Les mythes fondateurs de l'A.P.R.A: Témoignages et production historiographique( Télécharger le fichier original )par Daniel Iglesias Université Paris VII-Denis Diderot - Maîtrise d'Histoire 2004 |
B) Une restructuration autour de la pureté des origines1) La mise en valeur des luttes du passéA partir de circonstances historiques déterminées, Luis Alberto Sanchez cultivait un discours antagoniste, en divisant la société en deux camps opposés : le peuple contre l'oligarchie ou plutôt, l'APRA contre ses ennemis. Il en faisait un étroit système de filiations, d'assimilations et d'équivalences, entre des faits historiques (La Réforme universitaire péruvienne, l'opposition à Leguía, l'action politique de Haya de la Torre) et les valeurs propres au parti. Tantôt description objective d'une réalité passée, tantôt passé collectif des apristes élaboré en tradition de lutte sociale, son récit des luttes visait à reconstituer une légitimité perdue, une crédibilité mise à mal depuis l'arrivée au pouvoir de la junte. Pour cela, l'imaginaire éclairait le phénomène apriste dans sa subjectivité et dans sa totalité. Apportant des images, des sensations, une théâtralité constructive, le récit historique devait correspondre à ce que les Péruviens désiraient trouver chez un leader et un parti politique. L'auteur cherchait donc à présenter une voix où chacun est censé se retrouver, de la sorte à que chaque péruvien, puisse s'incérer dans un consensus autour de l'acceptation de l'idée, qu'Haya de la Torre était le parti, le peuple, le Pérou. C'est pourquoi, Luis Alberto Sanchez procéda à une instrumentalisation d'événements politiques, tout comme, il prolongea son entreprise de sacralisation de Haya de la Torre, née trente ans auparavant. a) La Réforme universitaire péruvienne L'histoire à laquelle font allusion les mythologies de l'âge d'or, correspond à des ensembles immobiles, il faudrait mieux dire immobilisés. Elle formule des circonstances historiques avec un rapport avec le réel, et repose sur une structure logique dont « l'élémentaire simplicité contraste singulièrement avec le foisonnement des images, des représentations et des symboles et qui n'est rien qu'autre que la décadence »175(*) que combat le parti. Cristallisant autour d'elle des valeurs et tous les rêves de justice sociale, la représentation du temps d'avant était un mythe au sens le plus complet du terme : « à la fois fiction, système d'explication et message mobilisateur »176(*). Présentée comme point de départ de la lutte pour le combat social au Pérou, la Réforme universitaire péruvienne s'inscrivait de ce fait, comme la première référence historique se rattachant à ce schéma. Fille du mouvement réformiste argentin177(*), cette manifestation contestataire était introduite selon une scénographie qui cherchait à présenter l'action politique d'une communauté close, et étroitement resserrée « dans la chaleur de son intimité protectrice »178(*). L'auteur y décrivait avec précision les différents rapports entre les étudiants réformistes, en tissait les liens, voir en racontait les origines familiales. Il s'attardait surtout sur les futurs apristes, revenant longuement sur leur participation directe au combat étudiant, les plaçant à cet égard en première ligne179(*). Il soulignait l'importance que jouait la Réforme comme vecteur de la socialisation politique étudiante parmi des jeunes dirigeants universitaires, dont les réunions180(*) et la passion pour le sport181(*) préméditaient déjà, la base de camaraderie et des valeurs de compagnonnages qui caractérisera plus tard le parti apriste. Il en montrait l'unité, revenant sur une sociabilité constructive qui lança les bases, non seulement du renouveau universitaire péruvien, mais également du réveil social et nationaliste péruvien. La description faîte par l'auteur du Conservatoire Universitaire de 1919, permettait par exemple, de défendre l'idée que, ce mouvement étudiant largement encadré par des futurs cadres apristes, fut la première grande expression d'un renouveau intellectuel au 20ème siècle dans le pays. Elle était même, en raison de la nature de ses leaders et de leur forte culture historique182(*), la première manifestation d'une rupture avec une lecture unique de l'histoire nationale. Le Conservatoire universitaire, nous disait Luis Alberto Sanchez, représentait une véritable manifestation de la volonté de rompre avec la tradition universitaire péruvienne. En outre qu'il cultivait le souvenir d'une expérience dont les idées introduirent des questions nouvelles dans le débat politique péruvien, cette description cherchait aussi à projeter les valeurs culturelles et le nationalisme singulier du parti. Revenant sur la francisation de la société péruvienne de l'époque183(*), et sur les connaissances de l'oeuvre de Renan par ces étudiants réformistes en le citant en français184(*), Luis Alberto Sanchez rappelait de ce fait le caractère nationaliste et en rien anodin de ce projet. Il spécifiait l'importance historique de cette expérience intellectuelle, qui pour lui, avait servit d'échappatoire pour une société encore très marquée par le souvenir de la défaite contre le Chili lors de la Guerre du Pacifique (1879-1883). Rappelant l'ouverture en direction des plus défavorisés, il soulignait l'un des piliers de l'aprisme que le vélasquisme leur avait ôté : l'ouverture de la culture péruvienne au plus grand nombre. Mettant en lumière l'expérience du Conservatoire universitaire dont il citait l'importance historiographique, et la volonté de ces hommes de rompre avec l'immobilisme et le conservatisme universitaire185(*) du début du siècle, il rendait compte du rôle des apristes dans le renouveau nationaliste et culturel pour leur pays. En vérité, plus qu'une simple description d'une contestation, cette histoire de la Réforme péruvienne autorisait les lecteurs à apprécier une réponse structurée face à une élite composée de riches héritiers qui dominait l'Université186(*), et le pays. Elle traduisait un essai d'exposition d'une première grande réponse structurée face à l'injustice et aux mépris de l'oligarchie. Soulignant l'élan de coopération entre ces principaux leaders, et les qualités de ces derniers187(*) , l'auteur contait un groupe dynamique, confronté à des résistances brisées par la figure charismatique de Haya de la Torre. L'historique de ces victoires face « aux étudiants civilistes, dépendants de la argolla (petit cercle) professoral »188(*) servait en effet à l'aprisme, pour rappeler le lien du leader charismatique avec son entourage, et à sa capacité à gérer les passions politiques189(*). Ce lien était d'autant plus fort, que celui qui « dessinait les grandes lignes de la Réforme »190(*) avait à l'époque poussé ses camarades à former un Comité de Réforme ad-hoc, dans lequel ils exercèrent leurs droits. Nourri d'un « dynamisme contagieux qui entraîne une attirance irrésistible »191(*), le groupe que décrivait Luis Alberto Sanchez, se livrait à réformer le système. Victoire après victoire, il expulsait les mauvais professeurs, cassait le cercle népotique, ouvrait l'Université aux plus démunis, bref, étendait un cercle fermé au plus grand nombre, et même au ouvriers. Menée par un groupe de purs nationalistes, la Réforme de Manuel Seoane, de l'auteur, de Haya de la Torre, avait donc mit l'accent sur les problèmes sociaux du monde contemporain, et de la nation péruvien. Bien avant le vélasquisme, comme le sous-entendait Luis Alberto Sanchez, cette expérience réformiste avait redonné un espoir au peuple, en lui offrant des lois universitaires qui « répondait à nos attentes »192(*). Ce témoignage sur la Réforme correspondait à une campagne aux allures de combat, nettement pointé de dramaturgie politique. L'auteur se livrait en conséquence à une présentation d'un combat inégal, entre petits et grands, entre oligarques et étudiants héros, entre les tenants de la modernité et tenants de l'ordre établi. Il revenait sur l'esprit de sacrifice des étudiants réformistes, sur les dangers193(*) ou encore