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L'action des ong internationales dans les camps de refugies de Gore au Tchad


par Auriol DJEKODOUM NADJI
Institut des relations internationales du Cameroun/Université de Padoue - Master II en Relations Internationales Option« Coopération Internationale et Action Humanitaire  2019
  

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Paragraphe II : De la situation initiale aux conditions actuelles des réfugiés

La solidarité humaine est le fondement de la vie en société. Elle a toujours fait partie intégrante de la vie en groupe. C'est dans ce sens que les actions visant à alléger les souffrances et à améliorer les conditions de vie des démunis ont toujours existé, et c'est ce qui anime l'action des ONG internationales dans les camps de réfugiés de Goré. Les ONG internationales exprimant ainsi un élan de solidarité à l'endroit des populations vulnérables et nécessiteuses. Cependant, avant que ces dernières n'assistent ces populations venues de la RCA, les réfugiés

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se trouvaient dans des situations précaires(A) mais cette situation est passée d'un niveau à un autre grâce à l'intervention des ONG internationales (B).

A- La situation de précarité des réfugiés

Pour mieux s'enquérir de la situation initiale, un exercice conjoint d'étude entre le PAM et le HCR au Tchad avec méthodologie participative et qualitative et largement inspirée par l'approche «Wealth Ranking» du HEA (Household Economy Approach) a permis de faire une typologie des ménages en fonction de leur niveau de richesse. Cette méthodologie, appelée Enquête Multisectorielle de Vulnérabilité (EMV), a été menée dans plusieurs camps ciblés. Ainsi, quatre groupes de richesse ou catégorie socio-économique ont été définis et caractérisés (Très Pauvres, Pauvres, Moyens et Nantis) dans les camps de réfugiés au sud du pays comme établis dans les EMV. Lors des focus group dans les camps de réfugiés non encore ciblés, des questions relatives à cette catégorisation des ménages ont été discutées et selon les réfugiés, en général quatre groupes économiques peuvent être considérés dans leurs camps (très pauvres, pauvres, moyens et aisés).

Cette différence entre les groupes réside dans les biens possédés pour subvenir à leurs besoins, la disponibilité alimentaire, le revenu journalier, la production agricole, la possession de ruminants et le commerce. Ainsi :

Les plus aisés ont plusieurs sources des revenus, comme le commerce, le maraichage, ils mènent des activités de transport (charrette, moto ou même la voiture), ils disposent de bétail, et certains ont des motopompes. Sur le plan social, ils sont bien considérés dans la société et ont la capacité d'inscrire tous leurs enfants à l'école (écoles de fortune). Les activités principales des moyens sont le petit commerce, l'élevage et l'agriculture. Les pauvres ne disposent pas des moyens financiers et économiques, ils sont souvent employés parles groupes les plus aisés. Ils dépendent principalement de l'assistance humanitaire. Ils ne possèdent pas de véhicules et ne pratiquent pas le commerce. Les ménages très pauvres n'ont pas de ressources et dépendent presque principalement de l'assistance alimentaire et de la solidarité pour vivre.

Toutefois, dans les camps de réfugiés il existe des systèmes traditionnels d'octroi de prêts, basés sur la confiance entre réfugiés et souvent par le biais d'un garant. L'accord de prêt ou de crédit par les commerçants (externes et internes aux camps) se fait sur la base des capacités à rembourser du demandeur. La plupart des prêts se remboursent en espèces ou en nature, ou parfois en échange d'un travail domestique. La pratique de l'usure dans ces milieux

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est très courante et le non-remboursement peut engendrer certaines tensions entre les communautés et a des recours à des stratégies de survie extrêmes.

Les réfugiés pratiquent des activités diverses, mais très peu de ménages ont plus de deux sources de revenus (7% des ménages). De manière globale, la vente des produits agricoles, le petit commerce non alimentaire et le travail journalier sont les trois activités principales génératrices de revenus dans les camps de réfugiés.

