Réflexion sur l'inobservation de la loi pénale congolaise durant le processus électoral( Télécharger le fichier original )par Danny Mbaya Kazadi Université Protestante au congo - Licence 2007 |
Section 3 : Le second tour des élections Présidentielles1. Contexte et enjeux politiqueMalgré le succès des précédentes phases du processus électoral, à la veille du second tour des élections présidentielles, la question de l'acceptation pacifique des résultats par le camp perdant et de celle de la sécurité dans certaines parties du pays étaient au centre de toutes les attentions. La fracture entre les électorats de l'ouest et de l'est du pays, respectivement favorables à l'un et l'autre, fut l'une des révélations majeures du premier tour des élections présidentielles. A l'approche du second tour, l'un ou l'autre formèrent leurs propres alliances et, dans ce contexte, c'est l'ampleur du report des voix de leurs nouveaux partenaires qui constitua l'un des principaux enjeux de ce second scrutin5(*). Cette dernière ligne droite du processus électoral fut cette fois marquée par une série d'incidents, au premier lieu desquels les heurts survenus le week-end du 20 août à Kinshasa, devant la résidence d'un des candidats au second tour, entre sa garde rapprochée et la garde de son challenger. Faisant suite à l'annonce des résultats partiels par l'abbé la CEI, ces violences qui se soldèrent par le triste bilan d'une trentaine de morts, mirent crûment en évidence la fragilité du processus électoral et posèrent avec acuité la question de l'acceptation des résultats par les différentes parties en lice dans la course à la magistrature suprême. La communauté internationale réagit à ce problème par voie militaire et diplomatique. C'est ainsi que les jours précédents le scrutin, l'on vit, sous pression internationale, les deux candidats signer trois textes importants en faveur d'un déroulement serein du scrutin et de la période post électoral. Le communiqué conjoint portant l'acceptation des résultats, l'appel conjoint au « calme, à l'ordre et à la sérénité » pour le jour du scrutin, et enfin la Déclaration d'intentions post-électorales des deux candidats rappelant les droits et devoirs constitutionnels des vainqueurs et vaincus du second tour. Les nouveaux incidents survenus le 11 novembre entre les gardes des deux candidats remirent cependant en cause la portée de tels engagements.
Photo 1. Eléments de la garde rapprochée du candidat Bemba Photo 2. Un soldat tué lors des dits affrontements Photo 1. Eléments de la garde rapprochée du candidat Bemba Photo 2. Un soldat tué lors des dits affrontements 2. La campagne électoraleDe faible intensité, c'est toute fois dans un climat tendu et délétère que s'est déroulée la campagne électorale du second tour des élections présidentielles. Injures réciproques et intolérance, les partisans des deux candidats se sont illustrés par leur incapacité à mener campagne de manière responsable et constructive6(*). Loin de l'engouement et de l'ampleur des moyens déployés lors de la campagne du premier tour des élections présidentielles, celle du second tour, plus courte, fut de faible intensité. Un moindre affichage, quelques rallyes, de rares meeting et deux candidats à la magistrature suprême qui, retranchés à Kinshasa ont brillé par leur absence, ne s'adressant aux électeurs congolais que dans les toutes dernières heures de la campagne. Concentrée malheureusement sur la personnalité des deux candidats, cette campagne fut tristement marquée par certaines tentatives d'intimidation, d'échange systématique d'injures et de discours démagogiques, diffamatoires et haineux. Pas de message politique constructif susceptible d'initier le débat de société que l'élection du premier président de la troisième République congolaise aurait pourtant méritée. La question de la congolité et des présumés origines rwandaises du président sortant fut constamment soulevée par les partisans de l'un tandis que ceux de l'autre soulignèrent en permanence la présumée brutalité du Vice-président et de ses partisans, leur faisant systématiquement porter la responsabilité de tous les troubles ayant émaillés la campagne. Tous ces faits apparaissent à nos yeux comme des actes répréhensibles, donc des infractions que, l'organe de la loi, quoique témoin oculaire, n'a pas pu mettre en mouvement l'action pénale qui a pour but de poursuivre et de faire réprimer les auteurs présumés des dits actes ou faits devant les juridictions compétentes. * 5 Rapport de la mission d'observation Eurac-CDCE , janvier 2007, p.23 * 6 Rapport de la mission d'observation électorale conjointe Eurac-CDCE, janvier 2007, p.5 |
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