2. Négocier la
démocratie
Cette perspective résulte de la nécessité
de passer de la démocratie imposée par l'Occident dans le cadre
des politiques de conditionnalité pour en arriver à la
démocratie souhaitée et désirée par le peuple
congolais. Cette dernière perspective suggère ainsi que le fait
remarquer Hilary Rodman Clinton, qu'il faut civiliser la démocratie pour
« garantir l'autonomie de la société civile, des
associations et de la démocratie participative non seulement par
rapport à l'Etat, mais surtout vis-à-vis des marchés et
de leur prétention à occuper tous les espaces de nos
sociétés », éviter le danger que nous
courons : « que les « clients » prennent la
place du citoyen. »
Cela suppose que la RDC doit lutter pour obtenir que
désormais, en dépit des liens historiques avec l'Occident, que
les dirigeants congolais soient véritablement issus de la
volonté populaire et donc représentent réellement leurs
intérêts, et non imposés par l'Occident à travers
des élections de façade.
3. Négocier le
développement
Une fois la paix retrouvée et la démocratie
restaurée, il est possible de négocier le développement.
Dans cette perspective, il est question de promouvoir une coopération
bilatérale et multilatérale dans le respect mutuel des
intérêts respectifs.
Par ailleurs, nous savons à la suite de la dialectique
que les causes externes agissent par l'intermédiaire des causes
internes. Au clair, les puissances étrangères ont la main mise
sur le Congo parce que les congolais eux-mêmes leur prêtent le
flanc. C'est pourquoi, nous pensons que les négociations avec les
« maîtres du monde » ne peuvent avoir un sens et un
impact sur le devenir de notre nation que si au niveau national un consensus
est dégagé entre les forces sociopolitiques. Ce consensus devra
porter sur les modalités d'aménagement de l'espace politique, sur
la gouvernance de la chose publique, le respect des droits de l'homme ainsi que
sur certaines valeurs qui devront désormais guider toute action
politique. C'est autour de ces préoccupations que l'unité
nationale peut se constituer, qu'il est possible de rêver de former plus
tard un « front uni » ou un « bloc historique
nouveau » anti-impérialisme afin que le Congo devienne un
véritable Etat dans le concert des nations.
Conclusion partielle
A travers ce chapitre, notre effort était de
démonter que par son action politique, le Président Joseph Kabila
avait pris distance vis-à-vis de l'orientation
politico-idéologique de son défunt père et
prédécesseur. Son avènement au pouvoir, contrairement
à ce qu'avaient pensé les compagnons de M'zee L. D. Kabila,
sonné le glas de la révolution du 17 mai 1997. Le
démantèlement des « acquis » de la
révolution, notamment la suppression des CPP, des FAP, des BNPS, la
faillite de Réserve stratégique, des cantines populaires et de
Service national, a été le signe évident de cette fin
d'une révolution. Les ambitions personnelles du Président Joseph
Kabila, les contraintes de l'environnement interne et externe ont
été retenues comme variables explicatives de ce volte-face du
nouveau président de la RDC. Tenant compte des faiblesses actuelles
qu'accusent la RDC, nous avons pensé qu'il était intelligent de
négocier la paix, la démocratie et le développement avec
les « maîtres du monde », tout en nous
préparant à leur opposer une résistance dans le futur.
Ceci n'est possible que si au niveau national, les principales forces
sociopolitiques se liguent comme un seul homme pour défendre
l'intérêt de la nation. C'est à ce prix que le Congo
survivra comme une véritable Nation.
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