De Laurent Désiré Kabila à Joseph Kabila. La désillusion d'un régime révolutionnaire en République Démocratique du Congo( Télécharger le fichier original )par Eder Kitapandi Luzau Université de Kinshasa, RDC - Licence en Sociologie 2006 |
2. Les trois défis de l'heureJoseph Kabila accède au pouvoir et hérite de son prédécesseur (son défunt père) d'une situation aussi difficile que complexe. Le Congo traverse une grave crise multiforme subséquente à une accumulation des effets pervers provoqués par une gestion inconséquente et prédatrice du pays. Dans son diagnostic de la situation, Joseph Kabila a stigmatisé trois défis auxquels il devait s'attaquer illico pour sortir le Congo de la crise. 1°. Le défi de l'instauration de la paix et de la consolidation de la « communion nationale ».
Joseph Kabila entendait ainsi, en premier lieu, instaurer la paix et consolider la « communion nationale » (unité nationale sous entendu) eu égard à une nation déchirée par plus de deux ans de guerre d'agression inacceptable. En effet, au moment où Joseph Kabila accède au pouvoir, la RDC se trouve en proie à une guerre (d'agression selon les uns, de libération selon les autres) qui a embrasé toute la partie orientale du pays. Les provinces du nord et du sud Kivu, du Maniema, la province orientale et certaines parties des provinces de deux Kasai, du Katanga et de l'Equateur étaient sous le contrôle des rébellions qui bénéficiaient officiellement du soutien militaire du Rwanda, du Burundi et de l'Ouganda. Cette guerre déclenchée le 02 août 1998 suite aux dissensions intervenues au sein de l'AFDL (mouvement politico-militaire qui a porté LD Kabila au pouvoir) et à la rupture de la coopération militaire avec ses anciens alliés militaires (Rwanda, Ouganda et Burundi) produit quatre rébellions39(*) et menaçait le pays de partition. Et le Gouvernement de la République n'a pu faire face à cette guerre que grâce à l'intervention militaire de ses alliés l'Angola, la Namibie, le Tchad et le Zimbabwe dont les armées ont fait échec la tentative de prise de Kinshasa (27, 28,29 août 1998) par les rebelles et leurs alliés ruandais, ougandais et burundais. L'implication de toutes ces armées dans la guerre congolaise conduit certains analystes à la qualifier de la première guerre mondiale africaine. Si les voisins orientaux de la RDC, c'est-à-dire le Rwanda, l'Ouganda et le Burundi faisaient prévaloir les motifs sécuritaires pour justifier la présence de leurs armées sur le territoire congolais, les insurgés congolais reprochaient au Gouvernement de Kinshasa ses « dérives dictatoriales ». Face à la rupture de la paix et à la violation de l'intégrité du territoire national induites par cette guerre, le nouveau chef de l'Etat a proposé une thérapeutique en tenant compte de la double dimension de la crise. Ainsi, sur le plan extérieur ou régional, il a requis le retrait immédiat et sans condition des Etats agresseurs, en l'occurrence, le Rwanda, le Burundi et l'Ouganda. Il a invité par ailleurs ces voisins du Congo à revenir aux meilleurs sentiments de bon voisinage, de règlement pacifique des différends, de coopération fructueuse et de l'unité pour assurer le progrès de l'Afrique centrale. Joseph Kabila avait également résolu de consulter les alliés du Gouvernement de Kinshasa pour examiner les voies et moyens pour relancer l'Accord de Lusaka afin qu'il puisse, non seulement arriver à un cessez-le-feu effectif, mais aussi, ramener la paix dans la région des Grands Lacs, en prenant en considération toutes les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies tout en veillant à préserver les attributs fondamentaux de la République à savoir l'indépendance, la souveraineté, l'intégrité territoriale et l'unité du pays. Sur le plan interne, Joseph Kabila s'est engagé à consolider la « communion nationale » en normalisant la vie démocratique mise en mal par son prédécesseur. Concrètement sur le plan politique, KABILA joseph comptait donner un coup d'accélérateur aux négociations politiques qui semblaient être bloquées du règne de son prédécesseur. Cependant, les problèmes politiques d'importance majeur, avait- il noté devraient trouver leurs solutions dans le cadre du dialogue inter congolais. Aussi, a-t-il promis d'oeuvrer au renforcement de l'Etat de droit, de promouvoir la bonne gouvernance et la démocratie par l'organisation des élections libres et transparentes sur toute l'étendue de la République Démocratique du Congo. Sur le plan des droits de l'homme, Joseph Kabila s'est engagé à garantir les droits de l'homme et la justice afin que toute congolaise, tout congolais tout étranger accueilli sur le sol congolais jouisse, dans le respect de la loi, de la liberté, de l'égalité, de la dignité, de la protection de sa personne et de ses biens. Au niveau juridique et judiciaire, le nouveau chef de l'Etat prenait l'engagement de voir les organes et services de l'Etat à oeuvrer dans le respect de lois, afin que la sécurité juridique et judiciaire devienne une réalité, avec comme conséquence la sécurité des biens et des personnes sur toute l'étendue du territoire congolais. Dans le même ordre, la reforme de la justice militaire devrait être minée à terme et la compétence de la cour d'ordre militaire limité aux seuls infractions relatives aux codes et règlements de la justice militaire. Pour y parvenir, il déclarera qu'il se rendra partout où l'on parlera de paix. Ce qu'il fit en rendant successivement aux Usa, en France puis en Belgique. Dès le 15 février 2001, il prendra part au sommet de Lusaka sur le processus de paix en RDC... 2°. Le défi de la reconstruction nationale La guerre d'agression a eu des conséquences néfastes sur l'économie nationale, déjà en ruine sous la deuxième République. Ce qui a non seulement détruit toute l'infrastructure économique nationale mais aussi et surtout accru la misère du peuple congolais. Pour sortir de cette situation Joseph Kabila entendait mobilier toute les forces vives de la nation dans la production, à fin d'améliorer, par le travail, les conditions de vie des ses concitoyens et de pourvoir à une éducation et à des soins médicaux qualitatifs et accessibles à tous. L'économie congolaise étant caractérisée par une baisse des affaires, et dans le but de créer des richesses et combattre aussi la pauvreté, joseph Kabila avait opté pour la libéralisation des activités économiques. Concrètement, Joseph Kabila a décidé de : libéraliser les marchés des biens et services, du diamant et du change ; d'autoriser la libre circulation concomitante des devises étrangères et du Franc Congolais et de promulguer un nouveau code minier et celui des investissements. En outre, tout promettant de ménager un cadre de concertation et de dialogue avec les opérateurs économiques en vue d'assainir l'environnement économique, Joseph Kabila a sollicité l'appui de la communauté financière internationale à l'effet de mobiliser les ressources humaines, techniques et financières utiles à l'accélération du programme de reconstruction nationale. * 39 Le RCD/ Goma occupait le nord et le sud Kivu, le Maniema, une partie du Katanga, de deux Kasaï et de la province orientale. Le RCD/KML occupait une partie du Nord Kivu, le RDC/N occupait une partie de la Province orientale et le MLC occupait une partie de l'Equateur. |
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