La construction imaginaire de la réalité du Congo à travers les médias congolais( Télécharger le fichier original )par John LUNGILA MATANGA Université de Kinshasa - Licence 2007 |
§4. LA CONSTRUCTION DE LA REALITE ET LES MEDIASL'impact des médias, va au-delà de ce que nous venons de faire remarquer au paragraphe précédent. Les médias peuvent augmenter le niveau d'information des individus, modifier le stock de connaissances dont ils disposent, influencer la façon dont ils appréhendent le monde et dont ils raisonnent, etc. et ainsi façonner leur vision du monde, construire la réalité dans laquelle ils vivent. Et le vecteur principal de l'information est la télévision, média qui construit en permanence la réalité par différents procédés dont-on veut démontrer dans ce travail.
En effet, les contenus médiatiques (discours, métaphores, vocabulaires, images, etc.) façonnent nos catégories de perception et de ce fait ils contribuent à construire la réalité dans laquelle nous évoluions. Pour Gregory Derville, ce processus de construction de la réalité par les médias, s'opère de diverses façons. Le phénomène du cadrage des débats publics c'est-à-dire les médias contribuent à fixer, pour chaque enjeu dont ils saisissent un cadre de référence à l'intérieur duquel tous les événements relatifs à cet enjeu sont interprétés53(*). Par ailleurs, la construction médiatique de la réalité passe aussi par le fait que les médias contribuent à populariser à amplifier ou à cristalliser les stéréotypes sociaux qui circulent dans le corps social à propos de certaines catégories de personnes et en particulier les stéréotypes négatifs. Berger et Luck man soutiennent de leur part que nous décodons tous le monde à partir de la « typification « c'est-à-dire de représentations simplifiées que nous formons à propos de certaines catégories d'individus et qui nous permettent de les appréhender de façon rapide et systématique. Les médias participent à la naissance, au maintien et au renforcement et parfois à la transformation de ces typifications, de ces « étiquettes » en particulier de celles qui sont négatives54(*). En plus et surtout, les médias contribuent à construire la réalité dans laquelle nous vivons parce qu'ils ne répercutent évidemment pas « tout ce qui se passe dans le monde. Chaque jour, ils font le tri dans tous les événements qui nous viennent quelque part dans le monde, selon des critères professionnels et techniques (n'est répercute que ce qui est considéré comme ce que Derville appelle « Newworthy » c'est-à-dire « intéressant », « significatif », mais aussi facile à illustrer et à commenter. De ce fait, nous ne sommes pas en contact, par l'intermédiaire des médias, avec « le monde », mais seulement avec certains fragments du monde, qui plus, sont abordés sous un angle bien particulier. Et pourtant, ceci n'est pas sans influencer le regard que le public peut jeter sur une idée importante, déjà évoquée dans le paragraphe consacre aux effets persuasifs de l'information. L'influence des médias passe aussi par le fait qu'ils contribuent à structurer son environnement c'est-à-dire le nombre et la qualité des informations qu'il reçoit, et sur lesquelles il se fonde pour penser et agir au quotidien. Influencer, ne revient pas ici à tenter l'esprit du public en matraquant un message, mais à faire en sorte que l'autre voie le réel comme eux le voit, du même point de vue, à travers les mêmes « lunettes ». Et William Seaman, qui défend cette opinion, décrit justement la télévision comme l'incarnation d'un réseau des frontières qui limitent l'éventail des informations, des images et des représentations disponibles. L'individu peut regarder par la télévision, il peut choisir ce qu'il va regarder, mais ce choix ne se fait qu'à l'intérieur d'un éventail assez limité d'émission, des émissions qui en outre ne répercutent qu'une faible part des points de vues et des informations qui circulent dans le champ social. Et dans le mouvement où ils révèlent certaines parties du monde, les médias en occultent d'autres c'est-à-dire en mettant en lumière d'une façon bien particulière certains faits et discours, et en occultant d'autres, les médias donnent finalement au public une image tout à fait particulière de la réalité. * 53 Gregory DERVILLE, Le pouvoir des médias : mythes ou réalités, op.cit, p.69 * 54 BERGER LUCK MAN, cité par G. DERVIELLE, op. cit, p.70 |
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