sur le courage face l'injustice194(*). Sans en faire des martyrs, Luis Alberto cherchait à susciter une émotion autour de ceux, qui pour lui, s'étaient offerts en sacrifice pour le bien d'une institution archaïque. Célébrant le Congrès étudiant de Cuzco comme un acte fondateur qui « proportionna les idées matrices du futur Front des Travailleurs Manuels et Intellectuel »195(*), il détachait ce mouvement de la sphère marxiste, en le transformant en corollaire d'une révolution universitaire largement dominée par les futurs apristes. Ainsi, l'une des grandes victoires d'un mouvement plus global, se convertissait en l'acte fondateur d'un mouvement fondé par Haya de la Torre, et dont il s'était servit pour tisser les réseaux qui aboutirent à la création de l'APRA en 1924. Présentée comme une mythologie de l'âge d'or, la présentation des origines étudiantes de l'APRA gardait un caractère nettement mobilisateur. Elle prétendait signer l'entrée en politique et dans la vie contestataire des grandes figures du parti. Haya de la Torre était d'ores et déjà, introduit comme un leader charismatique, et ses compagnons, comme des figures résistantes et combatives. Vecteurs d'émotions, cette historiographie où la victoire était décrite comme totale196(*), servait à remémorer, sinon commémorer des luttes qui forgèrent l'identité de l'APRA. Elle permettait également de montrer les capacités du parti à se structurer, et à réussir des avancées sociales significatives. C'est pourquoi, cette écriture de la période de la Réforme fut un mythe. Non pas qu'elle ait été une fabulation ou une déformation du réel, mais plutôt, une explication du passé servant de véhicule à un dynamisme prophétique. b) Le leadership dans la lutte contre la dictature de Leguía La revendication du passé combatif de l'aprisme ne se limitait pas au début des années vingt. Elle englobait également, les luttes étudiantes qui secouèrent le pays à partir de 1923, et les méfaits de l'autoritarisme du régime de Leguia. Jouant la carte d'une écriture parfois manichéenne, Luis Alberto Sanchez exhibait une rhétorique qui séparait d'un côté les dépositaires de l'autoritarisme, et de l'autre, les représentants du peuple et de ses privations. Il s'agissait de faire de l'oligarchie, l'incarnation de l'inauthentique ou de l'étranger, du mal, de l'injustice, et de l'immoralité. Les étudiants eux au contraire, extériorisaient des qualités authentiques, bonnes, justes, voir morales. Ce discours visait à montrer qu'il n'y avait aucune possibilité de compromis ni de dialogue, avec des hommes qui défendait crapuleusement un régime népotique, autoritaire, et tourné vers les intérêts du capital étranger. Luis Alberto Sanchez y dénonçait les injustices en radicalisant les connotations émotionnelles du passé, tout en cherchant à éveiller des sentiments communautaires en exposant des faits historiques qui « célébraient la libération temporelle de la vérité officielle et de l'ordre établi ; marque de la suspension de toutes les hiérarchies de rangs, de privilèges, de normes, et de prohibitions »197(*). Du fait de cette description, l'APRA résultait alors la résultante logique d'un combat, si ce n'est du réveil social, contre un Etat oligarchique qui excluait la majorité de la population, et qui entretenait des relations de « domination/subordination »198(*) avec cette dernière. En d'autres termes, le parti avait pour origine une lutte encadrée qui se consolida progressivement et sans violence. Cette maîtrise affichée des risques de débordements populaires et de la violence, contrastait l'image de parti insurrectionnel que lui collait l'armée péruvienne, et faisait du parti, comme l'indique Di Tella, un « intermédiaire dans l'acceptation »199(*), c'est à dire, un organe assimilable par tous les partisans du statuo quo. Mythifiée comme un temps obscure, la période du Oncenio symbolisait pour l'auteur, le temps de la répression policière, et de la trahison, où Leguia était passé du statut de « maestro de la juventud » à celui de « Huiracocha »200(*). La description de cette période servit dès lors à l'aprisme, pour remémorer ses origines étudiantes, et rappeler à ceux qui l'avait oublié, son autorité au sens où l'entend Simmel201(*). Paradoxalement, ce fut l'exposition du système autoritaire de Leguia qui contribua à remplir cette fonction sociale d'importance. Explication d'autant plus convaincante, qu'elle se voulait totale et d'une exemplaire clarté, la description de la Patria Nueva relevait en conséquence d'une « logique apparemment inflexible, à une même et unique causalité, à la fois élémentaire et toute puissante ».202(*) Après avoir nommé son chapitre « scherzo contre Leguia », Luis Alberto Sanchez y passait au détail toutes les affaires de corruption et de fraude auxquelles avait été mêlées la famille du dictateur. Ce schéma véhiculait l'image d'un régime népotique profondément clientéliste, où chacun des membres de la famille de Leguia recevait son dû203(*). Ne se privant de dénoncer tous les acteurs de cette institutionnalisation de la corruption dans le pays, il critiquait l'armée comme complice passive d'une entreprise qui visait à contrôler tous les organes du pouvoir. L'apriste décrivait à cette occasion, le rôle des proches de Leguia dans l'asservissement consenti de l'armée204(*), et en illustrait les mécanismes de coopération. Au point que l'exemple du fils du Président, Juan Leguia, qui terrorisait députés, maires ou commissaires, se plaçait en miroir d'un système où « l'on organisait des cocktails à l'honneur des châtiés »205(*). Prolongeant sa critique contre l'autoritarisme, il fustigeait la non séparation des pouvoirs, et le fait que durant ces années, « aucune décision n'était prise sans l'approbation du Président »206(*). D'autre part, il ironisait sur les mécanismes du clientélisme présidentiel, et sur le culte de la personnalité que cultivait Leguia. Luis Alberto Sanchez en faisait même des fresques humoristiques, où l'on suivait des yeux l'omniprésence présidentielle, et son infatigable volonté de figurer partout207(*). Construit critique et agressif, ce discours cherchait ainsi à faire de chaque image, de chaque signe ostentatoire de richesse, de chaque expression symbolique de la richesse, une résonance harmonique, que Bachelard nomme doublet-psychique. Il créait un rapprochement avec le quotidien de chacun, et soulignait le sentiment de rejet envers des formes immorales de gestion des affaires courantes. Travaillant une dénonciation de l'utilisation de fonds publics pour satisfaire des vanités personnelles, Luis Alberto Sanchez visait à faire renvoyer toute une symbolique, au plus profond et au plus intime du moi individuel. Il y fustigeait la frivolité de Leguia, son goût pour l'argent208(*) ou son caractère narcissique209(*) afin de que le lecteur renvoie tout cet univers à son vécu. Face à un régime autoritaire et policier, la contre-attaque étudiante était exposée sous le signe de l'unité. Au delà de ses connotations populistes, cette thématique implantait une logique visant à perpétuer l'idée de la résistance héroïque des étudiants face au tyran. Grâce à une scénographie politique210(*) tissée autour de points victoires symboliques contre Leguia, l'auteur dépeignait progressivement une trame où « la démonstration de pouvoir reste toujours la manifestation de puissance »211(*). Il y explorait la montée en puissance de la vague contestataire, et en magnifiait les confrontations entre les parties212(*). Il faisait de l'organisation d'un front commun entre autorités et élèves de San Marcos, le véritable fer de lance contre le régime. Chacun était introduit sous de bons hospices, notamment les intellectuels Víctor Andres Belaunde et le poète José Galvez (tous les deux étant démissionnaires de leur poste à l'étranger), qui étaient revigorés comme les chefs d'une « intelligentsia universitaire et journalistique contre le pouvoir en place »213(*). Plus encore, chacune des venues du Président à l'Université San Marcos étaient exposées comme des