2. Une revue de la littérature et les
hypothèses à tester
Au sens de Jensen et Meckling (1976), la firme est le
noeud de relations contractuelles entre les différentes parties
prenantes. Une bonne répartition de la valeur crée par
l'entreprise consolide sa réputation et vis versa.
Etant donné que les contrats faits au nom de la firme
sont détenus par le dirigeant, alors, et dans un contexte
économique, politique et social stable, la faillite d'une entreprise
doit conduire à accuser directement l'équipe dirigeante de sa
mauvaise gestion, sa compétence faible ou son abus de pouvoir.
Dans le cadre du gouvernement d'entreprise, le dirigeant
n'est pas laissé seul. Au contraire, il est contrôlé dans
tous ses agissements. Le contrôle s'effectue principalement par la partie
la moins protégée, à savoir les actionnaires, Williamson
(1984,1985). L'activisme des actionnaires est concrétisé par le
conseil d'administration, dont la principale mission est de contrôler les
principaux dirigeants (Fama, 1980 ; Fama et Jensen, 1983). La
présence d'administrateurs externes neutres et compétents (Kaplan
et Reishus, 1992) renforce la crédibilité de ce statut.
Pour la réalisation de sa mission, le conseil
d'administration suit la politique du bâton et de la carotte. Disposant
du plein droit de révocation de l'équipe managérial en
exercice, il fait souvent recours à des systèmes de
rémunération très motivants dans l'espoir de ``fermer la
bouche'' aux dirigeants. Selon Coffee (1999), un bon système de
gouvernance pénalise les managers des firmes qui
présentent une mauvaise performance des cours de leurs actions et dont
le niveau des cash-flows est faible. Plusieurs autres travaux
soutiennent cette citation.
Récemment, dans une étude faite sur des
entreprises italiennes, Volpin (2002) trouve - sauf dans les
sociétés de holding - que le changement des hauts dirigeants est
négativement lié à la performance de la firme.
Néanmoins, la sensibilité mesurée par Volpin varie avec la
concentration de la propriété.
L'étude approfondie des deux mécanismes
pénalisant et motivant - que détient le conseil d'administration-
ainsi que l'interaction de chacun avec d'autres variables, permet de juger du
mode de gouvernement au sein des firmes en détresse et d'apporter une
réponse, sinon, une part de la réponse sur les
déterminants effectifs de la situation de faillite.
2.1. La rémunération par les salaires et
les primes et sa conséquence sur la situation financière de
l'entreprise
Si Jensen et Meckling (1976) considèrent que
l'alignement des intérêts des actionnaires et des dirigeants ne
sera jamais parfait, du fait que ces derniers ne disposent que d'une fraction
minime du capital, alors qu'en est-il s'ils ne détenaient aucune part
des fonds propres ?
Selon Berle et Means (1930,32), il devrait y avoir une
séparation entre propriété et contrôle au sein de la
firme. Laquelle séparation a donné naissance aux entreprises
managériales, où l'accent est mis sur le professionnalisme et la
compétence de l'équipe dirigeante. Sous l'optique de Berle et
Means, la rémunération du dirigeant doit être sous forme de
salaires et primes qui peuvent dépendre de la taille de la firme
(Ciscel, 1974), de la croissance de la taille de la firme (Ciscel et Carroll,
1980), des volumes des ventes réalisés (Deckop, 1988)...
H1 : Dans le cadre des firmes
managériales, les conflits d'intérêt entre actionnaires et
dirigeants sont plus faibles si les dirigeants sont bien
rémunérés.
Si cette dernière hypothèse est infirmée,
une explication plausible est que dans la mesure où leur progression est
limitée, les salaires et les primes semblent être peu motivants et
peu incitatifs. Selon Desbrières (1999), ce mode de
rémunération, même s'il permet la réalisation des
objectifs de la firme à court terme, entraîne une baisse des
dépenses en R & D et par conséquent une diminution de la
qualité du produit et une réduction des investissements
productifs.
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