La construction imaginaire de la réalité du Congo à travers les médias congolais( Télécharger le fichier original )par John LUNGILA MATANGA Université de Kinshasa - Licence 2007 |
b. Effet de cadrageSi l'information a un potentiel persuasif important sur le public, c'est aussi pour une deuxième raison. Elle contribue à « cadrer » les enjeux du public c'est-à-dire à les faire envisager par les récepteurs d'une façon bien particulière et qui, bien souvent sans qu'ils ne s'en rendent compte, les invite à embrasser à propos de ces enjeux de points de vue aussi bien particulier. En effet, en choisissant de recourir à certains mots, à certaines métaphores, à certaines images, les journalistes contribuent à façonner, pour chacun des enjeux dont ils se saisissent, le cadre de référence à l'intérieur duquel le débat peut se situer. Gregory DERVILLE soutient à ce sujet que c'est à partir de ce cadre, de ce « canevas » ou de cet arrière-plan, que les événements et discours relatif à ces enjeux sont appréhendés par les récepteurs et acquièrent pour eux une signification, et c'est donc en fonction de lui que les récepteurs vont incliner vers telle ou telle interprétation, et vers telle ou telle solution. Autrement dit, à travers l'effet de cadrage, le journaliste tende à suggérer au public la « meilleure façon d'aborder un thème et donc à orienter son jugement quant à ce thème, sans pourtant lui enjoindre en quoi que ce soit, du moins pas de façon explicité, d'adopter un certain comportement ou une certaine opinion49(*). Cependant, nous voyons que l'effet de cadrage vient compléter, à un tout autre niveau, l'effet d'agenda. Alors celui-ci, consiste à installer dans l'esprit du public telle préoccupation plutôt que telle autre, l'effet de cadrage consiste à présenter d'une manière spécifique chacun des sujets abordés par les médias et à appeler à leur égard des réactions et des évaluations congruentes avec le cadrage retenu50(*). c. Effet d'amorçageAlors que l'effet d'agenda influence la hiérarchisation des enjeux, alors que l'effet de cadrage influence l'imputation de la responsabilité des situations sociales et politiques, l'effet d'amorçage, mis en évidence par IYENGAR et KINDER, « pèse sur les critère de jugement utilisé par le public »51(*). En focalisant et en attirant l'attention du public sur certains faits ou enjeux, les médias accroissent la probabilité pour que ces faits ou enjeux soient utilisés par le public pour évaluer les situation et les acteurs du champ politique. Plus un sujet est visible dans les médias, plus il y a de chance pour qu'il soit présent à l'esprit des récepteur, et pour que ceux-ci choisissent donc de l'utiliser comme un critère au moment de juger ce que les différents acteurs de l'actualité disent, proposent, promettent. Ce mécanisme est plus fréquent dans la vie politique et notamment en période électorale. L'effet d'amorçage aboutit à ce que l'attention portée par les médias à certains enjeux influences les critères en fonction desquels les citoyens évaluent l'action et le bilan des gouvernants, les propositions et les programmes des candidats, etc.52(*) * 49 G. DERVILLE, op. Cit, p.50 * 50 Idem * 51 ibidem * 52 GERSTLE J., op. cit, p.741 |
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