marques tangibles de la rupture, entre les partisans de l'oligarchie, et une opinion publique guidée par des étudiants organisés et dynamiques. Garants de l'ordre constitutionnel que violait le chef de l'Etat, les étudiants formaient les postes avancées pour la défense du progrès et des droits pour tous de bénéficier d'une Université égalitaire. Célébrées par Sanchez, comme la première pierre qui tombait de l'édifice gouvernemental, les propositions de ce mouvement proposaient en effet, de « nettoyer l'Université de tous les éléments rétrogrades et incapables »214(*). Même si elles ne réalisèrent jamais, faute d'accord avec le gouvernement, elles symbolisaient la volonté de certains, de résister contre le non-respect des garanties constitutionnelles, voir de se porter garants d'un projet alternatif. Cette unité d'un bloc qui résista malgré les intimidations, et dont les liens avec la revue Amauta demeurait palpables, devint dès lors source de la légitimation de l'APRA. Elle transposa des valeurs de solidarité, de camaraderie, bref, d'un esprit de sacrifice qu'inaugurèrent Haya de la Torre et l'auteur en 1923, lorsqu'ils n'entrèrent pas en cours en solidarité avec les grévistes. Le poids de l'image dans la construction d'une mythologie de l'âge d'or demeure une donnée essentielle. Elle permet non seulement de véhiculer un message mobilisateur, mais encore, de mettre en scène « un pouvoir qui uniquement exposé sous le seul éclairage de la raison aurait peu de crédibilité »215(*). Il s'exprime par la transposition d'attentes et de valeurs sur des évènements historiques singuliers, et par la répétition de situations orchestrées pratiquement comme un cadre cérémoniel. Ce mouvement descriptif vers un passé glorieux, héroïque, plus dynamique, rappelait de ce fait, les valeurs autour desquelles se fonda l'APRA. Ces valeurs d'amitié, de communion, de justice sociale, telles qu'elles étaient transposées par l'auteur, cherchaient à exprimer la nature de l'aprisme. Au point qu'elles visaient à défendre l'idée qu'elles structurèrent la naissance de l'aprisme, en tant que vecteur politique dont le leitmotiv était tourné vers la gloire et la rédemption d'un pays, et d'un continent. Conscient de l'indissociabilité dans l'imaginaire collectif, entre le parti et son leader charismatique, Luis Alberto Sanchez compléta ce travail sur les origines, en présentant sa principale figure politique. Il revînt alors sur la destinée d'un homme, écarté du pouvoir à maintes reprises, et qui continuait depuis son bureau, à incarner les luttes et l'espérance de beaucoup. * 175 Girardet Raoul, op. cit., p.105 * 176 Girardet Raoul, op. cit., p.98 * 177 « Nous entrâmes en scène, suite au cri de Cordoba lancé le 15 juin 1918, pour liquider le statut feudal de l'Université », Sanchez Luis Alberto, op. cit. * 178 Girardet Raoul, op. cit., p.127 * 179 « Je connus `'Manolo'' (Manuel Seoane) en 1917, en entrant à San Marcos. Il était inscrit en Faculté de Sciences, car il voulait devenir médecin. L'année suivante, il changea d'opinion, et se changea à Lettres. L'année qui suivit, nous vus comme en première ligne de la Réforme Universitaire. On participait tous les deux au Comité pour la Réforme de Lettres que présidait Jorge Guillermo Leguia, et qui avait pour secrétaires Ricardo Vegas, et lui. », Sanchez Luis Alberto, op. cit. * 180 « Nous étions dans la première moitié de 1918. Porras habitait les hauteurs de la rue Mariquitas (troisième bloc du Jirón Moquegua). Nous nous réunissions, Jorge Guillermo Leguía, Guillermo Luna Cartland, Pablo Abril de Vivero, José Luis Llosa Belaunde (qui était à l'époque fiancé d'une des soeurs de Porras, avec laquelle il se maria après), Carlos Moreyra, José Quesada Larrea, Manuel Abastos, Víctor Raúl Haya de la Torre, Riacardo Vargas García y Jorge Basadre. On lisait des chapitres entiers de divers livres, mais aussi des articles et des commentaires. On échangeait également des opinions, des informations, et des rumeurs.», Sanchez Luis Alberto, op. cit.
