De Laurent Désiré Kabila à Joseph Kabila. La désillusion d'un régime révolutionnaire en République Démocratique du Congo( Télécharger le fichier original )par Eder Kitapandi Luzau Université de Kinshasa, RDC - Licence en Sociologie 2006 |
CHAPITRE III :JOSEPH KABILA ET LA FIN DE LA REVOLUTIONDU 17 MAIIntroduction L'avènement au pouvoir du Général-Major Joseph Kabila à la suite de l'assassinat du feu président LD Kabila, avait laissé penser aux ténors de la révolution du 17 mai qui avaient planifié cette succession aux allures monarchiques, à la continuité dans le changement. En effet, la remise du pouvoir à Joseph Kabila par les compagnons de LD Kabila, s'il faut s'en tenir aux déclarations officielles, était perçue comme une capacité autorégulatrice du régime après la disparition inopinée de son concepteur à l'effet de préserver les acquis de la « révolution du 17 mai 1997 ». Mais, force est de constater que de sa prise du pouvoir jusqu'à l'installation des institutions de la transition postdialogue (30 juin 2003), Joseph Kabila, sous la pression des événements et de la communauté internationale, a mené des actions marquant sa prise de distance vis -à--vis de l'orientation idéologico-politique de son prédécesseur. Sa gestion du processus de paix, de l'économie et de la diplomatie démontre bien cette rupture. Dans ce chapitre, nous rassemblons différents faits qui marquent cette rupture, mieux la fin de la révolution du 17 mai. C'est pourquoi, dans la première section, nous esquissons les défis auxquels Joseph Kabila devait relever au moment de son accession à la magistrature suprême. Dans le deuxième point, nous démontrons comment Joseph Kabila, de par sa gestion desdits défis, avait remis en question la politique de son prédécesseur. Et dans la troisième section, nous dégageons les perspectives pour une paix et un développement durables en RDC. Section 1. : J. KABILA et les défis de l'heure
1. Une succession non codifiéLe 16 janvier 2001, le Congo se prépare à célébrer (le lendemain) le 40e anniversaire de l'assassinat de P.E. Lumumba. Le président LD Kabila est dans son bureau du palais de Marbre à Kinshasa. Un homme tire à coups de revolver sur le président. Mort ou mourant, celui-ci est transporté par hélicoptère à la clinique Ngaliema. La nuit, un avion le conduit au Zimbabwe. Le 18 janvier à 20 heures le ministre de la communication et presse revient à la charge pour enfin annoncer la mort du Président de la République LD. Kabila. Le 17, le gouvernement se réunit. Il diffuse un communiqué annonçant que le chef de l'Etat, sorti blessé d'un attentat, a été transféré à l'extérieur du pays, et qu'il a pris la décision de confier la direction de l'action gouvernementale et le haut commandement militaire au général major Joseph Kabila. Quand la mort du chef de l'Etat aura été reconnue, c'est le parlement qui, en l'absence de toute disposition constitutionnelle concernant la succession, sera charge de l'investiture du nouveau président Joseph Kabila. Réuni en session extraordinaire, il adopte le 24 cette résolution : « Monsieur Joseph Kabila, général - major des forces armées congolaise, est investi des pouvoirs constitutionnels dévolus au président de la République, chef de l'Etat. » Et le 26 Joseph Kabila prête serment devant la cour suprême de justice. Comme il l'avait fait le 29 mai 1997, lors de la prestation de serment de LD. Kabila, le procureur général de la République invoque, pour justifier la procédure suivie, une ordonnance du 14 mai 1886 (ordonnance qui impose aux cours et tribunaux de recourir notamment aux principes généraux du droit et aux coutumes, pour résoudre une contestation en l'absence d'un texte). La cour a entendu le procureur général de la République Luhonge Kibinda Ngoy qui a établi dans ses réquisitions qu'aucune cause d'empêchement ne faisait obstacle à l'investiture de Joseph Kabila. Celui-ci, en effet, n'a « aucun antécédent juridique », est « sain de corps et d'esprit », et (point plus crucial, une rumeur persistante attribuant à Joseph Kabila une mère tutsi Rwandais) est de père et de mère congolais : « attendu, renchérit à ce propos le procureur, que l'examen par l'organe de la loi du dossier personnel de M. Joseph Kabila général major, révèle que ce dernier est congolais d'origine de père et de mère, qu'il est né le 04 juin 1971 à Hewa-Bora II (dans le maquis de son père, donc !), collectivité de Lulenge en territoire de Fizi, province du Sud Kivu, République Démocratique du Congo, qu'il est originaire de la localité Ankoro, chef-lieu de la collectivité de Kamalondo en territoire de Manono, district de Tanganyika, province du Katanga, en RDC ; que sa mère, maman Sifa Mahanya, qui est en vie est fille de Assumani Bwanu et de Habamuyali, tous deux originaires du village Mupapayi, collectivité de Babangubangu Baombo, en territoire de Kabambare, province du Maniema en RDC »38(*) Cette déclaration confirme officiellement la succession intervenue au sommet de l'Etat. Joseph Kabila, qui est ainsi investi de tous les pouvoirs, accède à la magistrature suprême, en dehors d'un quelconque texte constitutionnel, par la seule volonté d'un groupe d'individu, membres du proche entourage de M'Zée LD. Kabila. Lors de cette cérémonie d'investiture, Joseph Kabila avait prononcé son premier discours en tant que nouveau chef de l'Etat au cours duquel il avait épinglé trois défis auxquels le Congo était confronté et qu'il devait, avec le soutien de toutes les forces socio-politiques, relever dans les prochains jours. * 38 LePotentiel du 29 janvier 2001 |
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