2.2.6. VALEUR PEJORATIVE DES EOSINOPHILES
La diminution du nombre absolu de CD4, signe de l'aggravation
du déficit immunitaire, est accompagnée d'une baisse
significative des éosinophiles (tableau 7) dans la péricardite
liquidienne associée à l'infection VIH. Un chiffre absolu
inférieur à 500 éosinophiles/mm3 est de mauvais
pronostic et un chiffre inférieur à 250/mm3 fait
craindre une immunodépression majeure à 3 ans d'évolution
: les taux de passage au SIDA à 3 ans en fonction du taux initial des
éosinophiles sont respectivement de 71% (10/14) si éosinophiles
< 250/mm3, de 45% (5/11) si éosinophiles entre 250 et
499/mm3
Tableau 7 - Progression vers le SIDA en 3 ans
selon le taux initial de CD4 et des
éosinophiles
Variables
|
Entrés
VIH+
1991
n
|
Devenus
SIDA
1994
n (%)
|
Eosinophiles/mm3
<250
200-499
>500
|
14
11
7
|
10 (71%)
5 (45%)
1 (14%)
|
CD4
500
200-499
<200
|
11
18
3
|
2 (18%)
11 (61%)
3 (100%)
|
et de 14% (1/7) si éosinophiles > 500/mm3
(Figure 7). Pour CD4 < 200/mm3, 100% des patients
évoluent vers le SIDA et pour CD4 200-499/mm3, 61%. Le taux
moyen des éosinophiles chez les patients VIH négatifs avec
péricardites tuberculeuses prédominantes (75%) a relativement
baissé (463/mm3 < 500/mm3). Cependant il
n'existe pas de correlation significative entre le nombre de CD4 et celui des
éosinophiles dans la péricardite des patients VIH négatifs
(r = - 0;,09, pente = - 0,27).
A la fin de l'étude, 50% (16/32) des patients avec
péricardites VIH+ sont passés au stade SIDA, soit un taux de
passage annuel de 16,6%.
Figure 7
Taux de progression vers le SIDA en 3 ans d'observations
par référence
au taux initial des CD4 et des éosinophiles.
2.2.7. EVOLUTION DES PERICARDITES AU COURS DE L'INFECTION
VIH
L'état général des patients VIH positifs
ayant présenté une péricardite liquidienne est
resté stable jusqu'au mois de juin 1994. Après, cinq patients
sur 32 (15%) avec un épanchement péricardique associé aux
lésions de sarcome de Kaposi généralisé sont
décédés dans un tableau de détresse respiratoire
malgré un traitement cytostatique par la Vincristine. Cette
mortalité au cours de l'infection par le VIH n'est pas différente
de celle survenue en cas de péricardites des séronégatifs
(25%, 8/32). Une quadruple association tuberculostatique constituée de
Rifampicine, d'Isoniazide, d'Ethambutol et de Pyrazinamide a été
appliquée chez 19 patients avec péricardite chronique
d'étiologie tuberculeuse prouvée. Les résultats
étaient concluants dans tous les cas. L'allure est plutôt
aiguë dans les péricardites d'étiologie VIH+ probable, mais
chronique en cas de surinfection tuberculeuse (opportuniste) du sujet VIH+
(Figure 8).
Figure 8
Allure évolutive des péricardites
associées à l'infection VIH en fonction de leurs
étiologies.
BK : Mycobacterium tuberculosis.
S. Kaposi : sarcome de Kaposi.
VIH+ : étiologie probable, virus VIH.
Etant donné les moyens diagnostiques limitézs
disponibles, le rôle des autres virus comme le cytomegalovirus ou
Coxsackie n'a pas pu être étudié dan,s la pahse aiguë
des péricardites.
|