Les conséquences de la convergence sur les médias traditionnels( Télécharger le fichier original )par Jérémy Piotraut Euromed Marseille - M.Sc. en Entertainment et Media Management 2006 |
2.1.2 Le journalisme citoyenSelon le rapport We Media: How Audiences are Shaping the Future of News and Information de Shayne Bowman et Chris Willis, le journalisme citoyen peut être défini comme l'action de citoyens « jouant un rôle actif dans les processus de récupération, reportage, analyse et dissémination de l'actualité et de l'information »,. Le déclic apparut en 2004 en Asie du Sud Est lors du Tsunami ou les images exclusives venaient d'autant plus des citoyens ayant filmés le phénomène avec leur mobile, plutôt que des grands médias traditionnels. L'avènement du phénomène Avec la démocratisation du Web 2.0, la production et la diffusion de l'information n'appartiennent plus à ceux qui détiennent les moyens de télévision, de radio, ou un journal. Comme l'explique très clairement le site Agoravox dans sa charte : tout citoyen est un "capteur d'information". Autre que les possibilités technologiques, le succès rencontré par les plateformes de journalisme citoyen s'explique par des raisons sociologiques. En effet, le public témoigne désormais d'une méfiance accrue vis à vis des médias traditionnels. Ainsi, les gens veulent participer à l'écriture de l'information plutôt que de la subir passivement. Pour Shayne Bowman et Chris Willis, les raisons qui motivent les internautes à participer sont les suivantes : - acquérir un statut ou se forger une réputation. - développer des liens avec d'autres personnes ayant des intérêts similaires. - tenter de donner un sens ou de mieux comprendre un sujet. - informer et être informé. - divertir et être diverti. - créer. Les récentes Assises du Journalisme citoyen, organisées en 2007 à Paris, avaient pour thème : "Les rencontres du cinquième pouvoir". Cependant, le mouvement qui considère le quatrième pouvoir comme la presse semble encore prématurée. En effet, le phénomène décrie comme le nouvel eldorado de la presse quotidienne n'est pas encore rentré dans les normes de consommation courante. Selon une étude Ipsos, réalisée en ligne auprès de 45.000 personnes, les jeunes font en priorité confiance à la presse quotidienne pour se forger une opinion sur un sujet de société ou d'actualité. Ils la citent en tête (38%) devant la télévision (22%), la radio (16%) et Internet (16% également), la presse magazine (8%). De même, ils déclarent que la presse quotidienne rend compte fidèlement de la réalité (45%) contre 18% à la radio, 16% à la TV, 12% à Internet et 9% à la presse magazine". Les plateformes de journalisme citoyens Lancé en février 2000 en Corée du sud, la plateforme Oh My News ! est très vite devenu le premier média sur Internet national. Alimenté par 50000 reporters, il enregistre une audience de plus d'un million de visiteurs uniques par jour. Cet exemple a permis de créer d'autres plateformes du même alibi. Ainsi, premier du genre en Europe, Agoravox s'est lancé en 2005, le message principal est « un abandon des mass media au profit de ce nouveau genre de médias citoyens, les médias des masses ». Au bout de 2 ans, Agoravox enregistrait 1,2 millions de visiteurs par jour. De multiples plateformes de ce genre se développent sur le Web. Après Agoravox, Citizenbay et YouVox s'installent à leur tour sur le créneau du média citoyen. Récemment, 3 anciens journalistes de Libération ont lancé rue89. Ce marché s'avère encore relativement neuf, mais les différentes niches devraient rapidement se remplir. La puissance et l'agilité marketing seront donc les maîtres mots de ces nouveaux sites de services et de contenus. Le péril des journalistes traditionnels Il existe aujourd'hui une véritable résistance des journalistes traditionnels face à l'avènement des médias dit « participatifs » ou citoyens. Le métier de journaliste entre dans une crise structurelle qui tend à redéfinir la fonction même de cette activité. Dans son Blog « Demain tous journalistes ?», Benoît Raphaël décrit le métier de journaliste du futur comme une compétence qui « devra être capable de conduire les conversations, d'animer les communautés réelles et virtuelles, mais aussi mettre en scène et éditer les contenus extérieurs. » En perdant l'exclusivité de la diffusion et de l'information, Benoît Raphaël explique dans un post nommé « Les bases de données, nouveau métier du journaliste » que le journaliste sera relayé comme animateur, classant et s'assurant de la qualité les informations. C'est le cas, du projet comme « Indy 911 », lancé par le site d'infos locales Indystar.com qui répertorie des informations locales qu'on ne pourrait pas traiter dans un journal qui sont couvertes par des journalistes citoyens et classés par des journalistes. Certains journalistes créent aujourd'hui directement leurs propres blogs. Une étude menée par l'institut d'études Bivings Group aux Etats-Unis révèle que le nombre de blogs créés par des journalistes est en plein essor, et que ce phénomène s'explique par le désir de célébrité du journaliste lambda. Cependant, il est important de rétablir la barrière et ne pas confondre « journaliste citoyen et citoyen journaliste ». La qualité des informations dégagées sur les plateformes de journaux citoyens ne peut pas se comparer à celles des informations professionnelles. |
|