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2.2.4. MANIFESTATIONS CLINIQUES DE L'INFECTION A VIH ET
EXPLORATION FONCTIONNELLE DU COEURUne cohorte constituée de 32 patients infectés
par le VIH (19 hommes, 13 femmes ; âgés de 20 à 54 ans) et
de 32 patients séronégatifs pour le VIH (20 hommes, 12 femmes ;
âgés de 23 à 60 ans) ont accepté de participer
à une étude prospective étalée sur 3 ans. Une forte suspicion d'épanchement péricardique
était fondée sur la présence des douleurs thoraciques
atypiques, d'une toux sèche, d'un frottement péricardique, d'une
pression veineuse jugulaire supérieure à 5 cm au-dessus de
l'angle de Louis et d'un pouls paradoxal.  Le tableau 3 résume les
caractéristiques cliniques des patients.  Le groupe de patients VIH
négatifs a servi de contrôle. Les deux groupes de patients sont comparables en ce qui
concerne l'âge, le sex ratio, la toux, les douleurs thoraciques
atypiques, l'amaigrissement, le frottement péricardique et l'importance
de l'épanchement péricardique (p = NS).  Au cours de l'infection
à VIH associée à une péricardite, les patients
présentent plus de sudations nocturnes (70%), de cas de dilatation du VG
à l'échocardiogramme et de clichés radiologiques de thorax
(43,7%) que les patients VIH négatifs ; la différence a atteint
le seuil de signification statistique (p < 0,05).  Par contre les patients
VIH négatifs présentant une péricardite liquidienne
montrent plus d'ascites (50%), de cardiomégalies à la
radiographie du thorax et plus d'altérations de la repolarisation
à l'E.C.G. (81% de bas voltage de QRS, 38% du sus-déclage segment
ST) que ne le font les patients VIH positifs. La dépression immunitaire est évidente chez les
patients VIH positifs et classée selon les critères de CDC aux
stades d'infection VIH (A1-B1 avec 34,4% patients, A2-B2 avec 56,3% patients)
et de C1-C2 SIDA (9,3% patients).  Tableau 3 - Caractéristiques cliniques des
péricardites  chez les patients VIH positifs versus VIH
négatifs 
| Variables | VIH+ n = 32 | VIH- n = 32 | p |  
| Age (ans) | 37 + 9,4 | 38 + 9,7 | NS |  
| Sex ratio (hommes/femmes) | 1,5 | 1,7 | NS |  
| Plaintes Toux Douleurs thoraciques Sudations nocturnes Amaigrissement | 92% 90% 70% 43% | 82% 82% 40% 45% | NS NS <0,05 NS |  
| Clinique Frottement péricardique Ascite Classe Infection VIH/CD4  500/mm3 200-499/mm3, A1-B1 < 200/mm3, SIDA | 48% 10% 34,4% 56,3% 9,3% | 25% 50% 96% 4% 0% | NS <0,05 <0,05 <0,05 NS |  
| Rx Thorax Coeur normal Cardiomégalie | 43,7% 56,3% | 15,6% 84,4% | <0,05 <0,05 |  
| ECG Bas voltage QRS Sus-décalage ST | 19% 0% | 81% 38% | <0,05 <0,05 |  
| Echo-coeur Epanchement modéré Epanchement important Dilatation VG | 69% 31% 66% | 63% 37% 22% | NS NS <0,05 |  
| Test Mantoux + | 18% | 25% | NS | 
 Tableau 4 - Efficacité diagnostique du
cliché radiologique  du thorax pour la péricardite liquidienne 
| Efficacité diagnostique | Péricardite associée au VIH+ n = 32 | Péricardite du VIH- n = 32 | p |  
| Sensibilité | 56% | 81% | <0,05 |  
| Valeur prédictive positive | 51% | 60% | NS |  
| Spécificité | 83% | 83% | NS | 
Si l'échocardiogramme apporte le diagnostic de
certitude de la péricardite liquidienne associée à
l'infection VIH, la radiographie du thorax apporte un nombre important de faux
négatifs (p<0,05).  L'évaluation de l'efficacité
diagnostique du cliché radiologique du thorax pour la péricardite
- VIH versus la péricardite des sujets séronégatifs a
été réalisée par la sensibilité, la
spécificité et la valeur prédictive pour la
péricardite VIH+ (tableau 4). Le système hématologique et les
mécanismes immunitaires sont plus altérés chez les
patients VIH positifs que chez les patients VIH négatifs (tableau 5) :
il existe au cours de l'infection à VIH une baisse hautement
significative de l'hémoglobine (8,6 + 1,8 g/dL), de lymphocytes
(3244,5 + 797,5/mm3, nombre absolu), d'éosinophiles
(306,7 + 129,7/mm3), de basophiles (16,4 +
12,2/mm3) et de CD4 (306,8 + 129,8/mm3) au seuil
de signification statistique pour p<0,001.  Nous avons recherché la
corrélation entre le taux de CD4 et tous les paramètres
hématologiques par le test de Pearson.  La figure 3 montre une
corrélation positive entre le nombre de cellules CD4 et celui des
éosinophiles chez les patients VIH positifs (r = 0,67 ; p <0,05).  Tableau 5 - Caractéristiques hématologiques
des péricardites  avec ou sans infection VIH 
| Variables | VIH+ | VIH- | p |  
| Hémoglobine (g/dL) | 8,6 + 1,8 | 11,3+ 1,9 | <0,01 |  
| Globules blancs/mm3 | 5128 + 1564 | 5112,5 + 1492 | NS |  
| Plaquettes (x103/mm3) | 348,5 + 112,5 | 370,8 + 119 | NS |  
| Lymphocytes/mm3 | 3244,5 + 797,5 | 3750 + 964 | <0,05 |  
| Monocytes/mm3 | 403,5 + 97 | 401,7 + 94,7 | NS |  
| Neutrophiles/mm3 | 4125,9 + 877,9 | 3818,8 + 1025 | NS |  
| Eosinophiles/mm3 | 306,7 + 129,7 | 463 + 99 | <0,001 |  
| Basophiles/mm3 | 16,4 + 12,2 | 24 + 7,3 | <0,001 |  
| CD4/mm3 | 306,8 + 129,8 | 1191 + 297 | <0,001 | 
p avec test t par paires Figure 3 Corrélation positive entre le nombre absolu des
lymphocytes CD4 et le compte des éosinophiles au cours des
péricardites associées à l'infection VIH. r = 0,68, p < 0,05 | 
 
 
 
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