UN RENOUVEAU DE LA PARTICIPATION ASSOCIATIVE ? L'engagement et le militantisme au sein du comité Attac Isèrepar Eric Farges Université Pierre Mendès France - IEP Grenoble - 2002 |
La diversité des enquêtésLa première difficulté rencontrée fut de trouver suffisamment d'individus souhaitant être interviewés. En dépit d'une intervention durant une réunion générale et la distribution d'un courrier aux militants, uniquement deux volontaires se sont présentés. Il a fallu entreprendre une démarche de bouche-à-oreille qui s'est montrée plus fructueuse. En revanche, seul un refus fut opposé en raison d'un emploi du temps trop surchargé38(*). Face à la complexité et à la richesse des configurations singulières, la constitution d'un échantillon représentatif selon les critères classiques (âge, profession, situation familiale, résidence) apparut peu pertinente39(*). C'est pourquoi il sembla préférable de rassembler un grand niveau de diversité. Tout d'abord au point de vue de des classes d'âges représentées, l'échantillon peut être divisé en trois groupes : les personnes de moins de vingt-cinq ans qui sont « inactives » (Cécile, Isabelle) ; un groupe intermédiaire, les 25-40, qui sont dans la vie active (François, Laurent) et un groupe de plus de quarante ans qui se situent vers la fin de leur vie active (Thomas, Julie, Fabien, Lionel, Luc). Au regard des catégories socioprofessionnelles, deux interviewés sont étudiants (Cécile, Isabelle), deux travaillent dans l'enseignement (Laurent, Fabien), deux dans le secteur associatif (Lionel, Julie), deux dans le secteur privé (François, Thomas) et un enquêté est à la retraite (Luc). En considération de l'engagement dans Attac, et c'est le critère le plus important dans le choix des personnes interviewées, un enquêté s'inscrit dans une adhésion « passive » (Fabien), c'est-à-dire sans qu'il y ait participation aux actions ou aux réunions, un s'inscrit dans une phase croissante de militantisme (Laurent), un dans une phase descendante (Isabelle), ce que nous assimilerons à une défection possible, trois se situent dans ce que l'on pourrait appeler un engagement « modéré » (Lionel, François, Cécile) et trois dans une forte activité militante (Julie, Thomas, Luc). Enfin vis-à-vis des expériences militantes passées de chacun des interviewées, quatre s'inscrivent dans un fort passé militant et un réseau assez structuré de militantisme. Ils cumulent parfois les adhésions dans les associations et pourraient être assimilés à des « professionnels » du militantisme (Thomas, François, Cécile, Luc), tandis que cinq n'ont pas un fort passé militant politique, associatif ou syndical et ne cumulent par les adhésions ; ils sont donc assimilés à des « novices » (Julie, Fabien, Laurent, Isabelle). On peut déjà noter que parmi les quatre militants professionnels, un (Thomas) a eu une adhésion à la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) avec laquelle il entretient encore des relations, tandis que les deux autres (François, Cécile) sont également militants à la LCR. Le positionnement politique de ces militants « professionnels » est par conséquent très nettement ciblé. Les entretiens se sont déroulés40(*) soit au domicile des personnes interviewées (Laurent, Isabelle, François), soit sur leur lieu de travail (Thomas, Fabien, Julie, Lionel), soit à mon domicile (Cécile), soit encore à la FSU où Attac tient son local (Thomas, Luc). Leur durée a été assez longue puisque le plus court des entretiens a duré un peu moins de deux heures (Isabelle41(*)), tandis que les autres ont duré entre trois et quatre heures, il s'agit donc là d'entretiens approfondis. Cette durée qui peut à première vue sembler excessive s'explique par l'objectif de recherche. * 38 On déplore que le mois de juin correspondait à une période d'intense activité militante pour le groupe Attac Isère (actions sur les paradis fiscaux, préparation de la Commission Nationale des Comités Locaux (CNCL), préparation de la mobilisation de Gênes), il fut ainsi difficile d'organiser des entretiens. * 39 Pour une présentation biographique plus détaillée des entretiens : Cf., « La présentation biographique des enquêtés », annexe n°25, p.53. * 40 Cf., « Présentation du déroulement des entretiens », annexe n°25, p. 52. * 41 L'entretien n'a pas pu être achevé puisque l'interviewée, étant malade, souhaitait mettre fin à l'entretien. Elle l'a d'ailleurs demandé à deux reprises, de plus elle a refusé de répondre à plusieurs questions, soit de façon formelle, soit en répondant succinctement à la question. Cette personne n'était pas très motivée pour accepter l'entretien au cours de son déroulement ; elle se situe par ailleurs en phase de défection, ce qui explique en partie de son attitude. |
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