DEUXIEME PARTIE : MAITRISE DE L'EAU ET DEVELOPPEMENT
AGRICOLE
L'action des différents projets de développement
ayant intervenus a Goudomp et Birkama dans le cadre de la mise en valeur des
terres de bas-fonds, a porté sur la riziculture. Elle a consisté
en l'aménagement d'ouvrages «modernes», l'introduction et
la vulgarisation de nouvelles techniques culturales et des
variétés améliorées. Deux programmes ont
marqué l'histoire de la mise en valeur des vallées du bassin de
Goudomp : la MAC et le PROGES.
CHAPITRE I : LA M.A.C., «UN PROJET
D'ASSISTANAT» Introduction
Démarrée en 1964 par la Mission de la
République de Chine (Formose), l'action est passée aux mains
de la République Populaire de Chine en mars 1973.
L'objectif est le développement des cultures rizicoles par la
promotion de l'utilisation des boeufs de labour et
de la motoculture, par l'initiation de la double
culture de riz, par l'extension des surfaces rizicoles cultivées
d'où la nécessité d'aménager pour
récupérer les terres salées et permettre l'irrigation
pendant la saison sèche.
I- Les aménagements
Les principaux objectifs visés a travers ces
aménagements étaient :
- la mise a l'abri de l'inondation maritime, les
rizières en amont et assurer une déssalinisation
progressive des terres ;
- le stockage d'une quantité suffisante d'eau permettant
d'effectuer la double culture ;
- l'augmentation des superficies rizicultivables par la
récupération des anciennes terres salées ;
- l'ouvrage aménagé a cet effet, comprend
deux parties : une réalisation dans la partie aval et une autre
dans la partie amont du marigot de Goudomp.
L'ensemble comprend entre autres :
- un ouvrage de retenue et d'évacuation construit sur le
lit mineur du marigot constitué de vannes ;
- une digue de protection construite en aval tout le
long du marigot empêchant toute invasion du périmètre
par les eaux salées ;
- une station de pompage ;
- un aménagement des terres : remembrement et
planage des parcelles jadis très morcelées, introduction d'un
système d'irrigation/ drainage comprenant des canaux, des
rigoles de répartition, des diguettes, des pistes
d'accès, des vannes, des ponceaux etc....
Cet aménagement est acquis sur investissement de
l'Etat (85%) et des paysans (15% :
participation sous forme de journée de travail) (SOMIVAC,
1982)
II- Les Moyens de la MAC et les
résultats
La mission effectue des travaux pour le compte des paysans.
A cet effet, elle dispose de tracteurs, motoculteurs, charrues et des
batteurs qui lui permettent d'effectuer des travaux
rémunérés. Par ailleurs, en cas d'attaque par
les prédateurs, la mission distribue gratuitement des
insecticides.
Elle fournit également les intrants agricoles et l'eau
d'irrigation le paysan ne payant en fait que le prix du gasoil et non
l'entièreté des charges.
La MAC a entre autres a son actif, la réalisation de 240
m2 de magasin et 200 m2 d'aires de
séchage a Goudomp.
Les résultats obtenus sont satisfaisants.
L'amélioration du niveau de vie et de la l'alimentation rurale
est inégale et difficile a mesurer objectivement faute
d'informations crédibles. Toutefois, l'on peut consulter a titre
indicatif l'estimation des productions agricoles entre 1973 et 1977.
III- Essai de bilan
La MAC est un projet qui répondait aux besoins
réels des producteurs et qui a su associer a leur action initiale les
préoccupations des paysans. Il s'est parfaitement
intégré a la dynamique paysanne dans la mesure où il
répondait aux besoins alimentaires croissants des populations et
assurait des revenus tout en abrogeant les durs labeurs (machines ou
charrues pour le labour, moissonneuses, batteuses sont mises a la disposition
des paysans)
La MAC a également contribué a la formation des
producteurs, a l'amélioration de la sécurité alimentaire
par l'introduction de nouvelles variétés de riz plus
productifs.
La gestion des ouvrages est essentiellement
assurée par des techniciens chinois. Les intrants agricoles
étaient gratuits. Ces «stimulants artificiels» créent
un esprit «d'assisté social perpétuel» qui va a
l'encontre de la stabilité sociale rurale. L'arrêt brutal de la
MAC, sans la mise en place de mesures d'accompagnement, a
constitué un brusque retour en arrière pour plusieurs
producteurs. Les infrastructures, en particulier les pistes, la station de
pompage et les canalisations dont l'entretien était assuré par le
projet se sont dégradées. Les populations ont été
brusquement sevrées de conseils et d'appui ponctuels et ont
assisté, inactifs, a la détérioration au fil des
années, des aménagements réalisés.
La validité de la technique chinoise en matière de
la riziculture n'est plus a démontrer. On pourrait toutefois
regretter l'approche sectorielle de la mission qui ne touche qu'un
pourcentage faible de la population (2540 paysans encadrés
sur 19 villages !)
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