* 181 « Ce fut autour de Porras et de sa maison, que nous consolidâmes notre amitié, Victor Raúl et moi. Nous séparés les intérêts intellectuels, mais nous rapprochés l'enthousiasme pour la culture et le sport.. », Sanchez Luis Alberto, op. cit.
* 182 « Raúl Porras, Jorge Guillermo Leguía, Victor Raúl Haya de la Torre, Ricardo Vegas García, Guillermo Luna Cartland, Carlos Moreyra Paz Soldán, José Quesada, José Luis Llosa Belaunde, Jorge Basadre, Luis Alberto Sanchez », Sanchez Luis Alberto, op. cit. * 183 Démarrée au temps du gouvernement de Piérola, le Pérou connaissait en effet au début du 20ème siècle une sensible pénétration de cette culture, et en particulier des idées véhiculées par la Révolution française : Luis Alberto Sanchez les présentait même comme l'un des vecteurs de socialisation politique contre Leguía, si ce n'est l'un des symboles universels de la lutte des opprimés contre le despotisme : « Cela ne surprit personne qu'éclatèrent un 14 juillet 1930, date anniversaire française, d'immense sifflements contre la dictature si bien apparurent à l'écran les Sans Culottes attaquant la Bastille au son belliqueux de la Marseillaise alors que l'on projetait un film allusif à la Révolution au théâtre Exelsior en présence de Leguía. Une étincelle s'était allumée. Un mois après éclata la mutinerie d'Arequipa et chutait le dictateur, alors que demeurait le système » Sanchez Luis Alberto, op. cit., p.376 * 184 « L'oubli, et je dirai même l'erreur historique, sont un facteur essentiel de la formation d'une nation et c'est ainsi que le progrès des études historiques est souvent pour la nationalité un danger », Sanchez Luis Alberto, op. cit, p.375
* 185 « L'Université correspondait exactement à la mentalité et à la réalité économique de ce temps. Elle était une Université de nature coloniale avec des docteurs en toges et en costumes, fermés face dans leur conception de la vie. L'Université civiliste exigeait des étudiants, une adhésion aveugle et un respect soumis. Le civilisme avait plasmifié son type d'université », Sanchez Luis Alberto, op. cit. * 186« Les aristocrates et leur clientèle la plus dépendante gagnaient presque toujours tous les prix. Les directeurs, loin de favoriser les étudiants pauvres, gratifiaient les étudiants les plus riches. Ceci s'expliquait par le fait, que selon les autorités compétentes, `'l'Université est le patrimoine des minorités appelées à diriger la destinée nationale», Sanchez Luis Alberto, op. cit. * 187 « On bénéficiait de deux forces alliées : la capacité captatrice et organisationnelle de Haya de la Torre, et l'agressivité mordante de Raúl Porras Barrenechea. Sans eux, la Réforme n'aurait jamais été possible. », Sanchez Luis Alberto, op. cit. * 188 Sanchez Luis Alberto, op. cit. * 189 « Dans ce registre d'influence affective, l'attitude charismatique (l'enthousiasme, l'énergie, l'attirance) apporte aux masses une révélation politique : les portes de l'histoire ne s'ouvrent pas sans un grand vacarme et une dose admirable d'audace. », Dorna Alexandre, op. cit., p.27 * 190 Sanchez Luis Alberto, op. cit. * 191 Dorna Alexandre, op. cit., p.28 * 192 Sanchez Luis Alberto, op. cit.
