Les enjeux de la formation DEDA sur mes pratiques professionnelles d'acteur du système de santé au Burkina Fasopar Alain KABORE Université de Ouagadougou - Licence 2005 |
IntroductionL'université de Ouagadougou, depuis sa refondation en 2000 a apporté des innovations majeures dans ses offres de formation. Sont de ces innovations importantes la création des filières professionnalisantes. Le projet Développement et Education des Adultes (DEDA), logé à l'unité de formation et de recherche en sciences humaines(UFR/SH) offre deux filières qui adhèrent entièrement à cette philosophie. Il s'agit d'un programme de licence en développement et éducation des adultes (DEDA) et un autre de maîtrise en pédagogie du texte (PDT.) Le programme de licence a reçu sa deuxième cohorte d'étudiants pour une formation qui s'est étalée de novembre 2003 en février 2005. Au cours de cette formation, les modules afférents au développement, à l'éducation et la formation ont été administrés par d'éminents enseignants et des personnes ressources venant aussi bien des institutions universitaires ou professionnelles du Nord que du Sud. Le présent travail de fin d'études est produit en guise de couronnement de mon parcours dans cette formation pour la consolidation de mes acquis sociaux et professionnels. Il s'articule autour de trois parties toutes complémentaires les unes aux autres. Il s'agit de : - la phase anté-DEDA qui décrit, à partir de ma biographie, mon parcours familial, social, scolaire et professionnel. Cette phase met en exergue les moments charnières de ma vie qui ont stimulé ou suscité un besoin de formation. - une phase intra-DEDA qui donne une présentation synoptique des acquis que je me suis forgé au cour de la formation. - la phase post-DEDA, enfin, qui peint la nouvelle personnalité au sortir de la formation DEDA d'une part, et d'autre part, elle dessine l'avenir ou le devenir du nouvel acteur de développement que je suis. Les motivations d'un tel travail de fin d'études sont toutes simples : en apprentissage des adultes, le bénéficiaire est au centre de sa transformation, les formateurs ne font que l'accompagner. Il lui est donné alors de s'auto-évaluer et de pouvoir dire en quoi et comment la formation a été bénéfique. Le travail de fin d'études s'inscrit dans cette logique. PREMIERE PARTIE phase ante - DEDAIl n'est pas facile d'écrire sur soi ou de parler de soi. Toutefois, l'histoire de vie en formation revêt trois caractéristiques essentielles selon Pierre DOMINICE1(*). Ces caractéristiques sont l'investissement personnel, le lien social et les enjeux existentiels. Aussi, le besoin de se former s'identifie-t-il à partir de l'évaluation de son expérience professionnelle et sociale. Le récit biographique peut constituer un outil efficace dans cette évaluation, compte tenu de son utilité avérée en recherche formation. Mon parcours de formation que je vais présenter ici, corrobore les trois éléments de l'histoire de vie, et met ainsi en évidence le contexte social et familial, le parcours scolaire et la configuration professionnelle dans laquelle j'évolue. 1.1. Parcours de formationi. Contexte social et familialNé le 08 septembre 1973 à Daloa en République de Côte d'Ivoire où mes parents avaient émigré, les conditions de ma naissance ne me posaient pas un pronostic vital favorable. En effet, avec un faible poids de naissance, une mère maladive, rares sont ceux qui auraient penser à mon éventuelle survie. Mais, j'avais vu le jour dans un pays où la configuration sanitaire était meilleure par rapport à celle de mon pays d'origine. Aussi, se trouve - t-il que ma venue au monde était un événement dans la famille : j'étais le premier petit-fils de mon grand-père qui n'avait eu que trois(3) garçons comme héritiers, dans un contexte où "les enfants sont un capital, une caisse d'assurance vieillesse et un signe extérieur de richesse sociale2(*)." Il fallait donc que je survive, chose à laquelle ma grand-mère s'est attelée, sa profession de matrone aidant. Retournés au pays un an après ma naissance, pour assister mes grands-parents vieillissants, mes parents prirent soin de moi à tel point que ma petite enfance se passa sans incident notoire et sous le regard bienveillant de mon grand-père. A la faveur de l'adolescence passée auprès de mes parents, je ne manquais pas d'avoir très souvent des échanges avec ces derniers, en l'occurrence avec ma mère. Echanges souvent subtils, parfois belliqueux, ce qui amenait ma mère à me relater et / ou à me rappeler les conditions difficiles de ma naissance. C'est d'elle d'ailleurs que je tire la substance de toutes les informations que je relate ici. Elle ne se lassait de me rappeler ma chance d'être né dans une grande ville comme Daloa avec des infrastructures sanitaires sophistiquées et d'avoir eu une grand-mère matrone, celle chez qui d'ailleurs vivaient mes parents. Pour ma mère, n'eut été le courage et le dévouement de ma grand-mère, ma chance de survie était très réduite. Au fur et à mesure que ces scènes se répétaient, j'imaginais le gré de la souffrance que ma mère a pu endurée. Je me sentais inviter à réagir, mais comment ? Aussi, je me rendais compte qu'au-delà de ma mère, d'autres femmes souffraient également et voyaient leur progéniture vivre les mêmes difficultés de naissance que moi.
Ainsi, face ce désir de réagir pour aider les femmes et les enfants en souffrance, je souhaitais poursuivre des études dans le domaine de la santé. C'était à mon sens une opportunité pour contribuer à la prise en charge de la santé de la femme et de l'enfant. * 1 Cité par BOURGEOIS, Etienne, (1996), l'adulte en formation, regards pluriels, collection perspective en éducation, De Boeck Université de Paris, Bruxelles. * 2 KI-ZERBO Joseph, (1992),le développement clés en tête, in la natte des autres, pour un développement endogène en Afrique, Editions CODESRIA/CRDE, Dakar, P10 |
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