4.2.2 Le tabagisme et
l'alcoolisme
La prévalence du tabagisme dans cette population
active en milieu de travail est de 9,3%. Cette prévalence est de loin
inférieure à la prévalence du tabagisme dans la
communauté générale de la ville de Kinshasa estimée
en 1998 à 23,6% (88) et en l'an 2000 à 49% (89).
La différence des échantillons
étudiés serait à l'origine de la différence de taux
de prévalence du tabagisme avec une population de plus de 15 ans dans la
communauté générale mais de plus de 25 ans dans la
présente étude.
Aucune femme ne fume dans la présente étude,
confirmant les données de la communauté générale ou
neuf hommes contre une femme, fument la cigarette (86). Ces données sont
en contradiction avec les données relatives au tabagisme en relation
avec le paramètre démographique des pays développés
où les femmes fument plus que les hommes (90). Le courant
féministe des pays développés et la libération de
la femme dans les pays développés seraient peut-être
à la base de la prépondérance féminine dans le
tabagisme. Pour des raisons culturelles, les pays en voie de
développement comme le Congo-Kinshasa continuent à observer une
très grande prévalence des hommes fumeurs (91, 92). La
consommation des cigarettes des africains de ville est en progression
régulière notamment chez les adolescents et les adultes jeunes
(12).
Les sujets sédentaires fument autant que leur
homologue avec activité physique élevée. Les fumeurs
pèsent moins que les non fumeurs. Ceci est en conformité avec
l'effet anorexigène bien connu du tabac (93). L'effet anorexigène
du tabac était utilisé à visée publicitaire aux
Etats-Unis, puisque un gros fumeur brûle quotidiennement 300 calories
supplémentaires (93). Le sevrage du tabagisme a souvent comme effet un
gain de poids: la fumée de la cigarette provoque diverses maladies du
tube digestif et surtout de l'estomac (94).
La présente étude confirme que le tabagisme est
un phénomène de société renforcé par
l'urbanisation et l'industrialisation.
La présente étude confirme avec plus de
robustesse statistique l'association significative existant entre tabagisme et
alcoolisme dans la ville de Kinshasa rapportée déjà par
Longo-Mbenza (89). Dans la population au travail de cette étude, le
risque d'être fumeur est multipliée par 22 en cas d'alcoolisme,
alors qu'il est multiplié par 4 dans la population
générale kinoise (89). L'influence de la vie en
société suggère que les fumeurs ont tendance à se
partager la cigarette et une tournée de bière ou d'autres alcool.
Le revenu de la population au travail peut expliquer cette grande marge en
comparaison avec la population générale globalement chômeur
et dans la pauvreté. Les données du tabagisme de la
présente étude, confirmant certaines études africaines
(16) et infirmant d'autres études africaines ainsi que la
majorité d'études des pays développés (30, 34,
36-37, 39-41, 95) sont en contradiction avec l'épidémiologie de
maladies cardio-vasculaires. En effet, il y avait autant des fumeurs chez les
cas d'HTA, de diabète sucré, de séquelles d'infarctus du
myocarde, d'insuffisance coronaire, d'HVG et les témoins.
La consommation journalière de cigarette très
faible (2 tiges/jour) dans la présente population relativement jeune
pourrait expliquer l'absence de l'influence du tabagisme sur les maladies
cardio-vasculaires. La consommation journalière modérée et
légère d'alcool(2 bouteilles de bière) pourrait jouer
aussi un effet protecteur dans cette population (54-55, 96).
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