WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Planification et controle de projet, une aide méthodologique et métacognitive dans le processus d'autonomisation de certains lecteurs/scripteurs

( Télécharger le fichier original )
par Hiên-Minh Lê (Thi)
Université du Québec en Outaouais - Maîtrise en gestion de projet 2005
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE 4 : ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES DONNÉES

Tel que nous avons discuté dans les chapitres précédents, l'autonomie des jeunes scripteurs/lecteurs représente un enjeu indéniable dans leur réussite à l'école. Cette réussite dépend de plusieurs facteurs qui s'y relient, dont la métacognition et la motivation. Des outils

de planification et contrôle de projet ont été utilisés dans des buts méthodologiques et métacognitifs afin de soutenir le travail quotidien de ces jeunes.

Notre recherche consiste, en fait, d'un programme d'entraînement systématique et explicite qui vise le développement du processus d'autonomisation à travers la métacognition,

le pivot de l'autonomisation selon Grangeat, 1997. Il s'agit d'un travail de médiation instrumentée qui mène aux prises de conscience des apprenants dans des situations d'apprentissage faisant appel à la résolution de problèmes (Grangeat, 1997). Nous supposons que plus les scripteurs/lecteurs prennent conscience de ce qu'ils savent ou ne savent pas ou de

ce qu'ils peuvent faire ou ne peuvent pas faire, plus ils seront capables d'un pilotage adéquat vers la réussite visée (Barbot et Camatarri, 1999) ; en d'autres mots, grâce aux outils et techniques en planification et contrôle projet, ils développeront des compétences d'ordre méthodologique et métacognitif tout au long de la réalisation des tâches d'écriture et de lecture. D'après Grangeat (1997), la métacognition est un facteur d'autonomisation ; puisqu'elle permet l'engagement du moi dans l'apprentissage, le travail sur le développement

de la métacognition représente une part dominante dans l'application des outils en planification et contrôle de projet qui, en effet, ont été utilisées dans un but métacognitif vers

l'autonomisation de l'apprentissage. L'analyse des prises de conscience à différents degrés des scripteurs/lecteurs, selon les trois axes fournis par Grangeat (1997) nous sert de base sur laquelle se fond l'analyse portant sur le développement du processus d'autonomisation. Chaque partie de l'analyse est composée d'une analyse détaillée suivie d'une synthèse.

L'analyse des données par rapport au premier objectif de recherche « Analyser le discours des scripteurs/lecteurs du secondaire au sujet du développement de la métacognition

en lien avec l'application des pratiques et techniques en planification et contrôle de projet en classe de français langue maternelle» est basée sur les réponses obtenues lors de l'entrevue. Pas de métacognition, pas d'autonomisation, comme a affirmé Grangeat (1997), l'analyse de cette première piste aura un impact causal sur l'autre aspect qu'est le processus d'autonomisation. Ce travail occupe ainsi la partie la plus volumineuse de l'analyse et porte

sur les trois axes proposés par Grangeat (1997) : la personne, la tâche et les stratégies.

L'analyse des données par rapport au deuxième objectif de recherche « Analyser

le discours des scripteurs/lecteurs du premier cycle du secondaire au sujet du développement

de leur processus d'autonomisation en lien avec l'application des pratiques et techniques en planification et contrôle de projet en classe de français langue maternelle » dérive des résultats recueillis concernant les trois pistes d'inférence de la métacognition mentionnées ci-haut. Le processus d'autonomisation faisant appel au développement du soi de l'apprenant, un scripteur/lecteur conscient de ses gestes, de lui-même comme actant, se situe ainsi dans une des stades de développement de ce processus décrit par Morin & Brief (1995).

Pour arriver à établir les critères d'analyse du processus d'autonomisation, nous avons

fait appel aux trois degrés d'abstraction fournis par Barth (1987) que sont la description chronologique (perception), l'analyse logique (représentation mentale) et la conceptualisation (abstraction). De là, un parallèle a été possible entre la métacognition et le processus d'autonomisation selon le tableau suivant :

DEGRÉ D'ABSTRACTION Barth (1987)

MÉTACOGNITION

Grangeat (1997)

PROCESSUS D'AUTONOMISATION Morin & Brief (1995)

ÉVOLUTION

DU MOI

Morin & Brief

(1995)

Description chronologique

(perception)

Niveau empirique

La personne

1- énonciation

2- décentration

Autoinitiation

Formation du Moi

Analyse logique (représentation mentale) Niveau réfléchissant

La tâche

1- référenciation

2- perception des éléments implicites

Autointégration

Inscription du Moi au monde

Conceptualisation

(abstraction)

Niveau conceptualisant

Les stratégies

1- appréciation

2- adaptation

3- anticipation

Autoréalisation

Autonomie intégrale

Élargissement du

Moi

Prise de conscience de soi

Tableau 5. Relation entre le degré d'abstraction des scripteurs/lecteurs (métacognition) et la

dimension de leur Moi.

