II-3-2- Fonctionnalités et modularité
Les cinq domaines qui viennent d'être décrits,
assez généraux, se décomposent en sous-groupes qui
correspondent à peu près au découpage modulaire des
logiciels proposés:
~ La gestion financière a pour
objectif de maîtriser la situation financière de l'entreprise.
Elle gère les livres comptables, les comptes des clients et des
fournisseurs, les immobilisations. Elle permet également de consolider
les états financiers des diverses filiales.
~ Le contrôle de gestion permet
d'analyser à l'aide de tableaux de bords la rentabilité de
l'entreprise sous divers angles (par produits, par processus, par types
d'activité...).
~ La gestion de projet planifie et
contrôle les étapes d'un projet et la disponibilité des
ressources nécessaires à sa réalisation.
~ L'administration des ventes gère les
différentes activités commerciales envers les clients, dont les
supports de vente, la facturation, la gestion des expéditions.
~ La gestion des ressources humaines met
à disposition les outils permettant de gérer le personnel.
Au-delà de la gestion des salaires et des activités corollaires,
elle gère le recrutement, les absences et congés du personnel et,
surtout, de plus en plus, les compétences des personnes.
~ La gestion de la qualité assure
l'enregistrement et la traçabilité des informations relatives
à l'élaboration des produits.
~ La gestion de la production supporte
évidemment la planification et l'exécution de la production sur
les différents horizons comme nous avons pu le voir (PIC, PDP, CBN,
gestion d'atelier), et elle gère les données techniques
associées comme dans les progiciels de GPAO.
~ La gestion des achats gère le
processus d'achat auprès des fournisseurs avec notamment leur
évolution et le contrôle de la facturation.
~ La gestion des approvisionnements et des stocks
planifie les besoins en matières et composants achetés
en optimisant niveaux des stocks et des emplacements.
Ces diverses catégories se retrouvent dans les
différentes offres du marché. Elles constituent le noyau du
système d'information et servira aux différents acteurs de
l'entreprise. L'adaptation à l'entreprise de ces progiciels est
réalisée par un paramétrage important qui nécessite
un effort considérable de structuration de l'entreprise pour «
faire coller » son mode de fonctionnement aux possibilités du
progiciel.
II-3-3- Nature de l'intégration
La nature de l'intégration peut être plus ou
moins profonde, allant de l'interfaçage d'applications existantes,
à la base de données unique, servant à tous les
modules.
Différentes approches de l'intégration
L'interfaçage d'applications existantes est une connexion de type point
à point qui a engendré, par le passé, beaucoup de travail
pour les Sociétés de services informatiques (SSII) puisqu'il faut
N(N- 1)/2 interfaces pour connecter N modules. Il s'agit donc d'une approche
lourde, coûteuse et peu pérenne (en cas d'évolution des
logiciels). En revanche, elle présente l'avantage d'utiliser les
logiciels de chaque fonctionnalité.
Comme nous l'avons vu, les éditeurs d'ERP ont
opté pour le développement de gros logiciels couvrant l'ensemble
des fonctions permettant de gérer l'entreprise (figure 13. 1b). La
plupart du temps, ils sont partis d'un noyau dur relatif à une
application particulière (la production, la
finance...) et ont gonflé leur offre par
développement d'applications supplémentaires ou par
intégration d'applications existantes. On s'attend à ce que
l'unicité de l'information soit assurée par une base de
données unique, commune aux divers modules. Ce n'est pas toujours le cas
mais l'utilisateur ne le voit pas a priori.
Dans ce contexte, le rôle des SSII a
évolué vers le déploiement de l'ERP qui nécessite
une réorganisation en profondeur de l'entreprise, de ses données,
puis un paramétrage du progiciel devant s'adapter aux
spécificités de l'entreprise.
La SSII assurera en outre un certain nombre de
développements adaptés au fonctionnement spécifique de l'
entreprise.
Une troisième solution, séduisante mais encore
peu utilisée en pratique à ce jour, est constituée par les
EAI (Enterprise Application Integration) qui permettent d'interfacer les
diverses applications de gestion informatique de l'entreprise existantes
(figure 13. 1c).Cet interfaçage standard est constitué d'un
moteur d'intégration (Message Broker) qui permet aux applications de
communiquer entre elles grâce à une couche basse de transport de
données (Middleware).
Ces solutions cherchent à se positionner en tant que
solution de substitution aux ERP, mais aussi comme un complément. C'est
sans doute d'ailleurs en tant que complément que l'avenir des EAI est le
plus ouvert.
En effet, quel que soit l'ERP, il existera toujours dans un
coin ou dans un autre un logiciel traitant un point particulier du
métier de l'entreprise qui aura besoin de communiquer. Dans ce cas, se
reposera le problème de la connexion point à point des logiciels.
En ce qui concerne leur structure, les EAI les plus performants sont
organisés pour matérialiser, dans le système
d'information, les processus de l'entreprise.
Ainsi, on a représenté le processus de revue de
contrat existant dans le référentiel ISO 9000 de l'entreprise
matérialisé dans l'EAI. Bien que l'entreprise soit
équipée d'un ERP très sophistiqué, on constate
néanmoins qu'il reste un certain nombre de connexions nécessaires
entre des applications très différentes:
~ On doit récupérer les données
techniques et administratives de la commande directement du fournisseur.
~ Le calcul de devis étant très
spécifique, il a été développé en solution
locale sur un tableur.
~ La vérification de la capacité pour accepter
le délai nécessite un dialogue avec l'ERP.
~ L'acceptation doit être transmise au fournisseur.
~ Tout au long du processus, les différents acteurs
doivent être informés de l'avancement de la procédure et
parfois donner leur accord. Cela nécessite une connexion avec la
messagerie interne de l'entreprise.
Une application EAI performante doit être capable de
décrire les procédures de l'entreprise et de définir les
connexions nécessaires entre les différents systèmes. Elle
doit bien entendu fournir les outils capables de configurer toutes ces
connexions depuis ou vers les différents systèmes
hétérogènes.
L'intégration horizontale du système
d'information pousse à un échange d'information de plus en plus
important entre différentes entreprises. Si l'ERP monolithique s'est
plus ou moins imposé au sein d'une même entreprise, il semble
difficile d'envisager qu'un macro ERP permette en un seul produit de faire
fonctionner l'ensemble de la chaîne logistique. Dans ce contexte, l'EAI
s'impose comme étant une solution prometteuse. Capable de garantir les
échanges entre deux ERP, l'EAI est a fortiori capable d'assurer
l'échange d'information entre plusieurs applications recouvrant chacune
une fonction de l'ERP.
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