3.3. Calcul des effets marginaux
et élasticités
Les valeurs estimées des paramètres ne sont pas
directement interprétables. C'est ainsi qu'on s'intéresse
seulement à leurs signes : un signe positif (respectivement
négatif) indique qu'une augmentation de la variable explicative
considérée augmente (respectivement diminue) la
probabilité disposer d'un habitat de qualité. Toutefois, pour
mesurer et comparer les effets des variables explicatives sur la
probabilité de disposer de la qualité de l'habitat, nous avons
calculé les effets marginaux et les élasticités.
Tableau 33: Calcul des effets marginaux pour les
modèles de la qualité de l'habitat
Source : Calculé par l'auteur sur base le
l'enquête 123
Tableau 34: Calculs des élasticités pour
les modèles de la qualité de l'habitat
Source :
Calculé par l'auteur sur base de l'enquête 123
4.4. Statique comparative
La probabilité de disposer
d'un habitat de qualité est fonction des caractéristiques du
ménage et du chef de ménage. C'est ainsi que nous
présentons dans le tableau suivant une simulation de la
probabilité de disposer d'un habitat de qualité compte tenu de
la variation de certains déterminants, les autres restant égaux
par ailleurs.
Tableau 35: Probabilité de disposer de la
qualité de l'habitat
Source : calculé par l'auteur sur base de
l'enquête 123
4.5. Interprétation des
résultats
Le modèle estimé de la qualité de
l'habitat (modèle 3) identifie six variables pertinentes expliquant le
comportement des ménages de Kinshasa face à la qualité de
l'habitat. Il s'agit des variables niveau de vie, dépenses de logement,
niveau d'études du chef de ménage, localisation du ménage,
statut d'occupation et type d'habitat. Par ailleurs, seul le niveau
d'études du chef de ménage n'est pas significatif pour le
modèle de la qualité de la structure (modèle 1) alors que
le statut d'occupation ne l'est pas pour le modèle de la qualité
de l'infrastructure.
Être pauvre est significatif et a un effet
négatif dans les trois modèles. Ceci montre que la
pauvreté diminue la probabilité de satisfaire les indicateurs de
la qualité de la structure, de l'infrastructure et de l'habitat. En
outre, lorsque les pauvres augmentent d'une unité, la probabilité
de remplir les indicateurs de la qualité de la structure, de
l'infrastructure et de l'habitat diminuent respectivement de 4,81, 10,91, et
11,34 unités. Cette variation traduit l'intérêt qu'on doit
donner à la lutte contre la pauvreté.
La probabilité de remplir l'indicateur de la
qualité de l'habitat augmente avec la part de dépenses
consacrées au logement. Cette variable est hautement significative dans
les trois modèles mais elle influence plus la probabilité de
remplir l'indicateur de la qualité de la structure que la
probabilité de remplir les indicateurs de la qualité de l'habitat
et de l'infrastructure.
Le niveau d'instruction du chef de ménage, de signe
positif, est hautement significatif pour le modèle de la qualité
de l'infrastructure et de l'habitat, traduisant ainsi l'intérêt
que l'on doit accorder à l'éducation des chefs de ménage.
En effet, éduquer les chefs de ménage revient à leur faire
comprendre les avantages aussi bien sanitaires qu'environnementaux liés
à la qualité de l'habitat.
Le fait de résider dans un quartier non planifié
a un impact négatif respectivement au seuil de 10% et 1% sur la
qualité de la structure et sur la qualité de l'infrastructure. Ce
résultat s'explique par le fait que les quartiers non planifiés
ne bénéficient pas d'infrastructures adéquates et sont
construits par les ménages seuls qui, pour la plupart, sont pauvres.
Ceci est d'autant plus vrai qu'à partir du calcul de l'effet marginal,
on constate que la réduction d'une unité des quartiers non
planifiés augmente la probabilité de remplir les indicateurs de
la qualité de la structure, de l'infrastructure et de l'habitat
respectivement de 3,6, 21,74, et de 21,61 unités.
Le statut d'occupation est statistiquement significatif au
seuil de 10% pour le modèle de la qualité de la structure et au
seuil de 5% pour la qualité de l'habitat. Le fait d'être
propriétaire ou locataire augmente la probabilité de remplir les
indicateurs de la qualité de la structure et de l'habitat. Ceci est vrai
dans la mesure où les matériaux de constructions sont disponibles
et se vendent à bon marché. Par ailleurs, être
propriétaire augmente la probabilité de remplir l'indicateur de
la qualité de la structure de 1,38% alors que le fait d'être
locataire le fait varier de 5,45%. Comparativement à la qualité
de l'habitat, le fait d'être propriétaire augmente la
probabilité de disposer d'un habitat de qualité de 8,41% alors
que le fait d'être locataire le fait varier de 13,33%. Ceci s'explique
par le fait que beaucoup de propriétaires des logements disposent des
parcelles et construisent pendant qu'ils y habitent déjà. Le fait
de ne pas disposer d'assez d'argent pour construire du coup diminue tant soit
peu la qualité de la structure. Par contre, les ménages
locataires habitent dans des parcelles qui sont déjà construites
par des nantis.
