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Droits de l’homme et conservation de l’environnement: cas des droits des peuples autochtones de la forêt


par Marthe Ngo Ngue Tegue
Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) - Master en Relations Internationales 2022
  

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A- L'encadrement textuel

Le Cameroun, comme d'autres pays africains, fait du droit de l'environnement un outil essentiel de la protection de la nature et de ses ressources. C'est pourquoi un dispositif institutionnel destiné à faciliter la mise en oeuvre de ce droit84 est mis en place. Outre ces textes d'origines nationales, il convient de mentionner un grand nombre de conventions internationales à vocation universelle ou régionale consacrées à la gestion du milieu naturel auxquels fait partie le Cameroun et qui ont acquis force juridique au plan national du fait de leur ratification par les autorités nationales85. L'on présentera donc les dispositifs nationaux (1) et les instruments juridiques internationaux de l'environnement (2).

1- Le dispositif national de l'environnement

Bien que relativement jeune, le droit camerounais de l'environnement connait depuis la colonisation, un développement significatif avec la participation du Cameroun à la Conférence des Nations Unies sur l'Environnement et le Développement (CNUED) à Rio en

83 Voir les développements de KAMTO (Maurice) sur les sources du droit de l'environnement en Afrique. In, Droit de l'environnement en Afrique, Sénégal, décembre 2004, p. 66.

84 Lire à ce sujet les développements de NDOUBE BILLE (Stéphane) « Les moyens de mise en oeuvre du droit de l'environnement », in Evolution des institutions de mise en oeuvre du droit de l'environnement et du développement RJE 1993, pp. 5-10.

85 Il faut dire ici que le Cameroun a ratifié la plupart des conventions internationales (universelles et régionales) sur l'environnement. Ce qui l'engage à donner une application effective au plan national desdites conventions. A cet égard, le droit camerounais de l'environnement constitue une dynamique marquée par la vitalité et la diversité de règles qui le composent.

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1992. Ce développement s'est traduit en effet par la multiplication d'instruments législatifs et règlementaires relatifs à la conservation du milieu. Toutefois, tout ce dispositif normatif environnemental trouve son fondement dans la Constitution du 18 janvier 1996 portant modification de la Constitution du 02 juin 1972 et modifiée en 2008 qui jette dès lors les bases juridiques86de protection de l'environnement.

Bon nombre de Constitutions africaines ont adopté à peu près les mêmes formulations unifiées par référence à l'article 24 de la Déclaration des Droits de l'Homme et des Peuples87. Cette référence à l'environnement est formulée dans la Constitution du Cameroun, dans son préambule en ces termes :

Le peuple Camerounais [est] résolu à exploiter ses richesses naturelles afin d'assurer le bien-être de tous. [...] Toute personne a droit à un environnement sain. La protection de l'environnement est un devoir pour tous. L'Etat veille à la défense et la promotion de l'environnement88. Cette formulation n'est pas sans effet car elle garantit un droit de l'environnement mais aussi des obligations à tous les acteurs de ses démembrements de « défendre et de conserver le milieu naturel au profit des générations présentes et futures »89.

C'est de façon inconsciente et par des voies détournées que le droit camerounais postcolonial s'est intéressé à la protection de l'environnement. Fort est de constater que le droit camerounais de l'environnement connait une évolution significative depuis la

86 La Constitution est dans tout Etat, selon l'expression du Doyen Vedel «la base de tout système juridique ».

87 Au sens de cet article, «tous les peuples ont droit à un environnement satisfaisant et global propice à leur développement».

88 La lettre de l'article 65 du texte constitutionnel de 1996 intègre expressément le préambule au sein de la Constitution. Cette déclaration explicite implique de facto que l'ensemble des dispositions contenues dans le préambule font partie intégrante de la loi fondamentale. Toutes ces dispositions se trouvent ce faisant alignées sur l'ensemble du régime des autres dispositions constitutionnelles (V. MINKOA SHE (Adolphe), Droits de l'homme et droit pénal au Cameroun, Paris, Economia, Coll. « La Vie du Droit en Afrique », 1999 p. 26). Ainsi, l'affirmation de la valeur juridique du préambule de la constitution n'a pas épuisé la problématique de la force contraignante des normes qui y sont édictées. Toutefois, il convient, du reste dans le texte, d'identifier les normes dont la violation peut donner matière à un contrôle de constitutionnalité et dont la violation peut être sanctionnée par le juge et celles qui ne répondent pas aux critères d'identification des normes juridiques. En effet, la force juridique de chacune des normes inscrites dans le préambule est détachable de la valeur juridique globale du texte du préambule. Bien plus, le droit requérant précision, certitude et étant exclusif des principes faiblement déterminés, il convient de séparer dans le préambule les normes certaines, des normes incertaines (V. MOUANGUE KOBILA (James), « Le préambule du texte constitutionnel du 18 janvier 1996 : De l'enseigne décorative à l'étalage utilitaire », Lex Lata, n° 23-24, févr. Mars 1996, p. 36.

89Paulo affonse leme MACHADO, « L'environnement dans la Constitution brésilienne », Les Cahiers du Conseil Constitutionnel n° 15, 2003.

