ii. Contexte scolaire
En octobre 1980, je fis mes premiers pas dans le
système éducatif à l'école centre de Zorgho, mon
village d'origine. Comme l'objectif poursuivi par tout écolier à
ce stade, j'y faisais la fierté de mes parents car ils étaient
honorés à chaque fin d'année scolaire en raison des prix
d'excellence que je recevais.
Cette excellence avait même retenu l'attention de mes
enseignants. Ceux-ci m'encourageaient et m'ont présenté à
l'examen du certificat d'études primaires élémentaire
(CEPE) lorsque j'arrivai en classe de cours moyen 1ère
année(CM1), donc avant la classe requise, c'est à dire la
2ème année ou CM2; c'était en juin 1985,
faisant ainsi l'économie d'une année scolaire.
Mon succès à l'examen d'entrée en
sixième en juillet 1986, n'avait fait l'objet d'aucune surprise. Je
devais alors poursuivre mes études secondaires à Ouagadougou
puisqu'il n'existait pas en son temps, un établissement d'enseignement
secondaire dans la localité. Cependant, à la faveur de
l'avènement de la révolution d'août 1983 et de son
programme de développement du système éducatif, l'offre
éducative du secondaire fut fortement décentralisée et
Zorgho devait bénéficier d'un collège d'enseignement
général(CEG.) C'est alors que je fis partie de la
première promotion des élèves de cet établissement.
En quatre années d'études, le parcours se déroula sous de
bons auspices, sanctionné l'obtention du brevet de fin d'études
du premier cycle(BEPC) et du succès au concours d'entrée en
seconde en juin 1990.
L'admission au concours d'entrée en seconde m'ouvrait
les portes du second cycle de l'enseignement secondaire général.
Je fus orienté au lycée Nelson MANDELA, alors en processus de
mixage puisque cet établissement était jusque-là
destiné aux jeunes filles. Je devais alors quitter mes parents et mon
village pour vivre à Ouagadougou. Pour moi c'était une joie de
retrouver la ville, mais pour mes parents, avertis, c'était une source
d'inquiétudes.
En octobre 1990, j'entamai les cours de la classe de seconde
tout en étant hébergé chez mon oncle à une dizaine
de kilomètres de l'établissement. Mon père m'offrit alors
un vélo pour faciliter mes déplacements au lycée. Ce
vélo sera d'ailleurs dérobé à deux mois de l'examen
de baccalauréat. Ce qui a rendu difficiles mes conditions de
préparation de l'examen.
Toutefois, en juillet 1994, je réussis au
baccalauréat série D(mathématiques et sciences exactes).
Je fus par la suite orienté au département de géographie
à l'Université de Ouagadougou en lieu et place de celui de la
médecine comme je l'aurai souhaité. Les insuffisances de moyennes
dans les matières de biologie et de sciences physiques requises pour
faire la médecine ne m'ont pas favorisé. Ceci me conduisit
à rechercher d'autres issues pour réaliser mon objectif :
m'investir dans le domaine sanitaire. Je dus recourir au concours de
recrutement des agents de santé, paramédicaux, à former
à l'école nationale de santé publique (ENSP.) Cette
décision avait été aussi motivée par le contexte
socioéconomique d'alors. En raison des programmes d'ajustement
structurel préconisés par les institutions de Breton Woods,
l'emploi était devenu précaire dans les pays du sud comme le
mien. L'accès à la fonction publique était devenu le
leitmotiv de tout jeune sorti ou non du système éducatif peu
importe le niveau. C'est ainsi que je me suis présenté au
concours de recrutement des Sages Femmes / Maïeuticien d'Etat en janvier
1995.Concours que je réussis en cours d'année académique
(février 1995.) J'abandonnai les études universitaires pour
entamer la formation professionnelle à l'ENSP.
Mon choix s'était opéré quand j'avais eu
connaissance de l'existence du corps "des hommes sages femmes." C'était
un tremplin pour réaliser mon voeu d'enfance: contribuer à
amenuiser le risque de morbidité et ou de mortalité de la
mère et de l'enfant.
Le stage pratique dans les maternités de la ville de
Ouagadougou allait constituer la première occasion de découverte
de cette profession d'accoucheur. Un homme qui accouche des femmes !
J'avoue que ce n'était pas évident au départ. D'abord pour
être accepté par les femmes, ensuite pour résister aux
moqueries et autres curiosités de l'entourage. Toute personne qui
apprenait ce que je faisais comme profession m'assaillait de questions aussi
bien curieuses que perverses, du genre: « N'as-tu pas perdu
l'instinct sexuel ?» Heureusement, des modules nous étaient
dispensés afin de nous prémunir de l'effet que pouvaient avoir
les comportements de notre entourage sur nous; c'était entre
autres : la psychosociologie, la communication, la déontologie, la
méthodologie de travail, etc. C'est à la suite de cette formation
professionnelle sanctionnée par un diplôme d'Etat que je fus
affecté au district sanitaire de Toma pour l'exercice de ma
profession.
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