II.7. Organisation de la profession
Le paysage de la micro finance en R.D.Congo est
structuré au niveau professionnel par le Regroupement des Institutions
du système de Financement Décentralisé au Congo
(RIFIDEC), association professionnelle de micro finance
créé en septembre 2000. A celui-ci s'ajoute les deux centrales
des coopératives d'épargne et de crédit, l'UCCEC et la
CONACEC dont les adhérents sont membres du RIFIDEC. La vision du RIFIDEC
est de professionnaliser ses membres et défendre leurs
intérêts. Il compte en son sein 185 structures membres dont 86
COOPEC et 99 IMF réparties dans 8 provinces (Kinshasa, Bas-Congo,
Bandundu, Nord-Kivu, Sud-Kivu, Katanga, KasaïOriental et
Kasaï-Occidental).
Le RIFIDEC a pris une part active à
l'élaboration de la loi sur les coopératives et de l'instruction
relative aux institutions de micro finance. Il a également joué
un rôle particulier dans la séparation des programmes de micro
finance au sein des ONGD telle exigée par la Banque centrale du Congo et
propagée par le RIFIDEC.
Après l'évaluation de l'efficacité de ses
interventions, le RIFIDEC a mis en place une nouvelle stratégie
d'intervention, il s'agit de l'approche réseau. Dans ce cadre, le
RIFIDEC encourage les IMF à constituer des réseaux comme le font
les coopératives.
De cette impulsion, se sont créés les
réseaux ci-après : REBAMIF, R.D.C.- MICROFINANCE INDUSTRIE et LA
SOLIDARITE MICROFINANCE à Kinshasa, et d'autres en gestation en
provinces.
Les quelques stratégies apportées sur la
politique nationale de développement du secteur de micro finance sont
les suivantes :
· La tutelle du secteur de la micro finance a
été confiée au Ministère de l'Industrie, petite,
moyenne entreprise et artisanat (IPMEA) depuis 2004.
· Dans le cadre de l'année internationale du
micro crédit, un comité de pilotage comprenant les principaux
acteurs (Ministère de l'IPMEA, Banque Centrale du Congo, RIFIDEC,
Partenaires et bailleurs de fonds du secteur) a été mis en place
par un décret ministériel et il la pour mission d'élaborer
la politique nationale de la micro finance.
II.8. Les Principaux acteurs d'élaboration de la
politique nationale de la micro finance
> Institutions de Micro finance
> Banques
> Associations professionnelles, réseaux
> Bailleurs
> Opérateurs techniques
> Autorités de contrôle
> Organismes de formation
+ Institutions de Micro finance
Sont répertoriées des IMF situées à
Kinshasa.
· Coopérative d'épargne, de crédit et
d'investissement des petites et moyennes entreprises (CECI-PME)
· Caisse d'épargne et crédit kimbanguiste (
CECPKI)
· IMF HOPE RDC. Qui fournit des services financiers
durables et des formations ayant un impact positif sur les pauvres.
· Initiative pour le développement de
l'épargne et du crédit eyano (IDECE)
· COOPEC CAMEC MBANZA NGUNZU
· MEC BOSANGANI
· NORKA
· CEC/RFMC
· COOPEC KALUNDU
· SHALUPE
+ Pour les Ban ques
> Banque Internationale pour l'Afrique au Congo
(BIAC).
La BIAC vient de lancer le compte épargne EKONZO aux
conditions d'ouverture suivantes : pas de frais d'ouverture de compte, pas de
frais de tenue de compte, rémunération annuelle du solde
moyen.
> ProCreditBank
ProcreditBank il offre une gamme de services bancaires
complète, facilement accessible et bon marché. Elle soutient
notamment les très nombreuses petites et micro entreprises qui n'ont
aujourd'hui aucun accès au crédit ou à tout autre service
bancaire.
> Trust Merchant Bank (TMB)
La TMB, à travers sa cellule micro finance, offre depuis
février 2005 un service de micro crédit et de comptes
épargne à des groupes de caution solidaire, des individus
salariés et non salariés, aux micro et/ou petites entreprises.
