élevés que ceux rapportés par Longo-Mbenza
(2,2%) dans l'étude multicentrique CORONAFRIC en 1991 (32).
A Abidjan, une étude portant sur 100 hypertendus a
montré la survenue d'un angor documenté dans 2% de cas et de
signes électrocardiographiques de maladie coronaire chez 6% de sujets
(153). Dans la présente enquête, le risque d'infarctus du myocarde
séquellaire est quatre fois plus présent chez l'homme que chez la
femme, tandis que le risque d'insuffisance coronaire électrique est deux
fois plus prévalent chez les agents sédentaires que ceux avec
activité physique élevée. Contrairement à la
rareté absolue ou relative de la maladie coronaire chez les noirs
hypertendus aux Etats-Unis (154) et en Afrique de l'Ouest (155 ,156), à
cause de « survivor effect » lié à un
excès de mortalité avant l'âge de la maladie coronaire,
à une agrégabilité plaquettaire ralentie, à une
fibrinolyse accélérée et à une riche circulation
collatérale de réseau coronaire, la présente étude
démontre que dans une population noire congolaise adulte jeune
(âge moyen): (47,8 + 9 ans) et au travail, le risque
d'insuffisance coronaire est multiplié par quatre en cas d'HTA.
Le sexe masculin et l'HTA ont déjà
été suggéré sans analyses statistiques comme
facteurs de risques coronariens chez les Noirs Africains (17).
Dans les pays développés et avant l'âge
de 75 ans le sexe masculin, constitue deux à trois fois plus de risque
de morbi-mortalité coronaire; mais après l'âge de 75 ans le
risque de maladies coronaires et d'AVC est identique chez l'homme et chez la
femme (157).
La présente étude permet donc d'expliquer le
changement du profil épidémiologique de la maladie coronaire en
Afrique où la classe moyenne (12) et surtout le niveau
socio-économique bas seront le prochain cible des
épidémies cardio-vasculaires.
En effet, après migration du milieu rural vers la
ville de Kinshasa, les agents de niveau socio-économique faible ont
adopté un style de vie très semblable à celui
adopté précédemment par les noirs évolués,
cadres, intellectuels et de niveau socio-économique élevé:
consommation excessive de graisse animales , sédentarité,
tabagisme, alcoolisme excessif et consommation de sucre et de sel. Les
mêmes explications ont servi à la compréhension de
l'inversion du gradient social des maladies coronaires au détriment de
la catégorie de niveau socio-économique faible (2, 2).
A cette modernisation de la société congolaise
d'avant 1990, marquée par une croissance industrielle rapide, il faut
ajouter la crise socio-économique de la transition politique, les
méfaits de la démocratisation (pillage), les conflits ethniques
et les différentes guerres de libération, véritables
stress physique et psycho-social pouvant expliquer l'émergence
épidémique de la maladie coronaire au Congo.
Bien que plus fréquente chez l'homme que la femme,
l'hypertrophie ventriculaire gauche, aussi bien que l'hémibloc
antérieur gauche, affections pré-cliniques de
l'athérosclérose coronaire ne sont pas associées au niveau
socio-économique dans la présente étude.
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