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Approche communicationnelle des films de fiction


par Alexandre Chirouze
Université Montpellier 3 - Doctorat 2006
  

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EPILOGUE

Plan 14 : Plan rapproché de profil. M. Dupond boit son verre devant la photo.

Plan 15 : Bruits d'une porte qui s'ouvre. Gros plan sur des jambes de femme.

Fondu au noir.

Le quatrième scénario présente le mari comme un homme d'affaires impatient et intéressé.

Scénario 4 : Le mari intéressé

Plan 1 :

Intérieur nuit. Un bureau d'un homme d'affaires.

Plan de demi-ensemble : Monsieur Dupond, brillant homme d'affaires, traverse de long en large son bureau avec impatience. Il regarde sa montre.

Plan 2 : Plan rapproché de M. Dupond

Plan 3 : Gros plan sur le téléphone qui sonne. La main de M. Dupond décroche précipitamment le combiné du téléphone.

Plan 4 : Plan rapproché poitrine sur M. Dupond.

M. Dupond : « oui ! »

Interlocuteur en voix off : « Monsieur Dupond, je vous téléphone pour vous annoncer le décès de votre femme. On a tout fait pour qu'elle ne souffre pas».

Plan 5 : Plan rapproché sur M. Dupond, en contre-plongée.

M. Dupond : « Merci de m'avoir prévenu ».

M. Dupond raccroche le combiné et se lève. Il marche quelques pas et regarde par la fenêtre de son bureau.

Plan 6 : Plan rapproché de profil de M. Dupond. Silence.

Plan 7 : Plan américain. M. Dupond traverse son bureau pour regarder le portrait de sa femme accroché au mur (ou posé sur un meuble). A mi-chemin, il s'arrête pour ouvrir son mini-bar.

Plan 8 : Gros plan sur la porte du mini-bar. On entend des bruits de verres et de bouteilles.

Plan 9 : Plan rapproché de dos. M. Dupond s'avance vers le portrait de sa femme.

Plan 10 : Travelling avant vers le portrait de Mme Dupond.

Plan 11 : Plan rapproché poitrine de dos de M. Dupond.

Plan 12 : Gros plan sur le portrait de Mme Dupond.

Fondu au noir.

EPILOGUE

Plan 13 : Plan rapproché de profil. M. Dupond se sert un verre et il le boit.

Fondu enchaîné

Plan 14 : M. Dupond se rassoit à son bureau, ouvre un tiroir et en sort un dossier.

Plan 15 : M. Dupond ouvre le dossier

Plan 16 : Gros plan sur le contrat d'assurance décès et le contrat Obsèques.

Plan 17 : Plan rapproché. Il parcourt les contrats en terminant son verre.

Ces quatre scénarii numérotés furent validés lors d'une réunion de recherche du CERIC.

Nous avons alors procédé au découpage technique plan par plan. Les contraintes esthétiques et techniques notamment celles liées aux lieux et heures de tournage, aux décors, etc. nous ont obligé à augmenter le nombre de plans. Cela explique que le nombre de plans soit plus grand que prévu dans chaque version : une vingtaine dans le découpage technique contre une quinzaine dans le scénario numéroté393(*).

Par ailleurs, lors du tournage, le scénario 4 fit l'objet de deux versions légèrement différentes, principalement dans l'épilogue. C'est la seule fois que nous nous sommes écarté du découpage technique précis (N°4) pour donner, un moment, libre cours à notre « improvisation » lors du tournage ; spontanéité très vite recadrée dans un découpage technique plan par plan, N°5 (Othnin-Girard, 1993).

Après montage, la comparaison entre les 4 scénarii originaux et leur version définitive (Bessière, 2000), au nombre total de cinq, montre très peu de différences ; ce qui était bien entendu recherché.

Quant à la comparaison entre les cinq versions définitives entre elles, elle met en évidence que leur différence vient de détails dans la bande image et la bande son ; ce qui était également prévu et souhaité pour voir l'influence d'un élément filmique (par version) sur le sens global du film.

