La biomasse, activité alternative au développement des zones ruralespar Marie Suraud UCL Louvain la Neuve - Master in European Studies 2001 |
2- Des exemples à suivreLes exemples de centrales thermique ou de cogénération fonctionnant à la biomasse sont multiples. Beaucoup d'agriculteurs utilisent des combustibles biologiques et renouvelables souvent de manière marginale et artisanale. Voici ici quelques exemples des plus représentatifs de ce que l'on peut faire à plus grande échelle. a) La centrale du Moule en GuadeloupeLes sources d'énergie renouvelables peuvent constituer, dans certaines régions isolées comme les îles, la seule source de confort. En Guadeloupe, l'activité agricole principale est la culture de la canne à sucre. La bagasse est le résidu du procédé de la canne à sucre, c'est donc la fibre qui subsiste après extraction du sucre. D'une tonne de canne, il subsiste ainsi 320 kg de bagasse. La bagasse possède un pouvoir calorique supérieur à celui de nombreux lignites exploités dans le monde. Dix tonnes de bagasse équivalent à presque deux tonnes de fuel lourd avec l'avantage d'être moins polluant et renouvelable sur un cycle annuel. La bagasse était déjà utilisée par l'industrie sucrière traditionnelle dans les chaufferies pour produire de la vapeur et même parfois de l'électricité, mais pour son usage exclusif. L'application de techniques modernes permet de dégager de gros excédents d'électricité sur les besoins de l'autoconsommation. (Annexe 20) La bagasse n'est pas disponible toute l'année et la production de vapeur à partir de la bagasse coïncide par définition avec le cycle sucrier. L'énergie produite est très nettement supérieure au besoin des sucreries et elle doit être mise à la disposition des Guadeloupéens. Par conséquent, cette production doit s'insérer dans l'offre globale continue d'énergie proposée par EDF (Electricité de France). Il n'est pas pensable d'arrêter les autres centrales électrique le temps de la saison sucrière pour les remettre en route une fois la saison passée. Il est donc nécessaire d'offrir une production à peu prés constante de courant électrique. Il est cependant impossible de stocker la bagasse plus d'une semaine. Les sucres qu'elle contient encore, même à faible dose après leur extraction, provoquent une fermentation qui la rendrait inutilisable pour une bonne combustion. La construction d'une centrale électrique utilisant prioritairement le résidu de canne à sucre, la bagasse, constitue un élément essentiel du « programme gouvernemental de consolidation et de développement de la culture de la canne en Guadeloupe »35(*). La culture de la canne couvre 13 000 hectares, soit 43% des terres arables. La collecte dure quatre mois. Elle produit normalement 500 000 tonnes de canne, ce plan a été élaboré pour redonner de l'oxygène à cette activité qui tendait à décliner : 310 000 tonnes, seulement, ont été produites lors de la campagne précédente cette initiative. La centrale joue un rôle décisif dans le dispositif adopté. La sucrerie de Gardel concentre désormais le traitement de toutes les cannes de l'Ile. Sans l'apport de la centrale, il aurait fallu investir dans une nouvelle chaufferie. Selon les premières indications, la production sucrière aurait d'ores et déjà retrouvé son niveau habituel. Par ailleurs, le rendement de l'installation a considérablement augmenté. Si l'on compare l'ensemble de la filière proposée par SIDEC36(*) avec les sucreries traditionnelles utilisant la bio-combustion en autoconsommation, l'excédent est de 54mW pour 100 000 tonnes de sucre. Les centrales de cogénération peuvent atteindre un rendement énergétique d'environs 89% contre à peine plus de 40% pour une centrale fonctionnant au fuel ou au charbon. * 35 document internet, http://www.ademe.fr/guadeloupe/Bagcharb.htm, consulté le 06.03.01 * 36 leader mondial de la technologie bagasse-charbon et spécialiste de la cogénération dans l'industrie. |
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