1.9. L'application d'un taux par IMF à leur
clientèle
Fournir des services financiers à des personnes
à revenus modestes coûte cher, particulièrement en
proportion des montants des transactions concernées. C'est d'ailleurs
l'une des principales raisons pour lesquelles les banques n'octroient pas de
petits prêts. Un prêt de 100 €, par exemple, exige pour son
traitement le même personnel et les mêmes ressources qu'un
prêt de 10.000 €, ce qui augmente considérablement le
coût par unité de transaction.
En micro finance, les agents de crédit doivent en effet
rendre visite au client à son domicile ou sur son lieu de travail,
évaluer sa solvabilité sur la base d'entretiens avec la famille,
le voisinage, et une fois le prêt accordé, effectuer un suivi
rapproché et fréquent par le biais de visites pour renforcer la
culture de remboursement. Les coûts de gestion d'une
multitude de petits prêts sont donc très importants, ce qui oblige
les institutions à appliquer un taux d'intérêt
généralement plus élevé que celui du secteur
bancaire.
L'expérience prouve aussi que les clients sont
prêts à payer des taux d'intérêt assez
élevés pour s 'assurer un accès permanent au
crédit. En effet généralement, le retour sur les
investissements réalisés grâce au capital obtenu peut
s'avérer bien supérieur au taux d'intérêt du
crédit. Ils reconnaissent aussi que les alternatives :
+ faire appel par exemple aux prêteurs sur gages, aux
usuriers du secteur financier informel
+ ou l'absence de toute source de crédit sont beaucoup
plus pénalisants pour eux. A titre d'exemple, les taux
d'intérêt dans le secteur informel peuvent atteindre 20 % par jour
pour certains vendeurs sur le marché.
1.10. La notion de l'Epargne chez les pauvres
Il convient de signaler que ce sont les pauvres qui
épargnent en permanence, même si cette épargne prend des
formes moins « courantes » que l'argent :
· Bijoux en or,
· Animaux domestiques,
· Matériaux de construction, etc.
Après tout, ils font face comme nous tous aux mêmes
évènements imprévus ou récurrents qui
nécessitent une somme d'argent urgente :
· Maladies,
· Frais de scolarité,
· Agrandissement de l'habitat,
· Enterrement, etc.
Certains de ces moyens d'épargne informels
posent cependant problème. Il est en effet
difficile de vendre par exemple un boeuf ou un
chèvre
lorsque le ménage a soudain besoin d'une
petite somme d'argent. Ainsi, si la femme a prêté
son épargne à un membre de sa famille afin de la mettre à
l'abri du vol (car la seule autre alternative est de la conserver sous son
matelas), cet argent ne sera pas forcément disponible au moment oü
elle en aura besoin. Les pauvres ont donc besoin d'une
épargne qui soit à la fois sûre et liquide.
Ils tiennent moins compte du taux de rémunération
de leur épargne, car ils ne sont pas habitués à placer
leur épargne dans des instruments financiers, mais accordent
en revanche une grande valeur aux mécanismes leur assurant une
épargne disponible en cas d'urgence ou d'opportunité
d'acquisition de biens.
Ces services d'épargne doivent être
adaptés pour répondre à la demande particulière des
pauvres et à leur cycle de trésorerie. Le plus souvent, les
pauvres ne souffrent pas seulement de la faiblesse de leurs revenus mais aussi
de leur irrégularité.
Ainsi, pour optimiser l'épargne des pauvres, les
institutions doivent proposer des dispositifs souples, à la fois en
terme de montants déposés et de fréquence des
dépôts et retraits. Pour les pauvres, le besoin
d'épargne est tout aussi important que le besoin de
crédit.
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