+ Associations professionnelle et de
réseaux
v' RIFIDEC
v' UNION DES COOPERATIVES CENTRALES D'EPARGNE ET DE CREDIT
(UCCEC)
v' UNION CONFEDERATION NATIONALE DES COOPERATIVES D'EPARGNE ET DE
CREDIT (CONACEC)
+ Baileurs
Après un conflit qui avait provoqué le retrait
de l'aide internationale, les bailleurs de fonds sont revenus en R.D. Congo
dans une logique humanitaire et de reconstruction. Dans cette perspective, la
micro finance n'est qu'une partie de projets multisectoriels. Ceux-ci ciblent
un objectif bien précis et sont localisés sur des
temporalités et des zones géographiques spécifiques. De
même, dans le Document Stratégique pour la Réduction de la
Pauvreté (DSRP), la micro finance n'apparaît pas comme un secteur
à part entière.
Les projets des bailleurs n'offrent pas souvent la
possibilité d'une gestion rigoureuse qui puisse garantir la
pérennité des activités. Par exemple, les taux
d'intérêt appliqués ne reposent pas sur une logique de
couverture des charges de la structure de gestion et sont souvent
subventionnés. Si bien qu'en termes de taux de recouvrement, les
performances ne sont pas toujours proches des normes standard.
L'institutionnalisation et la pérennisation ne sont, pour le moment, pas
recherchées. Néanmoins, l'intérêt pour la micro
finance est croissant chez les bailleurs.
Parmi les différentes interventions, on peut recenser les
suivantes :
· Les proj ets << 4K >> et << 2B
>>, financés en partie par le PNUD, CORDAID et la F.A.O, ont
été exécutés par plusieurs opérateurs dont
le GRET et l'UNOPS. Ces projets apportent un soutien à des
coopératives et des institutions de micro finance (dont l'ADEKOR dans le
Kasaï Oriental, la CEDEKOC dans le Kasaï occidental et la FIDEV dans
le Katanga).
· La mise en place, par le GRET, d'un logiciel de
gestion pour les institutions de micro finance qui sera introduit auprès
des institutions des projets susmentionnés, après une phase
pilote en cours avec ADEKOR. L'élaboration de ce logiciel a
été financée par la FAO.
· USAID, après avoir soutenu le
développement d'une institution locale (ACCCO), finance maintenant l'ONG
internationale FINCA à travers le programme IGP ($1.2 million). L'USAID
a récemment accordé deux subventions pour des projets multi -
sectoriels à PACT et IRM.
· L'ACDI soutient, à travers la SOCODEVI, la
création et le développement de deux coopératives.
L'intervention de l'A.C.D.I. se traduit par un programme d'assistance
technique. Elle envisage l'ouverture d'une ligne de crédit pour ces
institutions. L'ACDI a également soutenu l'élaboration de la loi
sur les coopératives (à travers DID).
· La GTZ soutient depuis 2000 le développement du
RIFIDEC. Les financements portent sur l'assistance technique et la formation
des membres. Un prêt a servi à financer une ligne de crédit
réservée aux institutions du réseau. De 250.000 $US
prévus, 50.000 $US ont été empruntés aux
institutions. Le reste a été affecté à l'assistance
technique des institutions, suite notamment au respect de l'instruction n°
001 de la Banque Centrale du Congo. Le BIT et DFID ont également des
volets de micro finance dans le cadre de programmes plus larges de
réinsertion des combattants (DFID) ou d'aide aux personnes
handicapées (BIT).
· Le HCR travaille avec près 12 institutions de
micro finance membres du RIFIDEC (dont 8 à Kinshasa, et 4 à
Lubumbashi) dans le cadre du programme d'appui aux réfugiés
urbains par des micros prêts.
· Le PAM qui accorde un appui alimentaire aux
bénéficiaires des micros crédits dans les structures
dans le cadre de la protection des micros prêts.
> PNUD
Le PNUD intervient dans le secteur de la micro finance en RD
Congo à travers l'U.N.O.P.S. (United Nations Office of Project Service).
Cette institution accorde des financements (micro crédit) à la
population par l'intermédiaire des certaines coopératives
d'épargne et de crédit (COOPEC) et certaines institutions de
micro finance (IMF). Ces fonds sont gérés à travers le
Projet de Renforcement de Capacité Communautaire dans les provinces
de
Bandundu et du Bas- Congo (PROJET 2B). Une dizaine d'institutions
est concerné par ce programme.
L'évaluation positive de ce programme a permis sont
élargissement en incluant la ville de Kinshasa et sa transformation en 2
BK (Bandundu, Bas Congo et Kinshasa). Dans le cadre de la micro finance,
d'autres projets sont aussi gérés par le PNUD dans d'autres
provinces comme le Katanga, Kinshasa et les deux Kasaï (Projet 4K). Le
montant mis à la disposition des crédits ne dépasse pas
50.000 USD par institution (au taux de 20%/l'an).
> SOS FAIM / BELGIQUE ET LOUVAIN DEVELOPPEMENT /
BELGIQUE
Ces deux institutions belges interviennent dans les provinces
du Nord Kivu, Sud Kivu et Maniema en proie aux affres de la guerre depuis 1997
et aux méfaits du volcan Nyiragongo. Afin de subvenir aux besoins de la
population locale en ce qui concerne le crédit, ces organismes
subventionnent certaines IMF et ONG en leur accordant des fonds en portefeuille
de prêt. Pour mieux contrôler ces fonds, ils ont mis en place une
association professionnelle appelée : Groupe d'Action pour
la Micro finance (GAMF) qui regroupe une trentaine de structures.
Outre cette assistance, ces organisations belges assurent aussi la formation
des dirigeants et la vulgarisation de la législation en matière
de financement de proximité.
> USAID
L'USAID finance l'ONG FINCA (programme IGP) et a
également accordé deux subventions pour des projets
multisectoriels à PACT et IRM.
> ACDI (Agence canadienne de développement
international)
Sous la supervision directe de la
Société de Coop ération et de
Développement International (SOCODEVI) cette structure
canadienne intervient directement auprès de la population à
travers ses propres structures financières mutualistes (Mutuelles
d'Epargne et de Crédit). Depuis plus de deux ans, SOCODEVI
intervient dans trois provinces où elle a ouvert ses propres structures
financières spécialisées dans le financement des projets
aux femmes :
- Kinshasa : deux mutuelles (MUFESAKIN et BOMOKO)
- Bandundu : une mutuelle (MUCREFEKI),
- Equateur : une mutuelle (MUCREMBA)
Ces différentes mutuelles bénéficient non
seulement d'un appui technique mais aussi du renforcement de
capacité.
l'ACDI a initié le Projet de renforcement des services
financiers adaptés aux besoins des femmes de la RDC. Ce projet renforce
les capacités des institutions de micro finance afin qu'elles soient
plus aptes à offrir des services intermédiation financière
rentables et pérennes et adaptés aux besoins des femmes.
> GTZ
La GTZ soutient depuis 2000 le développement du RIFIDEC.
Les financements portent sur l'assistance technique et la formation des
membres. Une ligne de crédit a servi à financer une ligne de
crédit également réservée aux institutions du
réseau.
> FAO
La Fao exécute le projet Horticulture Urbaine et
Péri-urbaine (HUP) dont l'importance se trouve dans la
génération des revenus pour la frange pauvre des populations
urbaines, la création d'emploi dans un environnement où le
pourcentage de chômage est élevé.
> HCR
Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les
réfugiés collabore avec les IMF dans un programme d'appui aux
réfugiés urbains par le micro crédit. Contact :
+ Opérateurs techniques 1.
FINCA
FINCA est une ONG américaine qui soutient le
développement d'IMF locales. Financée par l'USAID, elle octroie
également directement des microcrédits, principalement à
des femmes.
A travers son programme village banking
Finca International intervient à travers ses propres
guichets. Des crédits de l'ordre de 80 USD pour le premier cycle sont
accordés au taux de 5% sur 16 semaines à des groupes d'au moins
30 personnes. FINCA RD Congo bénéficie de l'expérience et
de l'assistance technique et en gestion des structures mères et filiales
installées à travers le monde et en Afrique (Ouganda).
2. HOPE International
Comme FINCA International, HOPE a aussi ouvert ses propres
guichets à travers la ville de Kinshasa et en provinces. Sa
clientèle est en grande partie constituée des fidèles de
l'Eglise du Christ au Congo qui lui a offert son hospitalité. Dans son
intervention sur terrain, Hope RD Congo utilise les mêmes techniques de
travail que FINCA (prêts aux groupes).
3. WORLD RELIEF
WORLD RELIEF a mis sur pied un programme permettant à plus
de 1500 familles congolaises se trouvant à l'Est du pays, de
créer les activités génératrices de revenu
grâce aux microcrédits leur octroyaient.