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participation du Cameroun à la Conférence de Rio de 199290. Ce qui fait du Cameroun depuis plusieurs années un vaste chantier normatif en la matière91.

Bien plus, il n'existe aucune réglementation récente d'actualité en matière de ressources biologiques et de protection des écosystèmes marins et côtiers, de même en ce qui concerne le patrimoine culturel et l'aménagement du territoire. Quid d'instrument juridique international.

2- Les instruments juridiques internationaux de l'environnement approuvé par le Cameroun

La spécificité du droit de l"environnement92 a conduit les autorités publiques camerounaises à adopter des mécanismes spécifiques pour la sauvegarde de leur environnement naturel. En plaçant la règlementation internationale dans le registre des mécanismes développés par le droit international93, on ne peut en exclure les différentes Conventions internationales relatives à l'environnement dont fait partie le Cameroun.

Le Cameroun a adhéré à de nombreuses conventions internationales, qui participent au renforcement de la coopération internationale, régionale et sous régionale. Sans prétendre à une énumération exhaustive de toutes les conventions auxquelles fait partie le Cameroun, nous allons énumérer quelques-unes à vocation universelle, d'une part et régionale d'autre part.

Le Cameroun a ratifié certaines conventions internationales à vocation universelle de protection de l'environnement à l'instar de :

- Le Commerce International des espèces de faune et flore sauvages menaces d'extinction ratifiée le 07 septembre 1981 ;

90 KAMTO (Maurice), op.cit., note 27. pp. 66-67. Pour l'auteur, certes depuis Stockholm et quelque fois avant, [le Cameroun] a édicté des normes relatives à la protection des espaces et des espèces fauniques. Mais c'est seulement, depuis le début des années 1990 qu'apparait dans le [droit camerounais] des normes spécifiques à la protection de l'environnement. Plus couramment, la question était abordée indirectement à travers certaines branches du droit tel le droit des espaces, le droit de l'urbanisme et de la construction, le droit minier, le droit forestier.

91 KAMTO (Maurice), op. Cit, note 27, p. 67.

92 Le droit de l'environnement a pour objet l'étude de l'ensemble de normes juridiques relatives à la protection de l'environnement sous ses diverses formes terrestres, naturelles, culturelles, spatiales etc. C'est un droit transversal, technique et complexe. Ses champs tendent à se diversifier au fur et à mesure des avancées scientifiques et techniques. A juste titre, Michel Prieur dit : « Chacun sait que l'environnement n'a pas de frontière ; c'est pour cette raison que les Etats ont été obligés d'élaborer de nouvelles règles de droit international pour lutter contre les pollutions, pour protéger la faune et la flore ».

93 Ces mécanismes ne sont pas propres au droit international. Pour la plupart, ils ont émergé dans les droits nationaux. Voir KISS (Alexandre), BEURIER (Jean-Pierre), Droit international de l'environnement, revue juridique de l'environnement, 2ème édition, 2001, p. 177.

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- La Convention cadre sur les Changements Climatiques ratifiée le 14 juin 1982 ;

- La Convention sur la lutte contre la Désertification ratifiée le 29 mai 1997 ;

- La Convention sur la Diversité Biologique ratifiée le 19 octobre 1997 ;

- La Convention de Bâle sur le Contrôle des Mouvements Transfrontières - des Déchets

dangereux et leur élimination ratifiée le 11 février 2001 ;

- Le Protocole de Kyoto ratifié le 23 juillet 1989 ;

- La convention de Paris sur la désertification en Afrique du 17 juin 1994.

Le Cameroun a ratifié les instruments à vocation régionale qui se déploient tant au plan continental qu'au niveau sous régional tels que :

- La Convention Africaine d'Alger sur la conservation de la nature et des ressources naturelles du 15/09/1968, révisée le 11 juillet 2003 à Maputo en Nairobi, et devenue Convention de Maputo du 23 septembre 2003 ;

- La Convention de Nairobi sur les changements climatiques du 14/06/1992 ;

- Le Traité relatif à la conservation et la gestion durable des écosystèmes forestiers d'Afrique Centrale ;

- L'Accord de Libreville(Gabon) de coopération et de concertation entre les Etats de l'Afrique Centrale sur la conservation de la faune sauvage du 16/04/1983 ;

- L'Accord d'Enugu (Nigéria) sur le règlement conjoint relatif à la faune et à la flore dans le bassin conventionnel du lac Tchad du 03/12/1977.

Fondamentalement, le fait pour le Cameroun d'intégrer dans son cadre normatif interne les mécanismes de protection de l'environnement traduit l'attachement des pouvoirs publics aux mécanismes juridiques internationaux. En clair, les textes nationaux sont renforcés et complétés par des conventions internationales en matière d'environnement auxquels fait partie le Cameroun. L'ensemble de ces textes consacrent le corpus juridique environnemental qui concourt à donner un sens au droit de l'environnement camerounais. C'est ce qui traduit la volonté du législateur camerounais à vouloir résoudre les problèmes que pose notre environnement.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote