Section2 : Joseph
KABILA ou la remise en question de LD KABILA
Les changements profonds annoncés par le nouveau
président de la République Joseph Kabila lors de son investiture,
et ce dans tous les secteurs, même s'ils n'ont pas introduit des
mutations profondes dans les champ politique, diplomatique et économique
congolais, ils ont néanmoins marqué un moment de
discontinuité, de rupture avec les rêves
d'autodétermination que caressait LD Kabila. Ses actions dans les
différents secteurs de la vie nationale montrent bien ce changement de
perspective.
1. De l'arrêt de guerre
au processus de désengagement et de retrait des troupes.
Contre l'option de la guerre longue et populaire chère
à M'zee LD Kabila, Joseph Kabila engage la RDC dans les
négociations avec les pays agresseurs afin d'obtenir le retrait de leurs
armées sur le territoire congolais.
Puisque le processus de paix est arrangé par l'accord
de Lusaka, c'est donc à la réactivation de celui - ci que Joseph
Kabila s'est attelé. Tout a commencé par le sommet
régional de Lusaka du 15 février 2001, premier sommet du genre
auquel Joseph Kabila a participé. La rencontre au sommet a
été préparée par les ministres de la défense
des six pays belligérants et les délégués des
mouvements rebelles qui, après deux jours de travail, accordent leurs
violons sur le désengagement. Un plan et un calendrier précis qui
mèneraient à l'achèvement du retrait total et en bon ordre
des toutes les troupes étrangères se trouvant en RDC ont
été adoptés.
Le 15 mars 2001, date du début du désengagement
sur 15 kilomètres, comme objectif final : retrait total des troupes
étrangères au 15 mai 2001. Entre temps (29 mars 2001) la MONUC
avait déployé son premier contingent dans l'est, en territoire
rebelle, et le 4 avril 2001 en zone gouvernementale conformément au
voeux exprimé par le président Joseph Kabila dans son discours
d'investiture. A ce sujet, il avait fait savoir qu'il réitérait
« l'engagement de la RDC de collaborer étroitement avec la
mission d'observation des nations unies au Congo de manière à lui
permettre de remplir avec efficacité son mandat, notamment en ce qui
concerne le déploiement urgent de ses forces sur le territoire congolais
en vue de ramener la paix ».
C'est dans cette lancée que le 30 juillet 2002 le
président Joseph Kabila et le président rwandais Paul Kagame
signent un accord bilatéral à Pretoria (Afrique du Sud) assorti
d'un calendrier de 90 jours prévoyant le désarmement et le
démantèlement des ex-Forces armées rwandaises (Far) et des
miliciens interhahamwe rwandais qui opèrent au Congo depuis 1994. Le
président Joseph Kabila s'est également engagé à
désarmer ces rebelles rwandais, utilisés par l'armée
gouvernementale depuis 1998, en vue de leur rapatriement. En échange, le
président rwandais Paul Kagame s'engage à retirer ses
troupes du Congo. La supervision de cet Accord de Pretoria est
confiée à un «mécanisme de vérification de la
Tierce partie» composé de représentants de la Monuc et du
gouvernement sud-africain. Au final, 23 400 soldats rwandais quitteront le
Congo. Pour autant, le démantèlement des forces de l'ancien
régime rwandais présentes en RDC n'était toujours pas
achevé en juillet 2006.
Le 6 septembre 2002 le président Joseph Kabila
et le président ougandais Yoweri Kaguta Museveni signent à
Luanda un accord bilatéral qui programme le retrait des troupes
ougandaises du Nord-Est, la création d'une Commission de pacification de
l'Ituri et la mise en place d'une administration intérimaire en Ituri.
Il était aussi convenu qu'après le départ des troupes
ougandaises, une force de police congolaise devait assurer la
sécurité en Ituri. L'Accord autorisait l'Ouganda à
maintenir un contingent dans les montagnes du Rwenzori. Pendant ce temps le MLC
de Jean-Pierre Bemba tentait d'occuper les territoires abandonnés par
les Ougandais en jouant la carte du Rassemblement congolais pour la
démocratie-National, le RCD-N de Roger Lumbala qui se disputait en
vain, mais au prix d'exactions sanglantes, la ville de Beni avec Rassemblement
congolais pour la démocratie-Mouvement de libération (RCD-ML, une
autre scission du RCD-Goma) de Mbusa Nyamwisi.
Pour le gouvernement de Kinshasa, l'application harmonieuse
des Accords de Pretoria et de Luanda en ce qui concerne spécialement le
retrait des troupes rwandaises et ougandaises aura une incidence certaine sur
la conclusion d'un accord global et inclusif dans le cadre du processus
politique interne pour la réconciliation nationale et la
réunification du territoire de la RDC en vue de l'organisation rapide
des élections libres, démocratiques et transparentes à
tous les niveaux.
A la suite de ces deux accords, et sans attendre leur mise
en exécution par les deux pays agresseurs, le gouvernement congolais,
sous la direction du président Joseph Kabila, avait demandé
à ses alliés de retirer leurs troupes du territoire congolais.
C'est ainsi que le 5 septembre 2001 le gouvernement namibien avait
retiré ses troupes du Congo, il sera suivi par le gouvernement
zimbabwéen et plus tard par le gouvernement angolais. Et pour montrer
« sa bonne foi », le gouvernement de Kinshasa avec l'aide
de la Monuc avait rapatrié à Kigali 64 rebelles rwandais,
cantonnés à Kamina dans le cadre du DDRRR volontaire : cela
a porté à 677 les personnes rapatriées depuis le
début du processus le 30 septembre 2002, parmi lesquelles 375
ex-combattants et 302 personnes dépendantes. Il a fallu attendre une
année plus tard, c'est-à-dire le 17 septembre 2002 pour
que le Rwanda annonce le début du retrait de ses troupes de la RDC. La
fin de cette opération de retrait de troupes rwandaises a
été confirmée par la Monuc le 5 octobre de la même
année.
S'il vrai que le retrait officiel de toutes ces troupes
armées du territoire congolais a contribué à la
réduction du nombre des foyers de tensions (zones
opérationnelles), il n'a pas permis la pacification totale du pays.
Hormis le Burundi et les alliés du Gouvernement de Kinshasa qui ont
effectivement retiré leurs troupes du Congo, le Rwanda et l'Ouganda ont
continué à maintenir leur présence militaire sur le sol
congolais soit en intervenant directement, soit à travers les groupes
armés congolais acquis à leur cause. C'est le cas notamment de
Mai-Mai et de Kunda Batware (avec le soutien occulte du Rwanda) dans les deux
Kivu et des plusieurs bandes armées opérant dans l'Ituri
(instrumentalisés par l'Ouganda). L'incapacité du gouvernement de
Joseph Kabila à mater ces insurgés et l'option politique
(négociation) qu'il a privilégiée pour résorber
cette crise de l'Est conduisent certains analystes à conclure à
la complicité du pouvoir dans l'enlisement de la belligérance.
|