4. TRIAS
TRIAS accompagne les IMF dans l'exercice de collecte de
l'épargne et d'octroi de petits crédits accordés entre
autres aux agriculteurs en vue de renforcer leur activité.
+ Autorités de
contrôle
|
Ministère de l'Industrie, Petites, Moyennes
Entreprises et Artisanat (IPMEA) Le Ministère de l'IPMEA est le
ministère qui supervise le secteur de la micro finance en R.D.Congo.
Banque Centrale du Congo (BCC)
|
|
+ Organismes de formation
Centre de Formation en Management et Développement
Organisationnel (CEFORMAD) agréé par CAPAF sur
les cours :
· Analyse financière des institutions de micro
finance
· Principes fondamentaux de la comptabilité des
institutions de micro
+ Les associations professionnelles
A l'heure actuelle, les praticiens de la micro finance sont
regroupés dans deux grandes associations professionnelles :
- Le Regroupement des Institutions du Système de
Financement Décentralisé au Congo (RIFIDEC), financé par
le GTZ, cette structure a ouvert ses bureaux de liaison à travers toute
la République,
- Le Groupe d'Action en Micro finance (GAMF), financé
par SOS/FAIM et Louvain Développement, il intervient dans les provinces
du Nord Kivu, Sud Kivu et du Maniema.
Ces deux associations professionnelles encadrent leurs membres
à travers la recherche des partenaires, la défense des
intérêts de ses membres, la formation et l'assistance en
gestion.
+ Les structures de réglementation et de
régulation du secteur de la micro finance
Sont inclus dans ce groupe, la Banque Centrale du Congo (BCC)
en tant qu'institution de réglementation et de régulation du
secteur et le Ministère de l'Industrie, Petite et Moyenne Entreprise
Artisanale (IPMEA). Entre autres missions assignées à ces
structures, nous pouvons citer :
- Assurer la stabilité du secteur financier,
- Superviser les établissements de crédit, les IMF
et les autres intermédiaires financiers,
- Mettre en place des politiques et stratégies
susceptibles de promouvoir, rationaliser et rentabiliser le secteur financier
en général et celui de la micro finance en particulier,
- Elaborer la réglementation en matière de
l'intermédiation financière.
De ce qui précède, et à travers notre
enquête, il a été dégagé trois grands groupes
en ce qui concerne les sources de financement des institutions de financement
décentralisé :
- ceux qui fonctionnent avec leurs fonds propres
issus du capital social ou des cotisations des actionnaires, ou
encore des produits de leurs activités. Difficile d'atteindre leur
autonomie financière, ces structures ne sont généralement
pas prospères et se caractérisent par :
· La modicité de leur portefeuille de prêt
ne leur permet pas de rentabiliser leurs activités et de ce fait
demeurent non pérenne.
· La mauvaise organisation administrative et
financière sont des causes de leur stagnation.
· Leur portefeuille total de prêt ne dépasse
pas 10.000 USD et
· sont généralement membres du RIFIDEC ou
GAMF qui luttent pour leur trouver une place auprès des partenaires
internationaux.
- Ceux qui ont dans leur portefeuille de
prêt des fonds issus des sociétés des nations unies
pour financer des secteurs précis,
généralement l'agriculture et l'élevage. Il s'agit
notamment des fonds provenant du HCR, CROIX ROUGE, UNICEF etc. Un portefeuille
égal ou supérieur à 50.000 USD, ces structures accusent un
grand portefeuille impayé qui s'explique par un mauvais ciblage des
bénéficiaires (prostituées, réfugiés,
enfants de la rue, etc.) et des méthodes de recouvrement non
contraignantes.
- Ceux qui travailent avec les fonds de la
coopération : dans le cadre de la lutte contre la
pauvreté dans les pays en développement, et sous certaines
conditions notamment la bonne gouvernance, ces structures reçoivent les
fonds de la coopération pour financer directement les activités
de micro finance à travers les structures dont ils ont eux-mêmes
créée . Elles se caractérisent par :
· Un portefeuille plus prospère égal ou
supérieur à 1 million de USD pour plus de 10.000 clients,
· Dans la plupart de cas, ces structures collectent
l'épargne comme garantie sur le crédit distribué,
· leur portefeuille de prêt accuse moins
d'impayés,
· une forte ouverture vers l'extérieur de qui ils
reçoivent l'essentiel des fonds distribués.
|