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De Laurent Désiré Kabila à Joseph Kabila. La désillusion d'un régime révolutionnaire en République Démocratique du Congo

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par Eder Kitapandi Luzau
Université de Kinshasa, RDC - Licence en Sociologie 2006
  

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Section 3 : Des perspectives : le dialogue avec les maîtres du monde

Le tableau comparatif que nous venons de dresser au sujet de style de gouvernance de deux leaders du régime révolutionnaire du 17 mai, à savoir L.D. Kabila et Joseph Kabila, reflète le mieux la délicate situation dans laquelle se trouvent les Etats sous développés dans le contexte de la mondialisation. Il s'agit du choix à faire entre l'indépendance qui requiert des sacrifices énormes et l'alignement sur les diktats des grandes puissances pour préserver les ordres établis. Cette situation a été brillamment décrite par Mabika Kalanda en ces termes : « L'homme noir en général et l'homme congolais en particulier sont à la croisée des chemins. Ils doivent choisir d'être eux-mêmes ou se fondre et disparaître dans les autres. Le choix doit porter sur la liberté ou sur l'esclavage.»42(*)

La liberté choisie par L.D. Kabila, dans une optique socialiste et dans le contexte de la mondialisation, a conduit au déchaînement de la colère de la communauté internationale ayant abouti à son assassinat. La refonte totale dans les autres choisie par Joseph Kabila nous conduit à l'aliénation incapacitant la RDC d'entreprendre toute action s'inscrivant dans la logique de l'indépendance.

Mais parce que personne ne peut choisir l'esclavage pour garantir sa survie et que la liberté reste la seule condition humaine acceptable, nous pensons que la RDC doit opter pour la liberté. Mais comment ?

Une fois de plus, Mabika kalanda nous propose ses recettes pour parvenir à cette liberté. En effet, pour être soi-même, mieux, libre, indique Mabika Kalanda, il faut :

Ø S'accepter comme une valeur ;

Ø S'attacher à son sol ;

Ø S'organiser politiquement et

Ø Créer soi-même ses moyens de penser et d'agir. Ces moyens sont entre autres la langue, la culture, le bien-être économique et moral. Pour parvenir à cet état de choses, il faut se désaliener sur les plans religieux, culturel et économique43(*), et nous ajoutons sur le plan politique.

Nous pensons que cette voie est la seule susceptible de conduire le Congo à s'autodéterminer. Mais la question qui se pose est celle de savoir si la RD.Congo dans la situation actuelle est en mesure de s'engager dans cette voie qui semble être à la fois audacieuse, sinueuse et périlleuse. Dans l'immédiat, une telle entreprise parait illusoire et dangereuse. Les cas de Lumumba et L.D. Kabila sont illustratifs. C'est une entreprise qui doit s'inscrire dans la durée, c'est-à-dire un projet qui doit être mûri et projeté à long terme. Car comme le stigmatisait Mudimbe Vumbi Yoka, « pour l'Afrique, échapper réellement à l'Occident suppose d'apprécier exactement ce qu'il en coûte de se détacher de lui ; cela suppose de savoir jusqu'où l'Occident, insidieusement peut-être, s'est approché de nous, cela suppose de savoir dans ce qui nous permet de penser contre l'Occident, ce qui est encore occidental, et de mesurer en quoi notre recours contre lui est encore peut-être une ruse qu'il nous oppose et au terme de laquelle il nous attend, immobile et ailleurs.»44(*)

Tenant compte de cette prudence que nous recommande Mudimbe V. Y. et en attendant de consolider l'entreprise d'émancipation nationale, une entreprise de longue haleine, nous pensons que entre le radicalisme et le l'alignement, il y a une voie médiane : la RDCongo doit négocier avec les maîtres du monde pour bâtir la paix, la démocratie et le développement.

1. Négocier la paix.

Le cycle de violence armée dans lequel se trouve enfermée la RDCongo depuis une décennie a comme fondement la convoitise des richesses congolaises par les puissances étrangères et les velléités hégémoniques de certains Etats de la région des Grands Lacs africains face à un Congo incapable de se défendre militairement et de s'organiser politiquement. En effet, selon Pierre Baracyetse, les maîtres de deux guerres au Congo sont les sociétés minières. Entre autres sociétés, il cite la Consolidated eurocan ventures du lundin group, Barrick gold corporation (BGC), aujourd'hui en deuxième position pour la production mondiale de l'or, l'Anglo american corporation (AAC) d'Afrique du sud, la plus importante compagnie minière du monde, abstraction faite des pétrolières. Il y en a aussi de « petites », moins connues mais qui osent en pleine crise : c'est le cas de l'American mineral fields Inc (AMFI) et de son associé l'American diamond buyes, et d'autres encore des Usa, du Canada, d'Afrique du sud, d'Ouganda, de Belgique, d'Israël, etc. »45(*) A côté de ces multinationales, Colette Braeckman cite Kenrow international of gaither burg des Usa, Littlerock Ltd, Tienfields Holdings Ltd, Collier ventures Ltd, Sapora Mining Ltd... qui se sont installées au Rwanda et exploitent et commercialisent le niobium, le tantale et le colombium provenant du Congo.46(*)

Face à la pression de ces multinationales et autres Etats puissants , La RDC ne peut opposer une politique de protectionnisme pour protéger ses richesses ou ses ressources naturelles comme l'a fait M'zee L.D Kabila. Une telle politique va continuer à alimenter les guerres. Pour restaurer la paix, la RDC doit créer un environnement qui puisse permettre l'exploitation de ces ressources à l'avantage aussi bien des congolais que des multinationales, la mondialisation oblige. Dans cette perspective, La RDC doit faire prévaloir l'idée qu'une bonne exploitation de ses ressources naturelles, c'est-à-dire qui soit profitable à tous ne peut se réaliser que dans un environnement pacifié susceptible de garantir et de sécuriser les investissements étrangers. En d'autres termes, c'est dans le cadre d'une paix durable que les investisseurs étrangers peuvent tirer profit de leurs fonds placés au Congo.

* 42 Mabika Kalanda, cité par H. Ntumba Lukunga, La remise en question. Profil d'une approche, sociological papers, n°3-4, Unikin, Mai-juin 2005, p.9

* 43 idem

* 44 Mudimbe V.Y., L'odeur du père. Essai sur les limites de la science et de la vie en Afrique noire, Présence africaine, Paris, 1982, pp. 12-13

* 45 P. Baracyetse, L'enjeu géopolitique des transnationales minières au Congo. Un dossier de VZW S.O.S Rwanda-Burundi Asbl, Buzet, 1999,p.9

* 46 C. Braeckman cité par Kibanda Matungila, La convoitise des multinationales minières et pétrolières occidentales sur les ressources naturelles du Congo comme véritable enjeu de la guerre en RDC, symposium internationale de Kinshasa, 2000,p.12

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