CONCLUSION PARTIELLE
Les résultats obtenus nous montrent qu'avec les
traitements avec l'extrait aqueux du Costus afer on a un pHeau qui est
au moins égale au pHeau sous le traitement T0. Sous les traitements avec
le biofertilisant le sol est plus stable que sous T0 et T6. En ce qui concerne
les rendements grain, le traitement T5 donne un rendement de 1,5 t/ha. C'est un
résultat très satisfaisant pour un biofertilisant encore dans son
état embryonnaire contrairement à l'engrais minéral qui
est utilisé depuis des siècles et qui fait toujours l'objet de
plusieurs travaux de recherche. Il convient de rappeler que le plus haut
rendement en grain (2,3 t/ha) a été obtenu avec les engrais
minéraux. Ce traitement a également entrainé une baisse du
nombre des microorganismes de même que les traitements T3 et T1.
40
CHAPITRE VI : DISCUSSION
Ce chapitre présente la discussion des
différents résultats obtenus au cours de cet essai. Il s'agira
pour nous de donner une explication des points saillant de ce travail afin de
pouvoir contribuer à l'amélioration des connaissances dans une
gestion durable du carbone dans les agroécosystèmes,
particulièrement, en riziculture sur tourbe.
VI.1 POTENTIALITE AGRICOLE DU BAS-FOND
La forte richesse en matière organique (M.O) du sol de
bas-fond constatée dans notre étude pourrait s'expliquer par la
présence de l'eau pendant une période très longue de
l'année. Ainsi selon la FAO (2012), dans les conditions de saturation en
eau toute l'année, le processus de décomposition des plantes est
ralentie a un tel point que les plantes mortes s'accumulent pour former la
tourbe. Au fil des millénaires, la M.O s'accumule et atteint plusieurs
mètres d'épaisseur créant ainsi un sol organique
(Lavigne et al, 1996). Aussi, durant la saison pluvieuse, l'occurrence
de la crue d'eau pourrait accroitre la durée du cycle de la
matière organique (débris végétaux) entre celui du
pool de carbone actif et du carbone passif (Mils et al. 2014). Il en
résulte une décomposition partielle de la matière
organique. Ces effets saisonniers contribuent au développement d'une
forte épaisseur d'horizon organique (Traoré, 2013 ; Konan, 2013 ;
Akassimadou et Yao-Kouamé, 2014). Ce processus peut réduire
considérablement le pH et conduire à la formation de sols
très acides à faible CEC (Akassimadou et al., 2014). Les
sols tourbeux constituent une précieuse réserve mondiale de
carbone. En effet de grandes quantités de carbones atmosphériques
fixées aux tissus végétaux par la photosynthèse
sont enfermées dans cet écosystème. Cette écologie
contribue de façon significative à la régulation
climatique (Campbell-Renaud, 2014 ; Konan et al., 2017). L'azote (N)
étant intimement lié au carbone organique (Dorel et al.,
2005), son évolution ou son comportement s'apparente à ce
dernier. Le rapport entre ces deux éléments (C/N) est un
indicateur de la qualité de M.O. Le rapport C/N élevé
indique une mauvaise décomposition de la M.O avec plusieurs
conséquences comme une faible disponibilité de N pour les plantes
et une activité microbienne réduite (Genot et al., 2009,
Jandl et al., 2012). Le rapport C/N dans le sol étudié
est très élevé (C/N = 20.64 » 14). Cette valeur
traduit une minéralisation très faible impliquant une mauvaise
décomposition de la M.O et une déficience en
éléments nutritifs.
VI.2 POUVOIR REGENERATIF DU COSTUS
AFER
Les différents traitements avec l'extrait aqueux du
Costus afer fermenté améliorent la stabilité
structurale du sol qui passe de 99,74 % pour le témoin à 99,82 %
pour le traitement T2. Cette amélioration de structure est due à
la présence de bactérie dans la solution aqueuse de Costus
afer (Koné, 2021). De plus l'augmentation du nombre de
bactérie sous les traitements avec l'extrait
41
aqueux pourrait sans aucun doute contribuer à
l'amélioration de la stabilité structurale du sol. Ces
microorganismes produisent des molécules organiques qui contribuent
à la cohésion du sol (Ritz et Myoung, 2004). En plus de cela, il
est reconnu que ces microorganismes se nourrissent de carbone et d'azote
(McInerney et al., 2009) qu'ils vont restituer au sol par leurs
cadavres fournissant ainsi du carbone structural au sol (saturation en
carbone). On observe de façon générale une augmentation de
la population microbienne sous les traitements avec l'extrait aqueux du
Costus afer. Cette prolifération pourrait être due aux
molécules organiques contenus dans notre biofertilisant (Han et
al., 2005) ; car ces microorganismes se nourrissent de carbone et d'azote
(McInerney et al., 2009). Toutefois les traitements T1 et T3
entrainent une réduction du nombre de microorganismes. L'augmentation du
pHeau sous les traitements avec le biofertilisant traduisent une baisse de
l'acidité du sol sous ces différents traitements.
L'amélioration des propriétés du sol par l'utilisation de
l'extrait aqueux de Costus afer fermenté durant cette
étude répond ainsi à la préoccupation de maintien
de l'écosystème des sols tourbeux.
|