Les activités économiques que les réfugiés ont citées sont l'agriculture, l'élevage, le petit commerce, la fabrication de briques et la maçonnerie, mais aussi dans le travail journalier rémunéré chez les familles autochtones (soit dans leurs champs soit à la maison comme domestiques). La vente de poisson séché, de bois de chauffe et la paille pour les animaux, constitue une source de revenu importante pour les réfugiés. Il a été mis en exergue l'existence de possibilités d'emploi dans les ONG, comme traducteurs, animateurs, enseignants et agent de santé dans le camp. Certaines opportunités se présentent en dehors des camps, comme commerçants, gardiens, enseignants ou d'autres petits métiers (forgerons, maçons, menuisiers, réparateurs de vélos et de motos).L'artisanat, la cueillette et vente de miel sont les sources génératrices des revenus pour les réfugiés. Certains réfugiés reçoivent des transferts monétaires de la part de certains membres de familles installées à l'étranger. La population hôte est principalement active dans les cultures pluviales et le maraichage, l'élevage, le petit commerce ainsi que la collecte et vente de bois de chauffe. Les hommes parcourent habituellement de longues distances à la recherche de travail, pendant que les femmes cherchent habituellement une occupation autour de la maison, de manière à pouvoir continuer à gérer la famille et prendre soin des enfants. Unanimement les réfugiés indiquent que la possibilité de trouver un travail rémunéré reste très limitée. L'insécurité aussi est une contrainte majeure pour trouver des opportunités en dehors des camps, surtout pour les femmes qui peuvent être confrontées à des violences ou des abus. Le manque de moyens et de matériels, l'absence de microcrédit affectent le commerce et d'autres petits métiers.

Le statut socio-économique des ménages influe sur leurs dépenses et principalement sur l'alimentation et les autres secteurs (santé, éducation, transport, habillement, etc.). Selon les résultats des enquêtes, environ 60% des ménages enquêtés consacrent au moins 75% de leurs ressources à l'achat de nourriture avec une moyenne de 63%. Les discussions de groupe dans les camps et la communauté hôte montrent aussi que les ménages réfugiés consacrent essentiellement leurs dépenses aux besoins alimentaires. En effet, les femmes du groupe des

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pauvres et des très pauvres déclarent consacrer 60 % de leurs revenus à l'alimentation. Les 40 % restant des dépenses permettent de couvrir divers autres besoins dont l'éducation, la santé, l'habillement, les combustibles domestiques, les abris, etc. L'accès au crédit formel pour les populations réfugiées reste problématique à cause de leur statut dans le pays d'accueil qui ne leur permet pas d'avoir accès aux banques et institutions d'épargnes et de crédits car ne remplissant pas les conditions d'éligibilité.

En effet, l'insécurité alimentaire touchait 22.6% des ménages contre 44.1% cette année. La dégradation de la situation alimentaire est aussi en grande partie liée à la mauvaise qualité de la campagne agricole qui affecte tant les ménages réfugiés que ceux autochtones globalement dans le pays et au niveau des zones qui abritent les camps de réfugiés. L'insécurité alimentaire à globalement progressé, quoi que légèrement, de 5% au niveau national et 1.5% dans les régions du Logone Oriental et Moyen Chari. Dans les camps de Goré 56,2 % des ménages étaient en insécurité alimentaire, en grande partie due à une consommation pauvre et à un usage accru des stratégies qui érodent les moyens d'existence des ménages.

Le nouvel afflux illustre le fait que des retours volontaires massifs sont improbables dans le court terme. Lors du dernier afflux, une approche de « villagisation » a été adoptée pour intégrer les réfugiés au sein des populations d'accueil86.

