L'émergence d ela notion de sécurité humaine dans la protection internationale des droits de l'homme( Télécharger le fichier original )par Sabine Nicole Jiekak Mougoué Université Catholique D'afrique Centrale, Yaoundé, Cameroun - Master en droits de l'homme et action humanitaire 2005 |
Les conséquences envisageablesL'une des conséquences possible de la sécurité humaine est la reforme des institutions internationales chargés de la protection des droits de l'homme. On l'a vu plus haut avec les interventions d'humanité du Conseil de sécurité des Nations Unies. Le secrétaire général de l'ONU a dans cette optique proposé à l'Assemblée générale en mars 2005 une proposition de réforme de l'organisation avec la sécurité humaine comme principe fondamental de la réforme. Projet particulièrement ambitieux, son objectif étant de transformer l'organisation internationale pour améliorer son fonctionnement, renforcer sa légitimité et l'adapter au contexte international actuel. Le point le plus important étant la proposition d'élargissement du Conseil de sécurité par l'intégration de pays ayant joué un rôle international majeur comme l'Allemagne, le Japon et la Brésil. Il a proposé ensuite la réforme de la Commission des droits de l'homme et l'adoption d'une définition internationale du terrorisme « pour restaurer la confiance des opinions publiques envers l'organisation internationale »169(*). Cette réforme a suscité des débats immenses et inextricables pour aboutir à ce que beaucoup d'observateurs craignaient : les jeux de puissance ont paralysé le projet ambitieux de Kofi Annan. L'autre conséquence est le renforcement du pouvoir des Etats. La sécurité humaine veut protéger les individus tout en maintenant la suprématie politique de l'Etat. La plupart des initiatives ou des solutions politiques suggérées exigent le lien de renforcement du rôle et des ressources de l'Etat170(*). En outre, il faut admettre « qu'en ce moment, la principale méthode pour assurer la sécurité des populations dans le cas des violations et des pénuries graves semble encore être de renforcer l'état de droit plutôt que de l'affaiblir au profit d'organisations politiques utopiques mal définies »171(*) . Ce qui peut attiser les désirs hégémonistes de certains Etats car, sous le prétexte de soutenir ses citoyens, l'Etat peut se servir de la sécurité humaine comme argument au service de ses intérêts nationaux et même utiliser la force pour les atteindre. C'est la raison pour laquelle le discours et la pratique de la sécurité humaine seront jugés selon sa capacité à initier une pratique politique réellement critique, conférant un pouvoir aux individus qui sont les sujets de la sécurité, leur permettant de limiter et de canaliser l'action des Etats. Ils pourront ainsi contrôler eux-mêmes leur sécurité. * 169 Julien TOUREILLE, `'La sécurité humaine au coeur de la réforme de l'ONU'', www.uqm.ca * 170 Idem, p. 97 * 171 Jean François RIOUX, op. cit., p. 357. |
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