CONCLUSION
L'objectif de notre étude était d'identifier les
déterminants d'ordre socio-économique de la qualité de
l'habitat à Kinshasa en nous servant des données de
l'enquête 1-2-3 réalisée en 2004. En effet, les indicateurs
de la qualité de la structure du logement et de la qualité de
l'infrastructure sont les deux critères retenus pour expliquer la
qualité de l'habitat. La structure d'un logement comprend le mur, la
toiture et le pavement. Une unité d'habitation remplit l'indicateur de
la qualité de la structure du logement si ses murs sont faits en
béton armé, en ciment ou en briques cuites ; si sa toiture
est faite en dalle en béton, en tôle galvanisée, en tuile,
en ardoise ou en éternit ; et si son pavement est en carrelage, en
bois ou en ciment.
Par ailleurs, l'indicateur de la qualité de
l'assainissement comprend les toilettes, le mode d'évacuation des
ordures et la source d'approvisionnement en eau. Un logement dispose d'un
assainissement de qualité si ses habitants utilisent les toilettes
intérieures ou extérieures privées avec chasse eau, les
latrines aménagées publiques et privées ou les communs
ménages ; s'ils utilisent un moyen sanitaire (service public ou
privé, incinération, enfouissement, compost ou fumier) pour
évacuer les ordures ; et s'ils s'approvisionnent en eau de boisson
de qualité (robinet intérieur ou extérieur, borne
fontaine, robinet autre ménage, puit protégé, source
aménagée ou forage).
L'identification des déterminants de la qualité
de l'habitat a été réalisée grâce au
modèle Biprobit. L'intérêt accordé à ce
modèle se justifie au fait qu'il nous a permis d'estimer
simultanément l'indicateur de la qualité de la structure du
logement et l'indicateur de la qualité de l'infrastructure tout en
montrant si les événements représentés par ces
indicateurs sont corrélés.
Du point de vue empirique, cette étude a
confirmé l'existence d'une typologie spécifique à chaque
quartier. Nos résultats montrent par ailleurs que le profil moyen des
habitations est le quartier planifié. Ainsi, les quartiers
résidentiels sont généralement construits en béton
armé, tôlés en dalle en béton, pavés en
carreaux et dont le lieu d'aisance est à l'intérieur avec la
chasse eau. Les quartiers planifiés quant à eux s'approchent plus
des quartiers résidentiels que les quartiers non planifiés. En
effet, les quartiers planifiés sont généralement
construits en murs de ciment et tôlés en tuile ou éternit
alors que les quartiers non planifiés sont en tôle
galvanisée et de récupération.
Cependant, la probabilité pour un ménage non
pauvre, vivant dans un appartement ou une villa qui est localisé dans un
quartier résidentiel ou planifié et dont le chef est
célibataire et s'est arrêté à l'école
primaire de disposer d'un habitat de qualité est 0,3218. Par ailleurs,
la probabilité pour ce même ménage de disposer d'une
structure de qualité et d'une infrastructure de qualité est
respectivement de 0,9332 et de 0,3312.
De ce fait, les facteurs qui déterminent la
qualité de l'habitat sont le niveau de vie, la part des dépenses
consacrées au logement, la localisation, le type d'habitation, le statut
d'occupation et le niveau d'études du chef de ménage. Parmi ces
facteurs, il sied de noter que le niveau d'études du chef de
ménage ne détermine pas la qualité de la structure.
Egalement, le statut d'occupation ne détermine pas la qualité de
l'infrastructure.
Le niveau de pauvreté réduit la
probabilité de disposer d'un habitat de qualité. Lorsque le
ménage est pauvre, les probabilités de remplir les indicateurs de
la qualité de l'habitat, de la qualité de la structure et de la
qualité de l'infrastructure sont respectivement de 0,2450, 0,8975 et
0,2590.
La part de dépenses consacrées au logement, le
statut d'occupation du logement et le niveau d'études du chef de
ménage augmentent quant à eux la probabilité de disposer
de la qualité de l'habitat. Toutefois, la probabilité de disposer
de la qualité de la structure est légèrement
réduite à la baisse lorsque le chef de ménage n'a pas fait
les études secondaires ou universitaires.
Comme pour la pauvreté, le fait de résider dans
un quartier non planifié réduit la probabilité de disposer
d'un habitat de qualité. Lorsque notre ménage de
référence est pauvre et vit dans un quartier non planifié,
il a 19,08% de chance de disposer d'un habitat de qualité alors que si
ce ménage vit dans un quartier planifié, il aura 38,59% de chance
de disposer de la qualité de l'habitat. Ainsi, le fait d'habiter dans un
quartier planifié influence fortement la qualité de l'habitat.
D'une façon générale, les maisons dans
des concessions et les studios diminuent la probabilité de disposer de
la qualité de l'habitat. Par contre, les maisons en bandes influencent
positivement la qualité de l'habitat.
De ce point de vue, nous suggérons ce qui
suit :
1. La restructuration du secteur de l'habitat ;
Il faut réhabiliter l'État en tant que premier
promoteur de l'habitat. Toutefois, la promotion de l'habitat ne doit pas
être considérée comme l'apanage de l'État seul.
Là où l'État pourra prouver son incapacité, les
promoteurs privés peuvent encore tenter leur chance.
2. L'aménagement des nouveaux sites.
Compte tenu de la faiblesse des revenus, nous suggérons
que l'État puisse aménager les sites (surtout à
l'extension Est de la ville) et promouvoir l'habitat planifié du type
des logements sociaux et dans une large mesure l'habitat administré.
3. Au niveau des ménages, ceux-ci doivent, au
delà d'être instruits, posséder des bonnes qualités
des poubelles de recueillement. Ceci supposerait, dès lors, que l'on
soit assuré que la collecte s'effectue de façon adéquate
au niveau de la parcelle. Par `` collecte adéquate'', nous entendons un
mode de collecte qui garantisse un maximum de protection hygiénique et
évite toute sorte de nuisance qui peuvent survenir lors du stockage
à domicile en attendant le passage du service d'assainissement. Pour ce
faire, la possession d'un bac à ordure, couvert et de bonne
qualité sera de grande importance.
Quoi qu'il en soit, ce travail n'a pas eu la prétention
d'épuiser tous les aspects de l'analyse de la qualité de
l'habitat. Dans ce champ, bien que nous ayons utilisé un modèle
robuste pour notre spécification, il existe encore des limites en termes
de la méthodologie de la collecte des données, mais surtout en
terme de la quantification. En effet, la qualité de l'habitat est une
notion complexe qui englobe plusieurs attributs dont on pouvait tenir compte
pour la construction d'un indicateur de la qualité de l'habitat.
Cependant, les enquêtes disponibles ne tiennent pas compte de tous ces
aspects. C'est ainsi qu'il serait d'ailleurs utile que des travaux
ultérieurs aillent plus loin dans cette voie, en essayant
précisément de construire un indicateur composite de la
qualité de l'habitat qui tiendra compte d'un éventail assez large
d'attributs.
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