Tel qu'indique la quatrième colonne, ce parallélisme nous a aussi permis d'établir le

degré de la construction du Moi des scripteurs/lecteurs tel qu'a indiqué Morin & Brief (1995).

4.1 PREMIER OBJECTIF DE RECHERCHE : LA MÉTACOGNITION

« Analyser le discours des scripteurs/lecteurs du premier cycle du secondaire au sujet du développement de la métacognition en lien avec l'application des pratiques et techniques en planification et contrôle de projet en classe de français langue maternelle »

Afin d'arriver à ce premier objectif, nous avons cherché à vérifier si les scripteurs/lecteurs étaient conscients de leur apprentissage en termes de façons de faire, d'objectif, de sens de la tâche, d'effort et de stratégies (blocs de questions à l'entrevue semi- dirigée). Rappelons qu'en général, nous entendons, par métacognition, la connaissance qu'une personne a de ses propres connaissances ainsi que de ses propres processus cognitifs, soit un contrôle, une correction de la production à partir d'un répertoire de savoirs emmagasiné en mémoire.

En général, les quatre scripteurs/lecteurs ont tous pu expliciter comment ils sont arrivés

à traverser le processus d'écriture tel que décrit par Flower et Hayes (1980), soit une activité cognitive de type résolution de problème (Hayes & al., 1987) ainsi que les macro et micro processus de lecture selon Giasson (1995). Cependant, le degré de conscience et d'habileté varie d'un scripteur/lecteur à l'autre, de même que d'un axe à l'autre. Plus le scripteur/lecteur

est doté de connaissances métacognitives, d'ordre déclaratif et procédural, plus il serait capable d'opérer seul les tâches d'apprentissage et donc, de progresser dans le processus d'autonomisation. Tel que nous avons déjà mentionné, selon Grangeat (1997, p. 97), « la réussite, c'est toujours améliorer l'autonomisation. » Pour une analyse fine des propos recueillis, nous précisons qu'il serait nécessaire de détailler davantage les indicateurs pour inférer la métacognition, suivant l'esprit des textes et rapports de recherche publiés par ce même auteur.

L'entrevue semi-dirigée a amené les scripteurs/lecteurs à revenir sur le processus d'écriture et de lecture du début jusqu'à la fin, c'est-à-dire de l'étape de la recherche d'idées à celle de la révision du texte, dans le cas de l'écriture; tout comme de l'étape de la compréhension des mots et des phrases (micro-processus) et celle du texte (macro-processus), dans le cas de la lecture. Chaque bloc de questions, tel que montré à la section 3.4.1, visait le degré de conscience (signe de la métacognition) ou d'abstraction de leur propre apprentissage selon Barth (1987), à différentes étapes de la réalisation de ces tâches en écriture et en lecture,

et ce, aux trois axes déjà nommés ci-haut.

Voici le tableau synthèse des pistes d'analyse accompagnées des codes ; ces pistes ont

été établies selon les indicateurs d'inférence fournis par Grangeat (1997). Ce tableau est en

fait une reproduction du tableau 3 (issu du cadre théorique) accompagnée des codes d'analyse. Nous voulons y démontrer qu'à chaque niveau de conscience du scripteur/lecteur existerait

un niveau équivalent de développement du processus d'autonomisation selon Morin & Brief (1995). L'explication du lien établi entre ces facteurs a été faite antérieurement lors de la présentation du tableau 3.

