2.3.2 LE CHÔMAGE
Depuis le début des recherches sur le chômage, la
définition du chômeur a présenté de grandes
difficultés. C'est que le chômage n'est pas seulement le
non-emploi ou le non-travail. Il fait intervenir les aptitudes d'un individu,
son statut, et aussi les institutions,
notamment administratives, de la société dont il
fait partie. On ne saurait donc s'étonner des approches successives et
diverses d'un concept dont dépendent toutes les analyses qui peuvent
être faites des populations de chômeurs et de la situation de
chômage.
Ainsi, définir ce qu'est un chômeur ne semble pas
a priori poser de problème; pourtant l'examen de la définition
officielle du Bureau International du Travail (BIT) montre qu'en
réalité cette notion n'est pas facile à
appréhender. En fait, plusieurs interprétations sont possibles,
ce qui explique la diversité des indicateurs nationaux et la
difficulté des comparaisons à l'échelle internationale.
D'une façon générale et formelle est
considéré comme chômeur l'individu qui, ne travaillant pas,
est capable de travailler et veut travailler.
Selon le dictionnaire de sociologie Le Robert/Seuil (1999 :
72), le chômage se définit d'abord comme une inactivité
forcée due au manque de travail, d'emploi; il est aussi un statut
reconnu et encadré par des règles qui le définissent et
des institutions de gestion et de soutien des chômeurs; enfin, il est un
vécu subjectif dans les trajectoires des individus privés
d'emploi.
D'après Eurostat (1982), le chômage peut
être défini comme l'ensemble des personnes âgées de
15 ans et plus, sans travail, disponibles pour commencer à travailler
dans les deux semaines et qui ont cherché, d'une manière active,
un emploi au cours des quatre semaines précédentes. Pour le BIT
(1991 : 13), un chômeur est une personne sans travail, disponible pour en
exercer un et à la recherche d'un emploi.
Dans l'Encyclopédia Universalis (1998 : 492), toujours
selon le BIT, un chômeur est un individu ayant
<<dépassé un âge spécifié>>, qui,
<<au cours d'une période de référence>>, est
<<sans travail>>, est <<disponible pour travailler dans un
emploi salarié>>, a <<pris des dispositions
spécifiques au cours d'une période récente
spécifiée pour chercher un emploi salarié ou non
salarié>>.
Dans une perspective sociologique, le chômeur est un
travailleur privé d'emploi, c'est-àdire un sujet qui est plus ou
moins poussé à trouver un emploi salarié par certaines
conditions sociales, et à qui il est plus ou moins
prohibé de trouver un emploi par d'autres conditions sociales
(Encyclopédia Universalis, 1998 : 499).
La recherche sociologique tente de déterminer ces
conditions qui rendent un individu plus ou moins <<employable>>.
Elle essaie de savoir si certains traits physiques, démographiques,
professionnels et psychologiques ne rendent pas certaines personnes moins
employables que les autres. S'il en est ainsi, le chômage est
sélectif. La question que l'on peut se poser c'est de savoir si le
chômage est-il sélectif? S'il est sélectif, quels sont les
facteurs de cette sélectivité?
Le fait même de la sélectivité, le
chômage a été l'objet de nombreuses controverses: les uns
contestant cette sélectivité et considérant que les
conditions économiques globales étaient seules
déterminantes, les autres affirmant à l'opposé que des
causes sociales particulières jouaient un rôle essentiel.
En effet, le chômage n'apparaît pas toujours
également sélectif. Très sélectif dans certaines
conjonctures, il l'est fort peu dans d'autres. D'une façon
générale, on peut dire qu'il est d'autant plus sélectif
que le niveau de l'emploi est élevé. En période de bas
niveau de l'emploi, il tend à toucher plus régulièrement
toutes les catégories d'actifs dans l'ordre démographique,
professionnel, géographique. Le chômage de
prospérité atteint certains groupes plus que d'autres. Le
chômage de crise frappe davantage au hasard: les conditions globales
l'emportent sur les causes démographiques (âge, sexe) ou
professionnelles (métier, branche, etc.).
Si l'explication du chômage est l'objet de
théories sophistiquées, elle continue parfois à prendre
une forme que l'on pourrait qualifier de << pré-économique
>> (en ce sens qu'elle se dispense de faire appel à une analyse
des déterminants économiques de l'offre et de la demande de
travail, ainsi que de leur ajustement). Le chômage est alors simplement
attribué à la difficulté qu'il y aurait à <<
créer des emplois >>. Et il est censé devoir être
d'autant plus important que la population active se développe plus vite
(d'Iribarne, 1990 : 13).
Selon la définition du bureau national du recensement
(BNR), le chômage : << sur le marché de l'emploi en
Guinée, concerne les jeunes diplômés hommes et femmes
âgés de plus de 23 ans, titulaires d'un diplôme
académique>> (BNR, 1996). Le BNR révélait surtout la
représentation communément partagée du chômage en
soulignant que les jeunes diplômés devaient être <<
à la recherche d'un premier emploi>>.
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