L'action des ong internationales dans les camps de refugies de Gore au Tchadpar Auriol DJEKODOUM NADJI Institut des relations internationales du Cameroun/Université de Padoue - Master II en Relations Internationales Option« Coopération Internationale et Action Humanitaire 2019 |
C- Les avantages administratifsL'action des ONG internationales à Goré en partenariat avec l'Etat Tchadien renferme des enjeux stratégiques de politique intérieure en ce qu'il contribue au renforcement de l'intégration et de la cohésion nationale (1) et au renforcement de la présence de l'Etat dans les régions d'accueil (2). 1- Accueil des réfugiés comme outils de l'intégration locale Depuis l'indépendance du Tchad, plusieurs régions, surtout des localités rurales se trouvent tenue en périphérie du pouvoir central et du reste du pays, du fait, à la fois de leur éloignement géographique et des difficultés d'accès. De ce fait, cette situation isole ces régions du reste du pays, causant ainsi un véritable problème d'intégration aussi bien du point de vue géographique, socioculturel, économique et financier, voire politique et administratif. On ne peut donc parler d'intégration nationale dans une telle situation. Car, dans le contexte du Tchad comme partout ailleurs, l'intégration nationale à plusieurs connotations ; que ce soit dans les discours, les politiques publiques et même dans l'analyse populaire. Elle s'exprime par des transactions multiformes. Avant l'arrivée des réfugiés, la situation des régions d'accueil ne 103 http://www.irinnews.org/fr/report/accueillir-des-réfugiés-aussi-ses-avantages. 104Les résultats de l'étude réalisée conjointement par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et l'agence des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR), sur les impacts de l'aide humanitaire sur l'économie libanaise depuis que les réfugiés syriens ont commencé à fuir la guerre en 2011 attestent que pour chaque dollar dépensé aux fins de la réponse humanitaire, un demi-dollar supplémentaire est injecté dans l'économie par le biais d'effets démultiplicateurs 91 correspondait pas aux critères de définition de l'intégration nationale. Les populations des régions d'accueil des réfugiés vivaient une sorte d'exclusion ou d'autarcie involontairement imposée. Vu sous cet angle, on peut, sans risque de se tromper, affirmer que l'accueil des réfugiés à Goré plus précisément a significativement contribué au renforcement de l'intégration nationale, ou du moins, au rapprochement de la région au reste du pays. Cet isolement, faut-il le rappeler, n'était pas seulement géographique mais aussi socioculturel, économique et financier, voire politique et administratif. L'accueil des réfugiés a occasionné une affluence massive des travailleurs humanitaires venus des autres régions du pays et de l'extérieur. Cela a permis aux populations de Goré de découvrir ces régions et aux populations locales d'entrer en contact avec leurs concitoyens des autres régions. Avant l'arrivée des réfugiés, la région de Goré ne faisait pas l'objet d'une telle affluence de la part de l'Etat d'une part et celle des humanitaires d'autre part, les opportunités d'affaires et d'interactions quasiment inexistantes. C'est donc en cela que l'on peut affirmer que l'accueil des réfugiés à Goré est un vecteur de désenclavement géographique et socioculturel des populations et de renforcement de l'intégration nationale. Sur le plan régional et continental, l'accueil des réfugiés à Goré peut servir de fil conducteur pour le renforcement de l'intégration régionale et africaine. Car, les contacts des réfugiés avec les populations locales tchadiennes va entrainer inévitablement des échanges au plan culturel, civilisationnel, coutumier et économique et créer ainsi un brassage tangible entre les tchadiens et les réfugiés, donc, avec les peuples des pays d'origine des réfugiés (RCA). 2- L'accueil des réfugiés comme moyen de renforcement de la présence de l'Etat et de la bonne gouvernance Du fait de leur éloignement géographique et des difficultés d'accès, la région de Goré étaient une zone où l'Etat était très peu. Les conditions de vie et de travail dans cette région étaient tellement rudes que certains fonctionnaires de l'Etat affectés dans la zone trainaient les pieds pour y arriver. Mais la présence des réfugiés dans cette partie du pays a conduit l'Etat tchadien à renfoncer sa présence. Avec le soutien financier et technique des partenaires internationaux à savoir les ONG internationales et les organisations internationales humanitaires, notamment le Haut-commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, le Programme des Nations Unies pour le Développement et le Programme Alimentaire Mondial. L'Etat s'est déployé à Goré en mettant en place des délégations départementales. Sur le plan 92 sécuritaire et socio-sanitaire, l'on a pu voir un déploiement considérable de l'Etat à travers une présence massive des forces de sécurité, notamment les gendarmes et le Détachement Intégré de Sécurité pour assurer la protection des réfugiés, des personnes déplacées internes et des acteurs humanitaires et la réhabilitation et la construction des centres de santés et des points d'eau. En plus du déploiement de l'Etat, les organisations humanitaires et les associations de la société civile se sont également massivement investies dans la région tant en faveur des réfugiés que des populations locales. L'arrivée des réfugiés et les opérations d'aides aux réfugiés dans ces régions ont permis de les désenclaver, les revitaliser et de les rendre plus attractives. Paragraphe II : L'impact de l'action des ONG internationales dans les camps de Goré sur le plan international Il est vrai que la présence des réfugiés au Tchad n'est pas exempte de risque a été à l'origine de l'exacerbation de nombreux conflits et risques sécuritaires. Mais aussi paradoxal que cela puisse paraître, cette présence a plutôt significativement contribué au renforcement de l'image du Tchad sur le plan international, notamment dans la promotion de sa politique extérieure (A) et la montée en puissance de sa diplomatie (B). |
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