CONCEPTS Métacognition (Grangeat, 1997) Processus

d'autonomisation

AXES INDICATEURS Le scripteur/lecteur est (Morin & Brief, 1995)

D'ANALYSE CONSCIENT: Évolution psychique par

enrichissement

Gestion de projet

Lien avec Gestion de projet

PERSONNE

ÉNONCIATION

des procédures de façon chronologique (description chronologique - niveau empirique)

Auto- initiation

Prédisposition

Orientée

OBJECTIF

GESTION DES RESSOURCES

RÉGULATION

ÉVALUATION

PLANIFICATION CONTRÔLE

P(ÉNO)

DÉCENTRATION

du savoir comme objet (le

soi vis-à-vis le savoir)

Auto-intégration

Durée

+ début

P(DÉC-

SOI)

de l'apport de l'enseignante

P(DÉC-

ENS)

de l'apport des pairs

P(DÉC-

PAIR)

TÂCHE

RÉFÉRENCIATION

Outils (pendant l'exécution

d'une tâche antérieure)

+ fin

+ résultat

T(RÉF-

O)

Processus (pendant

l'exécution d'une tâche antérieure)

T(RÉF- PRO)

Ens. (pendant l'exécution

d'une tâche antérieure)

T(RÉF-

ENS)

Pairs (pendant l'exécution

d'une tâche antérieure)

T(RÉF-

PAIR)

PERCEPTION DES ÉLÉMENTS IMPLICITES

Buts

Auto-réalisation

+ But

+ Visée

T(BUT)

Processus

T(PRO)

Performance

T(PER)

STRATÉGIES

APPRÉCIATION (évaluation)

Soi (pouvoir d'apprendre)

+/-

+ Effet

S(APP-

SOI)

Outils

S(APP-

O)

Ens.

S(APP-

ENS)

Pairs

S(APP-

PAIR)

ADAPTATION

(régulation/contrôle)

+ Objectif

S(ADA)

ANTICIPATION

Planification opératoire

Autonomie

+ Intention

+ Dessein

S(ANT)

Tableau 6. Description détaillée des indicateurs de la métacognition selon Grangeat (1997)

avec codification

intégrale

Ce tableau nous a servi de guide dans les notions présentées aux sections qui suivent.

4.1.1 Les indicateurs sur la personne

Les indicateurs sur la personne comptent l'énonciation et la décentration (de soi,

de l'enseignante, des pairs). Tel que déjà mentionné au chapitre portant sur le cadre conceptuel à ce sujet et visualisé dans le tableau 6 de la page précédente, rappelons que ces deux concepts ne sont pas complètement dissociés, il y a une progression psychique qui les distingue comme des phases ou stades selon les notions sur l'abstraction dont parle Doly (dans Grangeat, 1997). Nous avons complété les indices par ceux fournis par Barth (1987).

4.1.1.1 L'énonciation

Au stade de l'énonciation, le scripteur/lecteur est capable de décrire son

expérience, c'est-à-dire ses propres processus et états mentaux lors de la réalisation des tâches et ce, de façon chronologique et contextualisée. Cette explicitation témoigne d'une construction des connaissances. Pour l'écriture, le scripteur/lecteur E1 relate11 :

« Comme M., elle nous a appris, tu fais un plan. Pis ld, tu mets tout sur tes sujets, toutes tes idées ld-dessus puis après ca... hen ld.... tu jettes ce qui n=est pas hon, tu les places ... puis ca forme des petites phrases ld... puis après, tu l=agrandis

en paragraphes.. ».

C'est une description chronologique et contextualisée où l'enseignante semble occuper encore une place assez marquante; nous voyons bien qu'au niveau de la métacognition, dans cette tâche, la représentation est située au stade

11 Nous avons respecté les structures de phrase des participants dans les transcriptions de verbatim.

de l'énonciation, car il n'y a qu'une description empirique et aucune analyse de l'expérience. Quant au scripteur/lecteur 2, celui-ci décrit :

« Ben, ca dépend... Comme mettons, si ca serait descriptif, je chercherais des, comme... un sujet pis je décrirais le sujet comme avec des facons.... comme admettons comme sujet ... comme tu partirais comme des... comme je... admettons

je parlerai de... un ours, comme exemple... Pis ld, ben, je décrirais comme admettons, la facon qu'il vit, son mode, son mode de vie premièrement, la facon qu=il nourrissait ses bébés, pis tout ca ld... la facon que je décris pis d mesure...

ben, je fais des nouveaux paragraphes... Ce serait comme ca, pis ..narratif, mais je raconterais une histoire... ».