La modalité Maison en bande a un signe positif et est
statistiquement significative au seuil de 10% pour la qualité de la
structure, 1% pour la qualité de l'infrastructure et de l'habitat. Elle
augmente la probabilité de remplir les indicateurs de la qualité
de la structure, de l'infrastructure et de l'habitat respectivement de 2,79%,
18,54% et 18,51%. Par contre, les modalités maison dans une concession
et studio ont des effets négatifs sur la probabilité de disposer
d'un habitat de qualité. En effet, la maison dans concession diminue la
probabilité de remplir l'indicateur de la qualité de la structure
de 3,01% alors que le studio diminue cette probabilité de 11,64%.
L'impact de la maison dans concession sur la qualité de l'infrastructure
et de l'habitat est qu'elle diminue ces probabilités de 6,86% et 6,95%
pendant que le studio les diminue de 16,11% et 17,02%.
Le degré de promiscuité dans les ménages,
bien que présentant un signe positif pour la qualité de la
structure et un signe négatif pour la qualité de l'infrastructure
et de l'habitat, ne semble pas être très significatif pour
expliquer les trois indicateurs de la qualité de l'habitat. De
même, le statut matrimonial du chef de
ménage n'est pas non plus significativement différent de
zéro.
Compte tenu de ces déterminants, la
probabilité (Pi) pour notre ménage de
référence de disposer d'un habitat de qualité étant
donnée son niveau de vie, les dépenses de logement, son niveau
d'études, la localisation de son logement, le nombre de personnes par
chambre à coucher, son statut d'occupation, son statut matrimonial, le
type d'habitat est de 0,9332 pour la qualité de la structure, 0,3329
pour la qualité de l'infrastructure et 0,3218 pour la qualité de
l'habitat. Cette probabilité renseigne que les ménages de
Kinshasa ont énormément de chance de remplir l'indicateur de la
qualité de la structure. Par contre, ils ont pratiquement peu de chance
de remplir les indicateurs de la qualité de l'infrastructure et de la
qualité de l'habitat.
Les simulations des probabilités montrent que
pour un ménage non pauvre, la probabilité de remplir les
indicateurs de la qualité de la structure, de l'infrastructure et de
l'habitat est respectivement de 0,9456, 0,3681 et 0,3584. Lorsque ce
ménage est pauvre, cette probabilité diminue de 0,481, 0,1091,
0,1134 unité respectivement pour la qualité de la structure, de
l'infrastructure et de l'habitat. La pauvreté réduit la
qualité de l'infrastructure et de l'habitat plus qu'elle le fait pour la
qualité de la structure. Un ménage non pauvre vivant dans un
quartier planifié a plus de chance de disposer d'un habitat de
qualité qu'un ménage pauvre vivant dans un quartier
planifié. En effet, l'écart de la probabilité est 0,351,
0,1225 et 0,1289 unité pour la qualité de la structure, de
l'infrastructure et de l'habitat. Parallèlement, les ménages
pauvres vivant dans un quartier non planifié ont moins de chance de
disposer de la qualité de l'habitat que les ménages pauvres
vivant dans un quartier planifié. L'impact du quartier non
planifié réduit cette probabilité de 0,519, 0,1987 et
0,1951 respectivement pour la qualité de la structure, de
l'infrastructure et de l'habitat.
Comparativement à la pauvreté, la planification
des quartiers influence fortement la qualité de l'habitat. Cet impact
est plus sensible dans la qualité de l'infrastructure et de l'habitat.
Statistiquement, ceci est même confirmé par la statistique z (en
valeur absolue) des quartiers non planifiés qui est supérieure
dans presque toutes les estimations.
Certes, la probabilité de disposer de la qualité
de l'habitat pour un ménage non pauvre vivant dans un quartier
planifié est plus faible que celle dont le chef, en plus d'être
non pauvre et de vivre dans un quartier planifié, a fait les
études universitaires ou postuniversitaires. Du reste, cette
probabilité diminue dès lors que le ménage est pauvre.
Qu'il s'agisse des maisons dans une concession ou des maisons
en bandes, les types d'habitation influencent différemment la
qualité de l'habitat. En effet, habiter dans une maison dans une
concession diminue la probabilité de disposer de la qualité de
l'habitat pour un ménage non pauvre vivant dans un quartier
planifié et dont le chef est universitaire alors que cette
probabilité augmente lors que le ménage habite dans une maison en
bandes. L'écart de probabilité entre un ménage de cette
caractéristique et le fait d'habiter dans une maison dans une concession
est respectivement de -0,38% ; -1,47% et -1,60% pour le qualité de
la structure, de l'infrastructure et de l'habitat. Comparativement au fait
d'habiter dans une maison en bandes, cet écart est de 1% ; 12,57%
et 12,91% respectivement pour la qualité de la structure, de
l'infrastructure et de l'habitat.
Notons enfin qu'un ménage pauvre vivant dans une maison
dans une concession localisée dans un quartier non planifié a
relativement peu de chance de disposer de la qualité de l'habitat. Ces
ménages disposent respectivement de 86,67% ; 19,10% et 17,83% de
chance de disposer de la qualité de la structure, de l'infrastructure et
de l'habitat. Comparativement aux ménages pauvres vivant dans un
quartier planifié, l'écart est de 6,31% ; 21,10% et 20,76%
respectivement pour la qualité de la structure, de l'infrastructure et
de l'habitat.
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