Figure 1 : Les réfugiés centrafricains à Amboko

86Mission d'évaluation conjointe HCR/PAM de la situation des réfugiés centrafricains au Tchad

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Source : CNAR, Mars 2019

B- L'amélioration des conditions de vie des réfugiés grâce à l'action des ONG internationales à Goré

En 2015, le HCR et le PAM ont commencé à développer un Programme conjoint pour l'autosuffisance des réfugiés et des populations hôtes du Tchad dont l'objectif est de réduire progressivement la dépendance des réfugiés vis-à-vis de l'assistance humanitaire et de renforcer proportionnellement les moyens d'existence dans une optique d'autonomisation. L'approche proposée consiste à optimiser l'utilisation des ressources à travers une assistance multisectorielle ciblée fournie selon les besoins spécifiques de chaque ménage d'une part et, d'autre part, un investissement dans les moyens d'existence de sorte à favoriser l'auto prise en charge. A ce jour, le plan de mise en oeuvre du programme est élaboré par le concours des ONG internationales et les différents objectifs, bien qu'ils ne soient pas atteints sont en cours d'exécution. On constate donc que des liens entre les activités de renforcement des moyens d'existence et d'assistance alimentaire sont établis et que les deux programmes fonctionnent souvent en collaboration. Le programme conjoint pour l'autosuffisance des réfugiés et des populations hôtes du Tchad, 2015-2020 est péniblement en marche. Malgré cela, une nouvelle stratégie nationale de promotion des moyens d'existence durables 2015-2020 pour les réfugiés a été récemment adoptée par le HCR. Pour la mise en oeuvre, le HCR et ses partenaires à savoir les ONG internationales ont fait un effort pour réaménager son budget interne afin d'accorder une part plus importante aux activités d'autosuffisance. L'assistance alimentaire continue du PAM est tout aussi cruciale car il a permis aux ménages de maintenir ou renforcer leurs activités de subsistance. D'où la pertinence toujours d'actualité du programme conjoint, surtout que le PAM envisage des coupures imminentes de l'assistance alimentaire. Ici, il convient de noter que certains réfugiés sont restés toujours dépendants au moins en partie de l'assistance alimentaire, étant donné l'environnement où ils vivent et les activités de subsistance que leur permet leur statut ou leur condition.

En partenariat avec les deux agences, les ONG ont développé et utilisent plusieurs outils pour collecter des données sur l'évaluation des besoins, le suivi et l'évaluation dans le domaine de la sécurité alimentaire et nutritionnel. Les réfugiés Centrafricains sont à Goré depuis le début de la crise. Leur retour dans leur pays d'origine n'est pas motivé par le fait de l'instabilité. Ils reçoivent une assistance du Gouvernement appuyé par la communauté humanitaire. Dans les différents secteurs les avancées ont été notées, mais pour le moment il

n'existe pas des solutions durables pour la majorité des réfugiés. Au niveau de renforcement de moyens de subsistance. Dans les camps de Goré, le programme d'assistance des refugies et population hôte dans le cadre des programmes de production agricole et petit élevage a permis d'améliorer la situation socio-économique des bénéficiaires. La situation de la sécurité alimentaire des réfugiés est restée quasiment stable à Goré. Par ailleurs l'afflux des nouveaux réfugiés et des retournés Tchadiens venant de Centrafrique a négativement influencé les disponibilités et l'accès aux produits alimentaires dans les régions hôtes du Sud. Faute des ressources les actions d'accompagnement de cette catégorisation n'ont pas pu être mises en place. Ainsi un programme conjoint pour renforcer les moyens de subsistance et les opportunités des revenus a été élaboré. Néanmoins, la situation de la malnutrition aigüe globale est élevée dans la communauté hôte comparée aux camps des réfugiés87.

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87ibid

CHAPITRE II : L'OPERATIONNALISATION DES ONG

INTERNATIONALES DANS LES CAMPS DE REFUGIES DE GORE

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L'opérationnalisation des ONG internationales à Goré est encadrée par un arsenal d'instruments juridiques et mécanismes institutionnels, mais au-delà de ces mécanismes et instruments il y'a le problème d'opérationnalisation qui consiste à se déployer sur le terrain notamment dans les différents camps de Goré afin d'assister au mieux les réfugiés. Pour ce faire, cette phase suit un certain nombre de stratégies bien spécifiques aux ONG (Section I) ensuite il y'a l'effectivité qui consiste mettre en oeuvre les projets à travers des réalisations tant visibles qu'appréciables (Section II).

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984