Contrairement au scripteur/lecteur E1, celui-ci est déjà capable de s'éloigner des expériences vécues. Il nomme des exemples non contextualisés et fait la distinction entre deux types de texte, le descriptif et le narratif. Il entre donc dans

la phase de la décentration où il prend en compte le résultat de l'activité. Son rapport au savoir est plus distancié que celui du scripteur/lecteur E1 et pourtant, tous les deux sont au même niveau scolaire. Pour ces deux scripteurs/lecteurs du niveau de la première secondaire, ce ne sont que des métaconnaissances de type déclaratif qui se diffèrent au niveau de la contextualisation, puisqu'en somme, ce sont deux descriptions chronologiques des expériences. Le scripeur/lecteur E2 révèle un début du développement des processus métacognitifs ou des métaconnaissances de type conditionnel : il fait la différence entre deux situations différentes, celle d'un texte descriptif et celle d'un texte narratif où il est capable d'entrevoir, respectivement, des façons de faire différentes.

Dans le cas des deux scripteurs/lecteurs de la deuxième secondaire, le scripteur/lecteur E3 déclare en premier :

«Ben, .... une bonne et si t=as pas une bonne, .... M. elle va t=aider, elle aide tout

le temps ld.. (...) J=sais pas... c=est dans ma tête ld... souvent. Comme elle nous

passait des livres pour les trouver des fois ld. »

Quant au scripteur/lecteur E4, celui-ci confie : « Je les trouve en m'inspirant avec quelque chose que j'ai déjd vécue (...) j'ai entendu parler dans les journals, d la télé... »

Ce dernier a un rapport nettement distancié avec le savoir. Il a donc emmagasiné des métaconnaissances (déclaratives) et a développé des processus métacognitifs (métaconnaissances conditionnelles) car il connaît le « chemin » d'aller chercher ses connaissances antérieures. Le scripteur/lecteur E3, quant à lui, n'a que des métaconnaissances de type déclaratif, mais que celles-ci commencent à être décontextualisées, il voit le début et la fin de l'expérience : « au début, on fait un plan

avec des mots-clés... Pis, après ça... on fait... on commence d l=écrire, puis on fait sa correction,

après on fait notre propre... ». Il sait où et comment aller chercher de l'aide dans une situation de résolution de problème (panne d'idées) mais ce ne sont là que des aides «extérieures », soient l'enseignante ou les ressources matérielles mises à sa disposition; de lui-même, il n'est pas encore capable de se frayer un chemin pour aller chercher ses autres expériences (internes) antérieures, comme le scripteur/lecteur E4. Cet élève paraît se situer entre le stade de l'énonciation et celui de la décentration, tandis que le scripteur/lecteur E4 est, de toute évidence,

au stade de la décentration : décentration à la fois du soi et du savoir, de même que du soi et de l'aide extérieure. Non seulement celui-ci est capable de décrire l'expérience succinctement, mais il y a aussi saisi le résultat et l'effet : « Je fais un plan... détaillé. OK. Je fais la situation initiale, la situation finale, puis les péripéties puis tout ça...Pis.. ....ça, ça m'aide B m'organiser et ça me sauve du temps aussi... ».

En faisant abstraction des connaissances de type déclaratif du plan et en mettant plus d'accent sur l'aspect procédural de la tâche, les scripteurs/lecteurs E3 et E4 font preuve de la capacité d'abstraction réfléchissante, donc le niveau de

la décentration. Nous pouvons même dire que le scripteur/lecteur E4 arrive au niveau d'abstraction réfléchie selon Doly (dans Grangeat, 1997) en pointant l'utilité de cette façon de faire pour lui (« ça m'aide d m'organiser et ça me sauve du temps aussi »). La tâche représente pour lui un objet avec lequel il a pu établir une certaine distance, avec un certain degré d'engagement du Moi.

À travers ce qui a été dit, nous avons pu faire le parallèle avec les outils en planification et contrôle de projet que nous avons utilisés. Les jeunes ont pu tous nommer et décrire leurs connaissances déclaratives sur les différentes tâches en écriture, au stade de la planification et de la réalisation. Ceci reflète le travail mettant en pratique le principe de fractionnement des tâches en planification et contrôle de projet. Ensuite vient l'ordonnancement de tâches, tous les élèves ont

pu immédiatement mettre en évidence l'aspect procédural de la planification du texte et de la mise en texte ainsi que la révision de texte. Nous pouvons voir ici que les notions de gestion des ressources en planification et contrôle de projet (habiletés de niveau général) ont été mieux retenues que les outils propres à la didactique (habiletés spécifiques) concernant la tâche de révision, exception faite pour le scripteur/lecteur E4 qui a pu les détailler.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire