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L'action des ong internationales dans les camps de refugies de Gore au Tchad


par Auriol DJEKODOUM NADJI
Institut des relations internationales du Cameroun/Université de Padoue - Master II en Relations Internationales Option« Coopération Internationale et Action Humanitaire  2019
  

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SECTION I : LE CADRE OPERATIONNEL

L'espace humanitaire doit être un espace de liberté d'action. Cela ne doit pas être pour autant un espace de désordre, sans coordination, responsabilité ou exigence de rendre compte. Faire cohabiter ces différentes exigences est un enjeu fondamental. Il se construit autour de trois grands axes à savoir : la coordination (entre les agences ainsi qu'avec les autorités tchadiennes pour la prise en compte de politiques nationales, etc.),la mise à disposition des ressources et enfin la mise en oeuvre de la responsabilité de chacun à rendre compte.

Entre « se coordonner avec » et « être coordonné par », il y a la nuance entre indépendance et subordination. Cette question, toujours sensible, a été rendue plus complexe encore du fait de difficultés de coordination entre trois grosses composantes : la composante Organes onusiens, celle autour des ONG et celle du gouvernement. Les liens entre coordination opérationnelle, coordination budgétaire et allocation des fonds occupent une place centrale dans les débats sur l'indépendance des acteurs humanitaires. Les expériences de Pool Funds laissent de nombreuses ONG sur la défensive car ces mécanismes d'attribution des fonds contrôlés par l'ONU induisent une perte d'indépendance des ONG, les transformant en simples prestataires de service. Ce sujet de préoccupation existe depuis longtemps parmi les ONG qui sont en forte dépendance de financements du HCR, de l'UNICEF ou du PAM et qui voient avec inquiétude les bailleurs de fonds transférer de plus en plus de ressources aux mécanismes onusiens de type Trust Fund tout en limitant les financements directs vers les ONG.

Paragraphe I- La mise en oeuvre de l'action des ONG internationales à Goré

L'opérationnalisation de l'action des ONG est un mécanisme suivant plusieurs canevas et nécessitant une certaine exigence allant de l'état des lieux qui est une étude préalable pour

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s'enquérir de la situation avant tout interventionnisme. Après l'étude des lieux, les acteurs humanitaires, en l'occurrence les ONG internationales comme dans notre cas précis procèdent à un déploiement ou encore une opérationnalisation. Cette phase nécessite la coordination des activités et la mise en place des partenariats avec différents autres acteurs humanitaires (Organes onusiens, le gouvernement ou dans la moindre mesure les ONG nationales) (A). L'étape préénoncée est suivie par l'observation des stratégies spécifiques pour l'effectivité des actions à entreprendre (B).

A- Les partenariats entre les ONG internationales et les organes des Nations Unies Collaboration et mise en oeuvre

La présence de l'ONU au Tchad est structurée autour du Représentant Coordinateur (RC) et Représentant Résident du PNUD, qui assume aussi la fonction de Coordinateur Humanitaire (HC). Présentes au Tchad pour des programmes de développement, les Nations Unies ont vu leur rôle se diversifier avec la crise des réfugiés du Soudan à l'Est et de la RCA au Sud (HCR, PAM) ainsi que celle des déplacés dans l'Est (HCR, PAM, UNFPA, UNICEF, FAO, avec OCHA pour la coordination). La coordination reste assez compliquée en raison d'une multiplication des instances, réunions et mécanismes, ceci notamment suite à la mise en place, dans le cadre de la Réforme Humanitaire des Nations Unies, du système des Clusters. La famille des « ONG internationales » comprend aussi bien des acteurs dotés d'une présence ancienne, liés aux églises ou à des projets de développement, que des nouveaux arrivés, les ONG humanitaires. A l'exception de quelques grosses structures, les équipes des ONG sont souvent relativement jeunes et parfois peu expérimentées pour le niveau de complexité des tâches qui leur sont confiées. Les ONG humanitaires sont souvent très dépendantes des financements des Nations Unies et des grands bailleurs humanitaires classiques (ECHO, OFDA, DFID). Face aux défis des dernières années, la majeure partie des ONG humanitaires au Tchad se sont regroupées au sein d'une instance de coordination, le Comité de Coordination des ONG (CCO), afin de pouvoir mieux définir des positions communes face aux autorités tchadiennes, aux Nations Unies. Les choses se sont modifiées quand les ONG ont commencé à se déployer dans la zone d'intervention.

La portée et les objectifs de la collaboration entre les ONG internationales et les organes des Nations Unies sont décrits dans la lettre d'entente de janvier 2011 ;

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Au Tchad, la collaboration opérationnelle entre ces acteurs est basée sur des mécanismes de coordination au niveau central et des sous-délégations/bureaux. Des partenariats de mise en oeuvre et opérationnels existent avec les organisations humanitaires internationales, nationales et gouvernementales qui sont présentes dans les camps et qui interviennent dans les différents domaines (santé, nutrition, eau, assainissement et hygiène, protection, services communautaires, etc.) Par ailleurs, il existe peu de contacts avec les acteurs du développement (comme le FAO, le PNUD ou le secteur privé par exemple), qui sont souvent absents des zones où les réfugiés se trouvent, et où les structures étatiques d'aide au développement n'ont elles-mêmes que très peu de moyens.

B- Le partenariat entre les ONG internationales, l'Etat tchadien

Pour ce qui du partenariat entre les ONG internationales et le gouvernement tchadien, il faut noter que le gouvernement fonctionne en termes de Plan de Réponse. Ce Plan de Réponse pour les Réfugiés contribue à la mise en oeuvre du pacte mondial en articulant des réponses multi-acteurs au profit des réfugiés et des communautés d'accueil, tels que définis par le gouvernement et ses partenaires. Dans l'application d'un cadre global de réponse pour les réfugiés, en tant qu'approche globale et inclusive de la société, un large éventail de parties prenantes collaborera avec le Tchad pour l'aider à faire face à l'impact de l'accueil des réfugiés sur ses communautés hôtes, à renforcer la résilience et à s'engager dans des programmes de développement au niveau national et provincial. Dans ce contexte, le gouvernement du Tchad sera soutenu par les agences des Nations Unies, la Banque mondiale à travers l'IDA, l'Union européenne et d'autres donateurs importants, les acteurs du développement, les organisations gouvernementales et non-gouvernementales (ONG), les acteurs de la société civile, les donateurs traditionnels et le secteur privé.

Lors de la table ronde des donateurs qui s'est tenue à Paris en septembre 2017, le gouvernement, appuyé par les agences du Système des Nations-Unies, a réussi à recueillir en promesses environ 20 milliards de dollars. Le présent plan de réponse aux réfugiés du Tchad (CRRP) s'aligne sur le PND qui garantit l'inclusion progressive des réfugiés dans les structures de développement nationales. À cette fin, les partenaires humanitaires à savoir les ONG internationales collaboreront étroitement avec les ministères et les institutions gouvernementales, en particulier avec le ministère en charge de l'Administration (y compris la CNARR et la DAPEC); le ministère en charge de la Planification, le ministère en charge de la

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Santé, le ministère en charge de l'Éducation, le ministère en charge de la Formation Professionnelle, le ministère en charge de l'Agriculture, le ministère en charge de la Justice et des Droits de l'homme et le ministère en charge de la Femme. Le Plan Cadre des Nations Unies d'Assistance au Développement (UNDAF Tchad 2017-2021) et le Plan de Réponse Humanitaire (HRP), dans lequel s'intègre ce Plan de Réponse pour les Réfugiés. Comprennent plusieurs points dont l'encadrement des réfugiés, la gouvernance, la paix et la sécurité. Ce point est crucial car il comprend aussi la protection de l'enfance, le système de protection sociale, la préparation aux situations d'urgence, les interventions en cas de crise et de catastrophes ainsi que le relèvement rapide.

La synergie entre les agences humanitaires se poursuivra en 2019-2020 pour répondre aux besoins des réfugiés (les nouveaux arrivés comme les personnes en situation de déplacement prolongé) à travers des actions en faveur de la protection, l'assistance, la résilience et la recherche de solutions durables. Les réponses aux situations prolongées sont basées sur un ciblage plus différencié et des initiatives complémentaires visant à améliorer la sécurité alimentaire, la nutrition et la résilience des réfugiés et de leurs communautés d'accueil. Un certain nombre d'ONG internationales (ACF, ACS, ADRA, AIRD, Care Worldwide, COOPI, CRS, HIAS, IRC, LWF, OXFAM, RET, WCDO, World Vision, World Concern) et nationales (ADES, APLFT, CRT, SECADEV) ont confirmé leur engagement à soutenir l'intégration socio-économique des réfugiés, des rapatriés et des personnes déplacées au Tchad. À cette fin, des partenariats sont établis avec des acteurs clés du secteur privé et des entreprises technologiques de premier plan. De ces partenariats peuvent émerger des modèles pour donner aux réfugiés les moyens de mettre en oeuvre des activités d'apprentissage et de subsistance au sein des communautés. La Commission Nationale d'Assistance aux Réfugiés (CNAR), dont tous les acteurs soulignent l'engagement, a été en charge d'une triple fonction : gérer les processus d'enregistrement des réfugiés bonafide en appui au HCR (CNAR Civile), la sécurité des camps (CNAR Gendarmerie) et enfin la mise en place, dans certaines zones, des mécanismes de médiation entre réfugiés et populations hôtes.

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