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On a vu que le formulaire est déposé tardivement auprès de la DG, le 5 février 2001, alors que son équivalent a été déposé au DoJ le 15 novembre 2000. C'est d'autant plus incompréhensible et inacceptable que GE a eu au mojns déjà une fois l'exprérience des procédures européennes, à l'occasionde l'acquisition de la filiale Engine Alliance de Pratt&Whitneyen 1996.
Par ailleurs, J. Welch est revenu à Bruxelles avec de nouvelles propositions deux semaines après la date limite, instituant de fait un «stop-the-clock» qui n'avait pas été annoncé par la Commission.
GE s'est offert temporairement les services d'économistes renommés pour aller contester les conclusions de l'analyse de la Commission en tant qu'experts, en particulier le Professeur Shapiro de Berkeley qui s'est exprimé de manière à la fois laconique et polémique à la sortie de l'audition sur l'attitude de la Commission : « No ill motives, but poor legal reasoning ».
Il est connu que GE alloue d'importantes sommes aux hommes politiques sous la forme de contributions légales à leurs campagnes électorales : 960 000 $ en 1999 ; et que par ailleurs la compagnie exerce un lobbying extrêmement actif, qui lui a coûté 7,28 millions de dollars la même année simplement pour l'échelon fédéral.
Il n'est alors pas étonnant qu'en une forme de retour sur investissement en capital politique, nombre de personnalités se soient exprimées sur le sujet ou rendues à Bruxelles pour soutenir la fusion : quelques exemple suffisent :
- une haut-fonctionnaire du DoJ, Deborah P. Herman, vient à Bruxelles le 7 juin pour présenter ce qu'elle appelle la « position américaine » en un lapsus savoureux qui laisse entrevoir l'agrégation des intérêts de GE et du gouvernement des Etats-Unis.
- le même jour, l'administration américaine soulève également l'affaire GE-Honeywell lors d'une rencontre informelle avec les dirigeants européens lors du Sommet de Göteborg en Suède.
- Robert Zoellick, le Représentant au Commerce, a régulièrement appelé au «traitement équitable» du cas.
- enfin, le Président Bush lui-même : le 18 juin au soir, alors que tout semblait perdu, J. Welch avait appelé Andrew Card, le Chef de Cabinet de la Maison Blanche, pour lui demander « whatever help you can give us ». Le lendemain, G.W.Bush interrompait son tour de Pologne pour se déclarer « concerné » par les difficultés que faisait la Commission à la fusion.
- le 3 juillet Paul O'Neill, secrétaire au Trésor américain accuse de « reaching into the affairs of other countries by blocking a deal between two US-based companies ».
- le sénateur républicain Phil Gramm déclare sur la chaîne CNBC : «Je pense qu'il s'agit là d'une chose inquiétante, une chose à laquelle nous devons prêter attention. Le problème de savoir quel pouvoir l'Union européenne doit avoir quand elle examine le cas de deux sociétés qui sont fondamentalement américaines est tout à fait réel.»