2. PHYSIOPATHOLOGIE ET VIRUS DE L'IMMUNODEFICIENCE
HUMAINE
Les mécanismes par lesquels le VIH induit un
déficit immunitaire sont pratiquement élucidés à
partir de l'identification de ce virus en 1983 (BARRE-SINOUSSI F. et al., 1983
; GALLO R.C. et al., 1984). Le SIDA est la conséquence de ce
déficit immunitaire sévère et dû à une
dépletion des lymphocites T helper. Le VIH manifeste une
affinité pour l'antigène de surface CD4 des lymphocytes T helper,
les envahissant et les détruisant au cours de l'infection à VIH.
La perte progressive de l'immunité cellulaire prédispose les
patients aux affections opportunistes et à des processus
néoplasiques (CHAISSON et al., 1990). Cependant, l'explication de la
lymphopénie CD4 n'est pas univoque.
Pour comprendre ces mécanismes, il est important de
rappeler l'organisation du système immunitaire au cours de l'infection
VIH.
LES VIRUS DE L'IMMUNODEFICIENCE HUMAINE
(VIH)
L'ancien Lymphadenopathy Associated Virus (HTLV-III ou LAV)
est appelé aujourd'hui VIH, rétrovirus humain particulier
découvert en 1983 par l'équipe de Luc Montagnier en France.
Le VIH est un ARN virus de la sous-famille des lentivirus et
de la grande famille de rétroviridae. Alors qu'en général
l'information génétique est codée sous forme de ADN, cet
ADN étant ensuite recopié sous forme d'un ARN messager à
partir duquel la cellule produit des protéines, les rétrovirus
portent un matériel génétique sous forme d'acide
ribonucléique ou ARN qui est rétrotranscrit en ADN proviral
grâce à une enzyme, la transcriptase inverse (reverse). C'est
à ce processus de transcription inverse que ces virus doivent leur
appelation. Cette enzyme "transcriptase inverse" des rétrovirus,
découverte en 1970 par Temin et Baltimore, est une DNA-polymérase
RNA dépendante.
STRUCTURES
Les particules matures sont d'un diamètre de 90
à 120 nm, entourées d'une enveloppe externe lipidique de 100 nm
de diamètre et sortent par bourgeonnement (budding) de la cellule
infectée. Enfermé dans une enveloppe protéique se trouve
un nucléoïde ou corps, formation dense évoquant un noyau.
Le nucléoïde contient deux copies identiques du matériel
génétique (ARN).
ORGANISATION GENOMIQUE
Le génome du VIH, représenté par son ARN,
est composé de deux sous-unités identiques de 9.749
nucléotides (paires de bases, longueur de 10 kilobases) et de
l'extrémité 5' vers l'extrémité 3' des trois
gènes caractéristiques des rétrovirus :
- le gène gag (gène de l'antigène de
groupe) qui code pour les protéines du nucléoïde ;
- le gène pol (polymérase) qui détermine
la synthèse de l'enzyme "transcriptase inverse" ;
- le gène env (enveloppe) qui permet la synthèse
des glycoprotéines de l'enveloppe virale.
Le génome du VIH présente à chacune de
ses extrémités une séquence appelée Long Terminal
Repeat (LTR). Les LTR contiennent les matériaux promoteurs qui
contrôlent l'intensité de l'expression des gènes du virus
et l'intégration aux gènes de la cellule-hôte.
Le VIH renferme, en outre, des gènes
supplémentaires régulateurs :
- le gène vif, localisé entre le
gène pol et le gène env ;
- le gène tat (trans-activateur), augmente
l'expression des gènes viraux en agissant à distance sur le
promoteur contenu dans le LTR ;
- le gène rev (régulateur
sélectif) ;
- le gène vif (virion infecting factor) pour
la réplication virale :
- les gènes vpr et vpu sont
activés au cours de l'infection.
|