II- Les cinq versions filmées

Cette présentation des cinq versions détaille les composantes techniques et narratives de chaque plan ainsi que le sens que voulait en donner le réalisateur. Chaque plan devant avoir une signification intentionnelle, nous avons choisi, avec précaution et respect des conventions, les éléments filmiques constitutifs et les interventions sur les contextes (Mucchielli, 2001) :

 - le contexte spatial, notamment par le choix du lieu de tournage, des décors intérieurs et extérieurs, des échelles de plan, etc.,

- le contexte temporel, en jouant sur la continuité vs la discontinuité du récit grâce à des liaisons, des ellipses spatio-temporelles, le flashback, la luminosité du jour, etc.,

- le contexte physique et sensoriel, en travaillant la prise de vues, la lumière, la musique, les voix, etc.,

- le contexte relationnel social immédiat, en travaillant les dialogues, les gestes, les intonations, les marques de sympathie ou d'antipathie entre les personnages, etc.,

- le contexte des positions respectives, en choisissant avec soin les attitudes et indices paralinguistiques du statut, de la culture, les indices du niveau social (costumes, habitation, lieu de travail), le tutoiement ou le vouvoiement, etc.,

- le contexte culturel ou subculturel de référence aux normes et règles collectivement partagées en faisant intervenir des normes au cours du film : usages, formules de politesse, accents, symboles, codes, etc.,

- le contexte identitaire en agissant sur la façon d'être des comédiens, leur manière de parler, de réagir, et tout ce qui peut révéler leurs intentions, leurs valeurs, etc.

Rappelons qu'un même élément filmique, par exemple, les vêtements d'un personnage, peut agir sur plusieurs contextes. Le sens est le résultat de processus complexes et systémiques  (Mucchielli, 1998). C'est un « construit », une émergence, une résultante provisoire de significations prises par les « productions » faites dans les contextes (Corbalan, 2003). Autrement dit, en intervenant sur ces différents contextes, nous (réalisateur), mais aussi les spectateurs, allons transformer les contextes et ainsi participer à la construction du sens.

Nous avons donc utilisé la méthode sémio-contextuelle non pour analyser un message préexistant (Boistel, 2003) mais, en amont de la création et pour réaliser et monter les cinq versions de notre court-métrage de fiction.

Dans les cinq versions, le personnage principal est joué par un véritable cadre supérieur d'une compagnie d'assurances, âgé de 50 ans. Le bureau dans lequel sont tournées les scènes en intérieur est le bureau du Directeur Régional de la Compagnie AGF à Montpellier. Le tournage en intérieur eut lieu en fin de journée (19-20 H.). Le tournage en extérieur fut effectué sur la plage de l'Espiguette en Camargue (Commune de Grau-du-Roi, Gard, France) dans l'après-midi. La femme qui marche dans le sable est jouée par une femme brune âgée de 50 ans. Les prises de vues en intérieur et en extérieur furent réalisées, en novembre et décembre 2003. Les scénarios, la mise en scène, le tournage et le montage sont d'Alexandre Chirouze.

La musique de fond est identique dans les cinq versions. Il s'agit tout le long du film d'une musique extraite d'un volume de musique asiatique de Qi Gong. Elle fut choisie pour l'ambiance énigmatique qu'elle génère.

Dans les tableaux suivants, nous avons indiqué pour chaque plan : - la durée du plan qui joue notamment sur le contexte sensoriel, - le lieu et le moment de la situation qui interviennent forcément sur les contextes spatial et temporel, - l'échelle de plan qui peut également agir sur plusieurs contextes, sensoriel, spatial, etc., - le contenu du plan qui est pluri-contextuel par nature, - enfin, la liaison ou raccord qui peut intervenir sur le sens de différentes manières, notamment sur le contexte normatif selon le niveau de connaissance des codes du montage par le spectateur.

* 393 Sauf pour les versions 4 et 5

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