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De Laurent Désiré Kabila à Joseph Kabila. La désillusion d'un régime révolutionnaire en République Démocratique du Congo

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par Eder Kitapandi Luzau
Université de Kinshasa, RDC - Licence en Sociologie 2006
  

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Section2 : Joseph KABILA ou la remise en question de LD KABILA

Les changements profonds annoncés par le nouveau président de la République Joseph Kabila lors de son investiture, et ce dans tous les secteurs, même s'ils n'ont pas introduit des mutations profondes dans les champ politique, diplomatique et économique congolais, ils ont néanmoins marqué un moment de discontinuité, de rupture avec les rêves d'autodétermination que caressait LD Kabila. Ses actions dans les différents secteurs de la vie nationale montrent bien ce changement de perspective.

1. De l'arrêt de guerre au processus de désengagement et de retrait des troupes.

Contre l'option de la guerre longue et populaire chère à M'zee LD Kabila, Joseph Kabila engage la RDC dans les négociations avec les pays agresseurs afin d'obtenir le retrait de leurs armées sur le territoire congolais.

Puisque le processus de paix est arrangé par l'accord de Lusaka, c'est donc à la réactivation de celui - ci que Joseph Kabila s'est attelé. Tout a commencé par le sommet régional de Lusaka du 15 février 2001, premier sommet du genre auquel Joseph Kabila a participé. La rencontre au sommet a été préparée par les ministres de la défense des six pays belligérants et les délégués des mouvements rebelles qui, après deux jours de travail, accordent leurs violons sur le désengagement. Un plan et un calendrier précis qui mèneraient à l'achèvement du retrait total et en bon ordre des toutes les troupes étrangères se trouvant en RDC ont été adoptés.

Le 15 mars 2001, date du début du désengagement sur 15 kilomètres, comme objectif final : retrait total des troupes étrangères au 15 mai 2001. Entre temps (29 mars 2001) la MONUC avait déployé son premier contingent dans l'est, en territoire rebelle, et le 4 avril 2001 en zone gouvernementale conformément au voeux exprimé par le président Joseph Kabila dans son discours d'investiture. A ce sujet, il avait fait savoir qu'il réitérait « l'engagement de la RDC de collaborer étroitement avec la mission d'observation des nations unies au Congo de manière à lui permettre de remplir avec efficacité son mandat, notamment en ce qui concerne le déploiement urgent de ses forces sur le territoire congolais en vue de ramener la paix ».

C'est dans cette lancée que le 30 juillet 2002 le président Joseph Kabila et le président rwandais Paul Kagame signent un accord bilatéral à Pretoria (Afrique du Sud) assorti d'un calendrier de 90 jours prévoyant le désarmement et le démantèlement des ex-Forces armées rwandaises (Far) et des miliciens interhahamwe rwandais qui opèrent au Congo depuis 1994. Le président Joseph Kabila s'est également engagé à désarmer ces rebelles rwandais, utilisés par l'armée gouvernementale depuis 1998, en vue de leur rapatriement. En échange, le président rwandais Paul Kagame s'engage à retirer ses troupes du Congo. La supervision de cet  Accord de Pretoria est confiée à un «mécanisme de vérification de la Tierce partie» composé de représentants de la Monuc et du gouvernement sud-africain. Au final, 23 400 soldats rwandais quitteront le Congo. Pour autant, le démantèlement des forces de l'ancien régime rwandais présentes en RDC n'était toujours pas achevé en juillet 2006.

Le 6 septembre 2002  le président Joseph Kabila et le président ougandais Yoweri Kaguta Museveni signent à Luanda un accord bilatéral qui programme le retrait des troupes ougandaises du Nord-Est, la création d'une Commission de pacification de l'Ituri et la mise en place d'une administration intérimaire en Ituri. Il était aussi convenu qu'après le départ des troupes ougandaises, une force de police congolaise devait assurer la sécurité en Ituri. L'Accord autorisait l'Ouganda à maintenir un contingent dans les montagnes du Rwenzori. Pendant ce temps le MLC de Jean-Pierre Bemba tentait d'occuper les territoires abandonnés par les Ougandais en jouant la carte du Rassemblement congolais pour la démocratie-National, le RCD-N de Roger Lumbala qui se disputait en vain, mais au prix d'exactions sanglantes, la ville de Beni avec Rassemblement congolais pour la démocratie-Mouvement de libération (RCD-ML, une autre scission du RCD-Goma) de Mbusa Nyamwisi.

Pour le gouvernement de Kinshasa, l'application harmonieuse des Accords de Pretoria et de Luanda en ce qui concerne spécialement le retrait des troupes rwandaises et ougandaises aura une incidence certaine sur la conclusion d'un accord global et inclusif dans le cadre du processus politique interne pour la réconciliation nationale et la réunification du territoire de la RDC en vue de l'organisation rapide des élections libres, démocratiques et transparentes à tous les niveaux.

A la suite de ces deux accords, et sans attendre leur mise en exécution par les deux pays agresseurs, le gouvernement congolais, sous la direction du président Joseph Kabila, avait demandé à ses alliés de retirer leurs troupes du territoire congolais. C'est ainsi que le 5 septembre 2001  le gouvernement namibien avait retiré ses troupes du Congo, il sera suivi par le gouvernement zimbabwéen et plus tard par le gouvernement angolais. Et pour montrer « sa bonne foi », le gouvernement de Kinshasa avec l'aide de la Monuc avait rapatrié à Kigali 64 rebelles rwandais, cantonnés à Kamina dans le cadre du DDRRR volontaire : cela a porté à 677 les personnes rapatriées depuis le début du processus le 30 septembre 2002, parmi lesquelles 375 ex-combattants et 302 personnes dépendantes. Il a fallu attendre une année plus tard, c'est-à-dire le 17 septembre 2002  pour que le Rwanda annonce le début du retrait de ses troupes de la RDC. La fin de cette opération de retrait de troupes rwandaises a été confirmée par la Monuc le 5 octobre de la même année.

S'il vrai que le retrait officiel de toutes ces troupes armées du territoire congolais a contribué à la réduction du nombre des foyers de tensions (zones opérationnelles), il n'a pas permis la pacification totale du pays. Hormis le Burundi et les alliés du Gouvernement de Kinshasa qui ont effectivement retiré leurs troupes du Congo, le Rwanda et l'Ouganda ont continué à maintenir leur présence militaire sur le sol congolais soit en intervenant directement, soit à travers les groupes armés congolais acquis à leur cause. C'est le cas notamment de Mai-Mai et de Kunda Batware (avec le soutien occulte du Rwanda) dans les deux Kivu et des plusieurs bandes armées opérant dans l'Ituri (instrumentalisés par l'Ouganda). L'incapacité du gouvernement de Joseph Kabila à mater ces insurgés et l'option politique (négociation) qu'il a privilégiée pour résorber cette crise de l'Est conduisent certains analystes à conclure à la complicité du pouvoir dans l'enlisement de la belligérance.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand