7.5 L'ACCÈS AUX FORMATIONS
Sur la base des réponses de nos répondants sur
la façon dont ils accèdent aux formations complémentaires,
nous avons distingué trois modes : la mise à contribution du
réseau relationnel, le financement propre des répondants ou leurs
parents et les offres des Facultés (offres très rares).
S'agissant du premier mode, les répondants se servent
des réseaux de relations dont ils disposent auprès des amis, des
professeurs et surtout des parents pour accéder aux différentes
formations. En effet, les relations jouent un rôle considérable en
Guinée. Nous reviendrons en détail plus loin sur le poids des
relations dans le contexte guinéen. C'est pourquoi, c'est à
défaut de relations que les répondants ont recours aux deux
autres modes comme l'illustre l'extrait ci-dessous :
« J'ai fait 9 mois de formation en informatique.
C'était Windows, Word et Excel. C 'est mon père qui m 'a
envoyé là bas. La boîte (le lieu de l'apprentissage)
appartenait à ses amis et c 'est lui qui m 'a recommandé,
donc je n 'ai rien payé pour faire la formation. Je peux dire c 'est par
les relations des parents que j 'ai pu faire cette formation »
(FLE6).
Certains répondants affirment avoir fait usage non
seulement des relations qu'ils avaient avec leur professeur, mais aussi de
l'autorité administrative de leur parent afin d'accéder aux
formations dont ils avaient besoin. Le népotisme n'est donc pas exempt
de l'accès à ces formations dans de nombreux cas. Étant
donné que tous les diplômés ne sont pas dans les
mêmes conditions face à l'accès aux formations
complémentaires, c'est là qu'on saisit l'impact non seulement des
réseaux de relations mais aussi du statut économique de la
famille.
Dans le deuxième mode, les répondants
accèdent aux formations soit par un financement des parents, soit par
leur propre financement. Dans le premier cas, le financement intervient souvent
dès la fin des études, tandis que dans le second cas, les
répondants doivent attendre de trouver un travail
rémunéré pour pouvoir économiser de l'argent
afin
de financer ces formations ou bien se servir de leur
pécule (bourse d'entretien) économisé au cours du cursus
universitaire. Cela démontre que les diplômés tiennent
à ces formations mais aussi l'importance de la maîtrise de ces
dernières comme condition sine qua non pour décrocher un emploi
en Guinée.
Quant au troisième mode d'accès aux
différentes formations, il est récent au sein des
Facultés. Les répondants disent qu'à ce niveau ils ont
deux alternatives : la première est que les Facultés offrent
gratuitement les formations en informatique; la seconde qu'ils y
accèdent moyennant un paiement qu'ils trouvent abordable par rapport aux
formateurs privés comme le précise HSC37 : « j 'ai
payé par logiciel 30 000 FG, j 'ai fait Word, Excel et Access. J'ai fait
cette formation au centre informatique de l'Université ».
Cependant, il faut préciser que ces genres d'offres sont non
seulement rares dans les Facultés, mais aussi que le temps alloué
à la formation est souvent insuffisant pour permettre aux
étudiants d'en avoir la maîtrise pour être compétitif
sur le marché de l'emploi.
D'ailleurs, comme nous l'avons souligné plus haut, ces
formations en informatique ne dépassent guère les logiciels de
bureautique. En plus, il faut noter que même si les coûts des
formations offertes par les Facultés sont considérés comme
abordables par les répondants, ces derniers ne sont pas
harmonisés. En fait, au niveau de chaque Faculté, il y a un prix
différent pour les mêmes logiciels et les mêmes
formations.
En ce qui concerne l'accès aux formations en anglais,
comme dans le cas de l'informatique, les répondants, dans leur
majorité, estiment que le temps alloué à l'anglais par les
Facultés ne leur permet pas d'acquérir des compétences
nécessaires. Par conséquent, à la fin de leurs
études, ils se trouvent dans l'obligation de se tourner vers les centres
privés afin d'être compétitifs sur le marché de
l'emploi. Il faut rappeler ici que l'informatique et l'anglais sont
considérées par les répondants comme des outils essentiels
pour décrocher un emploi en Guinée. Il y a lieu de
préciser ici que les diplômés n'ont pas d'ordinateurs.
Ainsi, pour faire leurs formations, ils vont dans des centres privés.
Or, au regard des besoins croissants des formations, les propriétaires
allongent la durée de la formation qui, en principe ne devrait pas
dépasser un mois afin de se faire de l'argent. En réalité,
pour eux, plus la période de formation est longue, plus
ils se font de bénéfices. Sinon, il aurait fallu
par exemple à un diplômé de payer la documentation
nécessaire et faire l'autoformation en ce qui concerne les simples
logiciels (tels Word, Power point) pour répondre aux exigences du
marché de l'emploi guinéen.
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