* 193 « Comme épisode de l'affrontement, il y eut des duels au pistolet et au sable entre les membres de la Fédération des Etudiants et le Comité de la Réforme », Sanchez Luis Alberto, op. cit. * 194 « Je perdis l'année universitaire de 1921 à cause de la fermeture de San Marcos imposée par les directeurs civilistes », Sanchez Luis Alberto, op. cit. * 195 Sanchez Luis Alberto, op. cit. * 196 « Le nouveau gouvernement, celui de Leguia, promulgua les lois 4002 et 4004, qui répondait à toutes nos exigences », Sanchez Luis Alberto, op. cit. * 197 De la Torre Carlos, In Alvarez Junco José et Gónzalez Leandri comp, El populismo en España y América, Madrid, Catriel, 1994, Coll. «Ensayo», p. 51 * 198 Ibid, p. 48 * 199 Ibid, p.49 * 200 « Leguia était habitué à un turbulent jeu d'adulations et de prodigalités, et surtout à recevoir le surnom de Huiracocha, c'est à dire Dieu. C'est comme ça que l'appelait sa clientèle, et même l'ambassadeur des Etats-Unis, le riche journaliste et jovial nord-américain Moore, qui le compara même à Périclès et à Bolivar. », Sanchez Luis Alberto, op. cit. * 201 « L'autorité, et par extension le pouvoir, ne peut se comprendre que dans une interrelation concrète entre individus agissant dans des situations historiques précises, et pas seulement motivées par la calcul et l'intérêt rationnel. », Dorna Alexandre, op. cit., p.20-21. * 202 Girardet Raoul, op. cit., p.55 * 203 « En 1928, Leguia leva la prohibition des courses de chiens, dans le but de favoriser l'un de ses neveu, Alberto Ayulo, qui venait d'ouvrir une affaire ou `'Kennel Park'', Sanchez Luis Alberto, op. cit. * 204 « Un des cousins du Président, don Alfredo Piedra Salcedo, exerça durant plus d'une décennie, une influence décisive parmi les jeunes officiers », Sanchez Luis Alberto, op. cit. * 205 « Vers 1927 ou 1928, arriva à Lima, le général allemand William Fauppel, en provenance d'Argentine et de Bolivie. Fauppel fut nommé Inspecteur Général de l'Armée Péruvienne. Suite à l'arrestation de l'insubordonné comandant Lega, on organisa un cocktail très concouru au Palais Concert en son honneur. On y proclama de très virulents discours contre Inspecteur Général de l'Armée. Celui-ci alla voir le Président, et démissionna. Leguia n'accepta pas sa démission, sans avoir préalablement envoyé son fils, le commandant Leguia, hors du pays, dans un espèce d'exil doré », Sanchez Luis Alberto, op. cit. * 206 Sanchez Luis Alberto, op. cit. * 207 « Un jour, on lui organisa un hommage dans le Lawn Tennis. A la sortie, certains de ses amis les plus enthousiastes, parmi lesquels un médecin très connu qui devînt député de Chincha, voulurent se substituer aux chevaux qui tiraient le carrosse présidentiel : un gravure des pages de Histoire de la République de Basadre vient perpétuer ce fait. », Sanchez Luis Alberto, op. cit. * 208 « Lors de l'inauguration de son troisième mandat à la tête de l'Etat, le Comercio et la Banque offrirent à Leguia un banquet au Thêatre Forero ; les menus étaient en or et en argent, la table d'honneur en hauteur, et les invités étaient debout. », Sanchez Luis Alberto, op. cit. * 209 « Aucun autre président ne reçut autant de distinctions que Leguia. Il reçut à peu près, le grade numéro 33 de l'Ordre Maçonnique, et la Grande Croix de l'ordre du Christ envoyé par le pape. », Sanchez Luis Alberto, op. cit. * 210 L'idée est prise ici au sens où l'entend Georges Balandier, c'est à dire que « tout univers politique est une scène ou plus généralement, un lieu dramatique, où sont produits des effets », Balandier Georges, op. cit., p.111 * 211 Balandier Georges, op. cit., p.108 * 212 « Jamais Leguia, homme adulé et populaire, n'avait senti le poids d'une opposition, aussi petite et hostile à la fois, que lorsqu'il entra au Salon Général de San Marcos en 1928. », Sanchez Luis Alberto, op. cit. * 213 Sanchez Luis Alberto, op. cit. * 214 Sanchez Luis Alberto, op. cit. * 215 Balandier Georges, op. cit., p.16 |
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