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L'action des ong internationales dans les camps de refugies de Gore au Tchad


par Auriol DJEKODOUM NADJI
Institut des relations internationales du Cameroun/Université de Padoue - Master II en Relations Internationales Option« Coopération Internationale et Action Humanitaire  2019
  

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B- Manque de programme d'action adéquat à Goré

Que ce soit en endommageant directement la terre, l'eau ou la biodiversité, ou par le truchement de stratégies de survie qui exercent de façon indirecte une pression sur des ressources naturelles rares, les impacts environnementaux post-crise peuvent largement porter atteinte aux ressources naturelles et rendre les populations affectées particulièrement vulnérables aux évènements futurs. Aussi, les opérations de secours et de relèvement qui suivent les conflits et les catastrophes naturelles peuvent sans doute causer autant de dégâts environnementaux que les crises elles-mêmes. En effet, l'utilisation durant l'intervention humanitaire de techniques non durables ou causantes des dommages environnementaux, peut laisser des régions dans des logiques de dépendance de l'aide ou de surexploitation de leurs ressources naturelles et ainsi devenir sujettes à de nouveaux conflits. Bien plus, la simple opération d'une importante présence humanitaire conçue pour des opérations rapides et intenses, laisse trop souvent derrière elle, une traînée de déchets polluants, une hyper-utilisation concentrée des ressources et une urbanisation lourde non durable. La non-prise en compte de

116R., PHILIPPE, J. MARGOT, MARGOT A., Les limites de l'aide humanitaire, Lausane, Ecole Polytechnique Fédérale deLausanne, 2007, p. 33

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ces risques ainsi que l'intégration insuffisante des considérations sur la question environnementale dans les opérations de secours peut réduire l'impact positif des secours en causant davantage de morts, de déplacements, de dépendance à l'aide et de vulnérabilité. Bien que ce lien ait été documenté dans des études de cas et soit communément admis par les acteurs humanitaires sur le terrain, de nombreuses opportunités sont perdues et de nombreux risques environnementaux ignorés tout au long de l'action des ONG internationales à Goré. Les acteurs humanitaires à Goré semblent accorder peu d'intérêt aux considérations environnementales dans la gestion des réfugiés. Les contenus des programmes d'aide humanitaire en attestent. Ces derniers ont été installés dans des zones à écosystème fragile sans la mise en place des mesures de préservation ou de restauration. L'on a ainsi noté que l'écosystème des régions hôtes, plus celui du reste du pays s'est considérablement dégradé, ceci du fait de la pression des populations hôtes et réfugiés sur le peu de ressources naturelles disponibles. Ce phénomène va malheureusement grandissant. Les pouvoirs publics et les organisations humanitaires sont beaucoup plus portés à trouver des moyens de subsistance immédiate ou de secours, à savoir nourriture, santé, eau, éducation, etc... Ce qui n'est pas mauvais en soi, mais reste limité du point de vue des solutions durables ou de l'autonomisation des réfugiés. Les résultats des enquêtes menées sur le terrain dans le cadre de la présente étude, révèlent que les considérations environnementales ont été insuffisamment prises en compte. Dans les localités abritant les camps des réfugiés, l'on perçoit aisément des grandes superficies déboisées, créant par conséquent des conflits ouverts entre les populations hôtes et les réfugiés. Il est à déplorer que très peu des projets visant à préserver ou à améliorer l'écosystème ont été mis en oeuvre dans à Goré où sont installés les camps des réfugiés. Les quelques projets environnementaux implémentés dans la région ne résultent pas nécessairement d'une réflexion visant à combiner la protection de l'environnement à l'assistance humanitaire.

A l'issu de cette littérature, il est à relever que même si les dimensions socio-économiques et environnementales sont présentes dans les programmes d'action des ONG internationales à Goré, elles restent largement insuffisantes du point de vue des exigences d'une démarche d'instauration des solutions durables ou d'autonomisation des réfugiés et des populations hôtes. De telles insuffisances, ainsi que celles relatives à la dimension législative, institutionnelle, fonctionnelle ci-dessus évoquées méritent que l'on s'y penche pour apporter des ajustements requis.

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SECTION II : PERSPECTIVES D'AMELIORATION DE L'ACTION DES ONG
INTERNATIONALES A GORE

Comme nous l'avons vu dans le chapitre précédent, l'accueil des réfugiés à Goré quoique portant de nombreux risques sécuritaires et environnementaux, est porteur d'énormes retombés impactant positivement son processus de développement socio-économique. Au regard des réalités du terrain et considérant la persistance des conflits à l'origine des multiples flux migratoires sur le territoire national, l'on peut sans risque de se tromper, affirmer que la crise des réfugiés au Tchad s'inscrit dans une perspective à long terme. D'où la nécessité pour l'Etat du Tchad de prendre un certain nombre de mesures dans le sens d'apporter des améliorations non seulement sur les plans juridique, technique et institutionnel (Paragraphe I), mais aussi sur les plans socio-économique et environnemental (Paragraphe II) pour mieux capitaliser les retombés de l'action humanitaire et le rendre davantage profitable pour ses bénéficiaires et pour son développement.

Paragraphe I : La restructuration du cadre législatif et institutionnel de l'action des ONG internationales au Tchad

Dans ce paragraphe, seront exposées tour à tour les mesures relatives au renforcement du dispositif textuel de gestion des réfugiés d'une part (A), et le renforcement des structures étatiques de coordination de l'action des ONG internationales d'autre part (B).

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand