CHAPITRE IV:
DISCUSSION
La présente étude contribue, par une approche
épidémiologique multifactorielle, à la
compréhension de l'émergence des maladies cardio-vasculaires en
Afrique subsaharienne (1-6, 82).
En effet, par l'inventaire des facteurs de risque
cardio-vasculaire, elle préfigure l'épidémie des maladies
cardio-vasculaires en Afrique noire dès l'an 2020 (5,6).
Pour ce faire, l'environnement socio-économique,
l'hérédité et les attributs personnels de l'individu
interagissent au cours de l'évolution progressive de
l'athérosclérose.
4.1 Aspects
socio-démographiques
Dans cette population active au travail, plusieurs
inégalités sont mises en évidence. La sous
représentation de la femme est manifeste (17,7%).
L'ethnie Kongo constitue plus de la moitié de la
population d'étude en raison de sa proximité à la capitale
Kinshasa. Malgré l'effort d'africanisation de cadres au sein de la SNEL
(100% des agents sont de nationalité Congolaise); la masse salariale
médiane est le seul apanage des cadres toute catégorie confondue
(cadre de collaboration et cadre de direction) qui représentent le
tiers de la population d'étude.
Dans le cadre de l'urbanisation, plus de la moitié de
la population réside en milieu occidentalisé avec des maisons en
matériaux durables alors que le reste réside dans des quartiers
avec urbanisation chaotique et structure semi-rurale.
En dépit de cela, il convient de souligner l'effort
louable de la République Démocratique du Congo en matière
d'alphabétisation puisque 3% seulement de participants sont
analphabètes.
La combinaison de plusieurs paramètres
socio-démographiques permet de mieux catégoriser les
participants en trois catégories socio-économiques:
· niveau socio-économique faible;
· niveau socio-économique moyen;
· niveau socio-économique élevé.
D'autres études africaines ont procédé
aussi à la combinaison de plusieurs variables socio-économiques
pour calculer l'indice de niveau socio-économique ou indice de niveau de
vie (17, 32).
4.2 Facteurs de risque
cardio-vasculaire
La présente étude confirme les données
des enquêtes de Framigham (61) en ce qui concerne la relation existant
entre les caractéristiques de l'individu et les risques futurs des
maladies cardio-vasculaires.
Il est clair que l'action des facteurs de risque
cardio-vasculaire est additive et synergique et qu'il est urgent de porter
l'attention des médecins et des responsables de la politique sanitaire
sur l'interaction ou l'interface entre l'environnement et
l'hérédité dans l'éclosion de maladies
cardio-vasculaires. Ces facteurs de risque cardio-vasculaire englobent:
l'inactivité physique, le tabagisme, l'alcoolisme, les erreurs de
nutrition, l'hypertension artérielle, le diabète sucré, le
sexe, le stress, le niveau de vie socio-économique et l'histoire
familiale des facteurs de risque cardio-vasculaire.
4.2.1 L'inactivité
physique
La sédentarité est de nature
épidémique dans la population d'étude. Les conditions de
vie urbaine favorisent ces facteurs de risque présents chez près
de 65% de la population d'étude. Ce taux de sédentarité se
trouve dans la fourchette de 41-92% de patients coronariens Noirs Africains et
sédentaires (32).
Bien que la sédentarité suscite de controverse
comme facteur de risque indépendant de maladies coronaires (82), la
présente étude démontre une association significative
entre l'insuffisance coronaire, l'hypertension artérielle, le
diabète sucré, l'obésité centrale, l'histoire
familiale d'HTA, l'histoire familiale du diabète sucré et
l'inactivité physique.
L'exercice physique aérobic et régulier diminue
le risque de maladies coronaires (83). Ce bénéfice proviendrait
de la diminution de la pression artérielle déterminée par
l'exercice physique d'une part et par les facteurs métaboliques
stimulés par l'exercice physique telle que: - l'augmentation de
H.DL-cholestérol d'autres part (84).
Les données japonaises concernant les athlètes
des arts martiaux (self-défense) ne montrent pas une association
significative entre l'activité physique et la pression
artérielle(85).
Les effets métaboliques de l'entraînement
physique (86, 87) influencent favorablement certains facteurs de risque
liés au métabolisme glucidique: augmentation de
l'insulinémie, de la tolérance au glucose et de la
sensibilité à l'insuline.
Chez les obèses, avec diabète de type 2 (86),
l'exercice physique régulier baisse d'une manière significative
la résistance périphérique à l'insuline avec comme
conséquence une diminution de la glycémie à jeun , de la
lipémie, de l'hémoglobine glucosylée, de la pression
artérielle et du poids corporel. L'activité physique ne semble
pas assurer un meilleur contrôle du diabète
insulino-dépendant (86). Toutefois, l'activité physique requiert
des précautions chez les diabétiques de type 1 et de type 2 (86).
Longo-Mbenza B. (86) contre-indique l'activité physique dans les
circonstances suivantes: la rétinopathie proliférative, le
neuropathie autonome (traumatisme du pied) et l'aggravation d'une
protéinurie d'effort(87).
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