L'économie informellepar Lomami Shomba Université de Kinshasa - Licence en droit 2005 |
B. L'apport au niveau socialDans ce point, nous démontrons la contribution offerte par l'économie informelle dans la création des emplois d'une part, et d'autre part présentons son rôle du point de vue de l'amélioration du pouvoir d'achat des consommateurs. 1° Au niveau de l'emploi De la lecture du professeur Fields, nous notons que le secteur informel est à la fois une « éponge propre à absorber(à des niveaux de productivité et de gains décroissants) tous ceux qui ne peuvent trouver à s'employer ailleurs, ou s'il est une source d'innovation, de créativité et de croissance peu capitalistique, de nature à assurer une vie à peu près décente aux nombreux demandeurs d'emplois qui arrivent sur le marché du travail(55(*)). Ainsi nous enseigne Kioni, le secteur informel est son propre champ d'apprentissage car il forme la main d'oeuvre qu'il utilise ensuite et qu'utilise aussi le secteur formel(56(*)). Portes(1983), Bromley et Gerry(1974) sont de cet avis lorsqu'en analysant le concept type de production, ils affirment que les unités de production informelles sont de fournisseurs de main-d'oeuvre salariée déguisée pour les grandes entreprises modernes(57(*)). La crise sociale et économique qui sévit en République Démocratique du Congo contraint les employés à oeuvrer dans la pluriactivité. En effet, les chômeurs comme nous l'avons déjà affirmé n'ont aucune autre alternative que d'opérer dans l'informel. Aux chômeurs, nous devons ajouter une autre catégorie d'individus qui bien que disposant d'un emploi, soit obligée d'exercer une activité informelle palliative à leur modique traitement. Bien que difficilement mesurable, les intelligences s'accordent à affirmer que l'économie informelle constitue une soupape de sûreté et un gagne pain aussi bien pour les employés que les chômeurs. 2° Au niveau du pouvoir d'achat Dans les lignes qui précèdent, nous avons eu à démontrer que plus de la moitié de la population congolaise exerce des activités dites informelles. Ces dernières occupent une main d'oeuvre qui bénéficie de maigres revenus, certes, mais de revenus procurant la possibilité de pouvoir augmenter les consommations collectives et individuelles. Bien qu'en marge du système formel, il n'est pas moins une dynamique socio-économique réelle, par la demande et l'offre qu'il crée, par la concurrence qu'il exerce etc. Cogitant sur l'estimation du revenu des activités du secteur informel Harold Lubell montre systématiquement que les gains moyens de ses chefs d'entreprises sont plus élevés(quelquefois considérablement) que le salaire minimum officiel ou que le salaire moyen du secteur formel. Des gains plus élevés et un goût presque universel pour une relative indépendance expliquent l'attrait pour les activités du secteur informel(58(*)). Présenté de la sorte, l'économie informelle nous donne l'impression de n'être que rose, la morosité n'y trouverait donc pas de place. La section ci-dessous aura le mérite d'épingler les maux engendrés par cette économie qui laisse couler tant d'encre et de salive. * (55) FIELDS cité par TURNHAM D., SALOME B., et alii., art.cit.p.7. * (56) KIONI Kia BANTU, art.cit., p.96. * (57) TOKMAN V., art.cit., p. 113. * (58) LUBELL H., Le secteur informel dans les années 80 et 90, op.cit.p.15. |
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