L'émergence d ela notion de sécurité humaine dans la protection internationale des droits de l'homme( Télécharger le fichier original )par Sabine Nicole Jiekak Mougoué Université Catholique D'afrique Centrale, Yaoundé, Cameroun - Master en droits de l'homme et action humanitaire 2005 |
Paragraphe 2- Sécurité humaine, réel espoir pour la protection régionale africaine des droits de l'hommeLe continent africain souffre de lourdes atteintes aux droits individuels sur un fond d'effondrement économique. Les mécanismes régionaux se superposent aux mécanismes mondiaux de protection des droits de l'homme, de maintien de la paix et de la sécurité sans beaucoup de succès. Les conflits armés traînent derrière eux un cortège de fléaux comme la question des réfugiés, la famine, les maladies qu'une fois installées persistent et résistent à toute forme de solutions. Les séquelles du génocide rwandais sont encore présents dix ans après, le conflit fratricide dans la région des grands lacs, le conflit casamançais qui dure depuis plus de deux décennies et qui n'est pas près d'arriver à son terme, le conflit au Darfour et la récente crise ivoirienne dont le début est connu mais la fin ne peut être présupposée. Ce contexte est favorisé par des régimes autoritaires dans lesquelles les obstacles institutionnels, organisationnels et politiques empêchent la mise en oeuvre effective des instruments des droits de l'homme et des droits de l'homme. Ils permettent aussi le maintien de l'impunité au sommet des Etats et encourage la création de foyers de conflits par la « manipulation des leviers sensibles comme support électoral tels l'ethnie, la région, la religion, la nationalité »172(*). La sécurité humaine est accueillie par les intellectuels africains comme une notion salvatrice un « concept prophétique » qui signifierait l'épanouissement total de l'homme dans toue sa plénitude par la préservation de son intégrité physique, morale, intellectuelle dans un environnement stable et économique viable » 173(*). Cet enthousiasme pour la sécurité humaine, qui traduit une vision idéaliste de la nation et des politiques qu'elle peut générer doit être relativisé. En effet, il est absolument nécessaire d'approfondir le débat régional africain sur ce que signifie la sécurité et l'insécurité humaine et sur les priorités à établir, le cas échéant, pour intégrer cette dernière dans les cadres régionaux conçus pour maintenir la paix, l'ordre et la sécurité physique174(*). Ce débat permettrait de sacrifier par ordre de gravité les menaces à la sécurité humaine sur le continent et appellerait les différents acteurs à collaborer dans la recherche des solutions possibles. Alioune TINE, président de l'Union Africaine donne une esquisse de ce qui constitue sur le contient les menaces les plus redoutables : la question de la paix, de la stabilité, de la sécurité des personnes et des biens, mais aussi la garantie de la jouissance des droits économiques, sociaux et culturels des individus175(*). Vaste programme. De ce fait, l'instauration de la sécurité humaine en Afrique suppose avant tout la mise en oeuvre de mécanismes de la prévention des conflits sur la bonne gouvernance politique, économique et culturelle, sur le respect strict et continu des droits humaines et la mise en oeuvre des engagements solennels des chefs d'Etat relatifs aux droits de l'homme en particulier. Ces mécanismes ne seront d'une quelconques efficacité que si tous les acteurs de la société sont associés à leur élaboration. Dans cette optique, l'Union Africaine et le NEPAD doivent jouer un rôle capital car, comme le relève pertinemment Denis THIBAUT « l'un des principes fondamentaux du NEPAD est que la paix, la sécurité, la démocratie, la bonne gestion des affaires publiques, les droits humains et une saine gestion de l'économie sont des conditions préalables à un développement durable en Afrique (...) il sera donc de l'intérêt des pays de faire un effort dans la direction indiquées par le NEPAD, entre autres sur le terrain des droits humains, s'ils ne veulent pas être laissés pour comptes176(*). Ces ambitions ne se réaliseront certes pas en période expresse, mais il y a des raisons objectives d'espérer. Après l'identification des nombreux et difficiles facteurs qui supposent la stabilité et la paix sur le continent, par le biais de menaces à la sécurité humaine, il faudra renforcer et créer le cas échéant des stratégies et mécanismes de prévention et de gestion des conflits. On peut arguer contre cette proposition que la sécurité humaine ne serait plus ou moins qu'un nouveau mécanisme se surajoutant aux mécanismes mondiaux et régionaux existants dont l'efficacité semble bien faible. Mais, il faut garder en esprit que la situation serait probablement pire si tout le frêle mécanisme en place n'existait pas. * 172 Alioune TINE, Préface de l'Afrique de l'Ouest face au défi de la sécurité humaine Dakar éd RADDHO 2005 P.7) * 173 Mamadou SECK, « plus de 30 guerres en 34 ans » l'Afrique de l'Ouest face au défi de la sécurité humaine. Op. cit, P. 73 * 174 Karim HUSEIN, Donata GNISCI, Julia WANJIRU, «Sécurité et sécurité humaine, présentation des concepts et des initiatives. Quelles conséquences pour l'Afrique de l'Ouest? www.oecd.org/dataoecd/60/40/34616949.pdf * 175 Alioune TINE, Op. Cit P. 7 * 176 Denis THIBAULT, « NEPAD et droits humains » l'Afrique de l'Ouest... P.34 |
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