Chapitre II
SERIES CHRONOLOGIQUES
Section 1 : NOTIONS FONDA MEN TALES
On appelle séries chronologique, une suite d'observations
numériques, équidistantes et ordonnées dans le temps,
appelée aussi série temporelle ou encore chronique.
Si X désigne le phénomène
observé dans le temps, on note , la série
X1,X2,...,XN
chronologique associée.
Deux approches complémentaires permettent
d'étudier les séries temporelles, l'une est traditionnelle et l
'autre dynamique.
1.1 APPROCHE TRADITIONNELLE
:
Dans ce type d'approche, on fait l'hypothèse que la
série chronologique est produite par des causes déterministes
indépendants les unes des autres et un résidu que l'on
suppose aléatoire, on écrira : x t =
?t + å t avec ? (.) : est une
fonction déterministe du temps
å (.) : Le résidu considéré
comme une erreur d'observation.
La partie déterministe met en évidence deux
mouvements indépendants l'un de l'autre : le mouvement conjoncturel F
(.) et le mouvement saisonnier S (.)
- F (.) s'écrit comme la somme de la tendance à
moyen terme T (t) et du cycle C (t) (mouvement
périodique, à long terme extra-annuel).
- Le mouvement saisonnier représente les fluctuations
périodiques intraannuelles.
La donnée observée à la date t
ou donnée brute d'une série chronologique peut donc,
s'interpréter comme résultant de la superposition de mouvements
donnant lieu à deux modèles éventuels : additif ou
multiplicatif.
- Le modèle additif s'écrit sous la forme : Xt
= Tt + St+ åt Le modèle
multiplicatif s'écrit sous la forme : t = t ×
S t + å t
X T
T, S et : sont des causes indépendantes les unes des
autres.
On fait souvent l'hypothèse que est aléatoire de
loi gaussienne.
1.2 APPROCHE D YNAMIQUE :
En approche dynamique on fait l'hypothèse que la
série chronologique X1
,X2, . . ., X N
est une observation de longueur N d'un processus aléatoire
(stochastique) X ={x t ,t?T}
Dans ce qui suit, nous introduirons les notions essentielles que
présente les processus aléatoires.
Section 2 : PROCESSUS ALEATOIRES
2.1 DEFINITION D 'UN PROCESS US STOCHASTIQUE
:
On appelle processus stochastique toute famille de variables
aléatoires noté : X = {xt, t ? T},
définie sur un même espace probabilisé (?, F, P) et
à valeur dans E.
E est l'espace d'état du processus stochastique X
= {xt, t ? T}
Dans la suite de l'exposé ; E = ~ et T = ~ le processus
est alors réel en temps discret.
2.2 PROCESS US STA TIONNAIRE :
2.2.1 Stationnarité stricte
:
Un processus X = {x t
, t ? Z } est dit strictement
stationnaire si sa loi temporelle est invariante par translation dans le temps,
c'est-à-dire, si pour tout ensemble d'instants (t1,
t2,..., tk) la distribution de Coy
(x t ,x t -h) = ã(| h
|),t ? Z est la même que celle
de (Xt1 + h, ..., Xtk + h)
pour tout h? Z et k ?
Z.
2.2.2 Stationnarité faible
:
Le processus stochastique est stationnaire au second ordre si
et X={xt,t?Z}
seulement si, les moments d'ordre 2 (moyenne et variance)
existent et vérifient :
· E(x) =ì , ou p. est une
constante définie.
· E(x t )<+8
2
· Var(xt)=ó 2
· E (å t
) = ì,t ? Z. Tel que
ã est la fonction d'autocovariance. Remarques
:
- La stationnarité stricte implique la
stationnarité faible, si et seulement si E(x t 2 )<+8
- Un processus gaussien faiblement stationnaire est aussi
fortement stationnaire.
- On dira qu'une série chronologique est stationnaire si
elle est la réalisation d'un processus stationnaire, ceci implique que
la série ne comporte pas de tendance.
- Un exemple de processus stationnaire est le processus dit
<<bruit blanc>> (en anglais <<white noise>>)
å = {åt, t ? Z} vérifiant :
· E(å t )=ì, t?
Z
· Var(x t
)=ó,t? Z
2
Si E (å t) = 0, le bruit blanc est dit
centré et si les t sont indépendants, le bruit bc est
dit fort
lan(pur).
2.3 CARA CTERISTIQUE D 'UN PROCESS US STA
TIONNAIRE AU SECOND ORDRE :
2.3.1 Fonction d'autocovariance
:
Lã(h)est la fonction d'autocovariance définie sur
comme suit :
a fonction Z ã :
Z?Z
h ?
ã(h)=E{(xt-ì)(xt+h-ì)}
Cette fonction possède les propriétés
suivantes :
- |ã(h)|=|ã(0)|,h?
Z
- ã(h) =ã(0), h? Z
(propriétés de symétrie), de plus elle est paire,
définie positive.
2.3.2 Fonction d'autocorrélation
simple:
La fonction d'autocorrélation partielle ñ(h)
donne des informations sur la structure de dépendance du processus,
cette fonction est définit par :
ñ : [-1, +1]
Z?
()() hCovx t x t
h
,+
h hã
?=
(0)
ã ó
= ñ() 2
2.3.3 Fonction d'autocorrélation
partielle:
On appelle fonction d'autocorrélation partielle
noté PACF (Partial Autocorrélation Function), les
corrélations entre les différentes couples (xt, xt + 1),
une fois retirés les liens transitant par les variables
intermédiaires x t + h - i pour e
tout (0 < i < h) . Ell
est définit par :
- á1 Cor(t,t+)
= rxx1
-
)
áh=Corr(xt-PHxt,xt+h-PHx+
th
OH=SPAN{xs,t<s<t+h}
ù
|
est le sous-espace vectoriel engendré par
|
{Xt + 1,..., 1} PHx, désigne
Xt + h - et la projection de X sur H.
2.4 LES OPERA TEURS LINEAIRES
:
2.4.1 Les opérateurs de retard et d'avance
:
· On appelle opérateur de retard associé
à un processus {xt, t ? Z} l'opérateur
défini par : Lxt = xt - 1 qui est linéaire
c'est-à-dire :
L(axt + byt) = aLxt + bLyt
est inversible (son inverse est L-1)
· On appelle opérateur d'avance F associé
à un processus {xt, t ? Z} l'opérateur
défini par Fxt = xt -1
On a les propriétés suivantes :
1 - n xt=xt-nnttn
LI Fx=x+
n n
2 - ?= ? áx
() áLx
j tj
j t
jj==
1 1
|
I
-j
|
n n
? =?
()
áFxáx+
j t j
j t j
jj==
1 1
|
|
3 - L°xt = xt I
F°xt = xt
2.4.2 Les opérateurs de différences
:
On appelle opérateur de différence
saisonnièreVs l'opérateur définit comme suit :
Vs = (1-Ls)
On définit l'opérateur Vd = (1-L)
d (d? N) appliqué à Xt, qui a pour but de
rendre une série stationnaire.
2.5 MODELES DE PROCESS US ALEA TOIRES :
2.5.1 Processus autorégressif d'ordre p : AR (p)
On appelle processus autorégressif d'ordre p, un
processus stationnaire {xt, t ? Z} qui explique la valeur de
la variable a la période t comme la somme d'un terme aléatoire et
une combinaison linéaire des p observations antérieurs de la
chronique. Le modèle AR (p) s'écrit sous la forme :
xt=ö1xt-1+..+ö
p xt- p ,t?Z avec
Ö L = -öL - -öpL
où les ö1.. .öp sont des nombres réels et
åt est un bruit
p ( ) 11 ... p
blanc.
2.5.2 Processus moyenne mobile d'ordre q : MA
(q)
On appelle processus moyenne mobile d'ordre q, un processus
stationnaire {xt,t? Z} défini par :
xtt1t1...qtq,
= å
+èå-++èå-t? Z
avec
ÈL= + èL + + èqL
oil è1.. .è q sont des réels et
åt est un bruit blanc, åt est un
q() 1 1... q
bruit blanc.
2.5.3 Processus autorégressif moyenne
mobile d'ordre p, q : ARMA (p, q)
On appelle ARMA (p, q) toute combinaison d'un modèle AR
(p) et MA (q). Il S 'exprime sous la forme :
xtxt..pxtpt1t1...qt
=ö-++ö-+å+èå-++èå-q
11
? Öp(L)xt =
Èq(L) å oil les polynômes :
t
Ö L = -öL - -öpL et
()11... q
p ( ) 11... pÈqL=+
èL + + èqL sont respectivement
de degrés p et q ; ö1...öp et
è1...èq sont des nombres réels et
åt est un bruit blanc. Remarque :
· Un processus AR est touj ours inversible, il est
stationnaire si les racines de Ö p (L) sont à
l'extérieur du cercle unitaire. 11...0(1)0
-öL--öL= ? ?-ì j
L=
p j
p
Ces conditions de stationnarité se ramènent
à | ìj | > 1pourj = 1ap
Un, processus MA est toujours stationnaire, il est inversible si
les racines de Èq (L) sont à l'extérieur du cercle
unitaire.
11...0(1)0
+èL++èL = ?
?-ìjL=
q j
q
Ces conditions de stationnarité se ramènent
à | ìj | > 1pourj = 1 aq
· Les conditions de stationnarité et
d'innascibilité d'un ARMA sont données par les conditions de
stationnarité et d'inversibilité des processus MA et AR, ainsi
que par les conditions d'identifiabilité (ie ; pas de racines communes
pour les
polynômes Ö p (L)
etÈq(L).
· L'intérêt de l'étude de fonctions
d'autocorrélation (simple et partielle) estimée et de leurs
représentation sous forme graphique est de pouvoir associe à une
série observée un modèle théorique ARMA (p, q).
2.5.4 Processus moyenne mobile
intégrée : ARIMA (p, d, q)
Un processus non stationnaire {xt, t ? Z} est
dit de type ARIMA (p, d, q) s'il satisfait l'équation :
Ö q L - Lxt = ÈqLåt ,
t? Z,å t ~BB (0, ó2)
( )(1 )()
d
2.5.5 Processus autorégressif moyenne
mobile saisonnier : SARMA
Il est possible de tenir compte de la saisonnalité des
séries temporelles par le biais des processus SARMA, notés SARMA
(p, q) (P, Q) s définit comme suit :
ÖpLÖPLxt =
ÈqLÈQLåt
()()()() s s
Soit encore :
(1...)(11...)
-öL--öpL-ösL
--öpsLt
p s ps
1x
=-è--è-è--è
å t
(1...)(11...)
q s qs
1LqLsLqs L
où P est l'ordre du processus AR
saisonnier, Q l'ordre du processus MA saisonnier et s est la
période de la saisonnalité (s=12 pour des séries
mensuelles, s=4 pour des séries trimestrielles, ...).
2.5.6 Processus autorégressif moyenne
mobile intégré saisonnier : SARIMA
Il est possible de définir des processus ARIMA
saisonniers, notés SARIMA. Ainsi, un processus SARIMA (p, d, q) (P, D,
Q) s s'écrit :
ÖLÖL- L- Lxt =
ÈqLÈQLåt
()()(1 )(1)()()
s d s d s pP
Les lettres en minuscules (p, d, q) correspondent à la
partie non saisonnière et les lettres en majuscules (P, D, Q)
correspondent à la partie saisonnière.
L'exposant s correspond à la
saisonnalité. On notera que la série Xt est
différenciée d fois non saisonnièrement et D fois
saisonnièrement.
2.6 COMPOSANTES DES SERIES TEMPORELLES
:
Avant le traitement d'une série temporelle, il convient
d'en étudier ses caractéristiques (son espérance, sa
variance), si elle se trouve modifier dans le temps, la série est
considérée non stationnaire.
L'analyse des séries temporelles permet de distinguer
quatre types d'évolution dans le temps :
1- La tendance : note Tt
C'est un mouvement persistant dans un sens détermine
pendant un intervalle de temps assez long, il traduit l'allure globale du
phénomène qu'il soit à la baisse ou a la hausse. Ce
mouvement est fonction du temps.
2- La composante cyclique : noté
Ct
Cette composante décrit un mouvement a moyen terme
caractérise a la fois par la périodicité et par la
cyclicité, c'est-à-dire par la régularité de son
amplitude comportant une phase croissante et une décroissante. Dans la
plupart des travaux sur les séries temporelles, la tendance et le cycle
sont regroupes en une seule composante appelée l'
extra-saisonnalité Et.
3- La composante saisonnière : note
St
Composante cyclique relativement régulière de
période intra-annuelle et qui correspond souvent a des
phénomènes de mode, de coutume, de climat...
4- La composante résiduelle : note
Rt
Elle rassemble tout ce que les autres composantes n'ont pu
expliquer du phénomène observe. Elle contient donc de nombreuses
fluctuations, en particulier accidentelles, dont le caractère est
exceptionnel et imprévisible (catastrophe naturelles, grèves,
guerres...). Comme par hypothèse ce type d'événement est
censé être corrige, le résidu présente- en
général - une allure aléatoire plus ou moins stable autour
de sa moyenne.
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