Pour Hyman (1980c) les inégalités qu'on observe
à l'égard de la réussite sont fortement reliées
à la classe sociale qui dicte à ses membres, d'une certaine
façon, le système de valeurs par rapport à l'école
et à la réussite. Sur la base de cette hypothèse forte,
Hyman (1980c) montre que plus le statut socioprofessionnel est bas, plus les
individus perçoivent l'instruction comme un moyen marginal dans la
réussite, réussite associée
chez ces personnes à la simple sécurité
matérielle et résultant de facteurs extraindividuels (chance,
hasard, et destin). En fait, de la classe moyenne (middle class) aux
classes inférieures, Hyman constate le passage d'une position
volontariste et rationaliste de la réussite à celle de
passivité et de fatalisme.
Sur la base des conclusions de l'étude de Hyman, des
auteurs, comme Chinoy (1967), se sont demandés si les systèmes de
valeurs des individus devaient être tenus pour des effets ou, au
contraire, comme des causes. Cette interrogation capitale s'est imposée
à Chinoy suite à sa célèbre étude sur les
ouvriers de l'industrie automobile. Dans cette étude, il était
apparu à cet auteur que les ouvriers, qui n'avaient aucune chance de
promotion dans l'entreprise ou en la quittant, gardaient le sentiment que la
réussite sociale leur était accessible. Cet espoir à
l'accessibilité de la réussite découlait de la
signification qu'ils donnaient à celle-ci. Pour ces ouvriers,
réussir c'est gagner quelques cents de plus, changer de voiture,
améliorer l'équipement domestique. On pourrait dire, pour
reprendre Chinoy, que les conditions objectives ont, en quelque sorte,
dicté leur lecture de la réussite qui équivaut à un
peu plus de confort et de sécurité monétaire. En fait,
Hyman pour asseoir sa démonstration s'est largement inspiré de la
notion de "groupe de référence" développée par
Merton (1986c). Pour cet auteur, les ambitions et les attitudes se construisent
à partir du milieu social d'appartenance des individus. Bourdieu et
Passeron abondent dans le même sens quand ils affirment : « De
tous les facteurs de différenciations, l 'origine sociale est sans doute
celui dont l 'influence s 'exerce le plus fortement sur le milieu
étudiant » (1964 : 22).
Cependant, parlant des inégalités qu'on observe
à l'égard des classes sociales, Bourdieu fait remarquer que
l'avantage des étudiants originaires des classes supérieures est
de plus en plus marqué à mesure que l'on s'éloigne des
domaines de la culture directement enseignée et totalement
contrôlée par l'école.
Ces schémas explicatifs, s'ils privilégient
certains aspects par rapport à d'autres, se recoupent pour admettre que
la mobilité est à faire. Les individus ont des chances
différentes de réussir. Pour réussir, la famille et
l'école jouent un rôle capital. La famille joue ce rôle par
sa position sociale, ses capitaux (social et économique) et sa
structure. Elle continuera à donner un appui important pendant la
formation, par la mobilisation
des ressources, mais aussi pendant la phase d'insertion par
la mobilisation d'autres types de ressources. En Guinée par exemple,
c'est le cas des formations complémentaires, des stages et des
réseaux relationnels.
En somme, l'étude de l'évolution de l'insertion
professionnelle dans un contexte de crise est marquée par la
présence de thèses aux présupposés antinomiques.
Dès lors, il s'avère indispensable de multiplier les
études en vue de mieux appréhender la complexification
grandissante de l'insertion des diplômés en milieu urbain et
d'arriver à une meilleure documentation des effets de la crise
économique et des changements structurels sur le marché de
l'emploi guinéen.
Modélisation de l'insertion des
diplômés
Entrée sur le marché de travail
Relations familiales ou amicales
Origine sociale
Entrée à l'Université
Formation de spécialisation Formations
complémentaires Stages
Emploi
Chômage temporaire ou précarité
Exclusion du marché de travail