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Droits de l’homme et conservation de l’environnement: cas des droits des peuples autochtones de la forêt


par Marthe Ngo Ngue Tegue
Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) - Master en Relations Internationales 2022
  

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A- La faible capacité politique des pygmées

Le peuple autochtone fait face à la non-participation et à l'absence de consultation des communautés pygmées (1), sans oublier la faible représentation de ces derniers dans les institutions locales et nationales (2).

1- La non-participation et la non consultation des communautés pygmées

Le préambule de la Constitution camerounaise consacre la participation et la consultation de ses citoyens en ces termes : « chacun doit participer, en proportion de ses capacités, aux charges publiques »243. Cela peut être interprété comme un devoir pour chaque citoyen, en fonction des capacités de tout un chacun. De même, la loi de 1996 portant loi cadre relative à la gestion de l'environnement consacre une partie à la participation des populations, posant ainsi les bases de ce principe. L'article 72 dispose : « La participation des populations à la gestion de l'environnement doit être encouragée notamment à travers : le libre accès à l'information environnementale, sous réserve des impératifs de la défense nationale et de la sécurité de l'Etat ; des mécanismes consultatifs permettant de recueillir l'opinion et l'apport des populations ; la représentation des populations au sein des organes consultatifs en matière d'environnement ; la production de l'information environnementale; la sensibilisation, la formation, la recherche, l'éducation environnementale »244.

243 Loi n°2008/001 du 14 avril 2008 modifiant et complétant certaines dispositions de la loi n°96/06 du 18janvier 1996 portant révision de la constitution Du 02 juin 1972.

244 Loi de 1996 portant loi-cadre relative à la gestion de l'environnement.

Rédigé par NGO NGUE TEGUE Marthe Page 90

Droits de l'homme et conservation de l'environnement : cas des droits des peuples autochtones de la

forêt

Cet article permet de ressortir la reconnaissance du droit des populations à participer et à être consultés. Ce qui permet également d'avoir en vue les objectifs que visent la consultation. Ce principe voudrait que tout citoyen soit préalablement informé sur les implications que toutes activités pourraient avoir sur l'environnement. Il en va de même de celles relatives aux activités dangereuses. Ce qui conduit à ce que chaque citoyen veille à la sauvegarde et à la protection de l'environnement et les décisions concernant l'environnement soient prises après concertation publiques avec les communautés ou groupes concernés pour une portée générale des actions à mener.

Toutefois, l'information partagée devrait concorder avec la culture des peuples autochtones de la forêt, pour faciliter la compréhension. Cependant, les textes législatifs et réglementaires nationaux ne facilitent pas toujours la tâche à ce peuple, car les modes de communication ne correspondant pas aux leurs. C'est le cas par exemple de l'information par voie d'affichage, consacrée dans le décret n° 95/591 fixant les modalités d'application du régime des forêts245. Cela étant consacré comme le mode privilégié d'information lors des procédures de classement des concessions et des aires protégées pour les communautés. Cette disposition ne rend pas service aux populations qui sont pour la plupart sous-alphabétisées ou qui ne comprennent avec le langage utilisé pour transmettre les données.

La participation qui est également reconnue de manière spécifique aux peuples autochtones est une exigence des agences de financement telles que la Banque mondiale ou des Organisations internationales. La participation ne bénéficie pas d'un encadrement juridique spécifique aux peuples autochtones et, ce faible degré de protection accordé par l'Etat au droit à la participation ouvre les portes à toutes sortes de violations des droits des peuples autochtones. De plus, cela remet fortement en question le réel désir de réaliser le développement au profit des autochtones, compte tenu de l'importance que constitue la participation, car elle est en étroite lien avec l'absence de représentation des institutions locales et nationales, d'un leadership communautaire.

2- L'absence de représentation d'élites pygmées dans les institutions locales et nationales, d'un leadership communautaire

Les entretiens et enquêtes dans la Région de l'Est ont permis de constater que les élites Baka ne sont pas représentées dans les instances de prise de décision au niveau local et il en

245 Article 18(3) du décret n° 95/591 fixant les modalités d'application du régime des forêts qui prévoit que l'acte de classement d'une forêt fait l'objet d'un avis au public dans les préfectures, sous-préfectures, mairies et services de l'Administration en charge des forêts dans les régions concernées ou par toutes autres voies utiles.

Rédigé par NGO NGUE TEGUE Marthe Page 91

Droits de l'homme et conservation de l'environnement : cas des droits des peuples autochtones de la

forêt

va de même, sur le plan national. C'est une question d'ordre global, car la situation est telle que la Commission Nationale des Droits de l'Homme qui gère ces questions reçoit parfois des rapports contradictoires. En effet, quand les élections régionales commencent, la question de l'autochtonie commence à dérailler surtout lorsqu'il s'agit des mairies dans les villes, parce que les maires des villes se disent autochtones et finalement on ne comprend plus. Le préambule de la Constitution dit qu'il promeut et protège les droits des peuples autochtones mais en fin de compte, on se rend compte que c'est juste un jeu de mots du fait de l'absence claire de définition d'autochtone.

Il y'a une entorse grave concernant les conseils régionaux nouvellement mis en place. N'existe-t-il pas d'autochtone dans cette région, quand on sait que quelqu'un quitte du centre, du littoral, et vient à l'Est, les premières personnes qu'il va rencontrer se sont les pygmées ou les autochtones des forêts. Ce qui n'est pas toujours le cas et personne n'a osé lever le petit doigt pour réclamer la présence dans le conseil régional d'un au moins des représentants Baka. Si l'on parle des statistiques de localisation, on se rend compte que ça devient de plus en plus criard car, force est de constater que les peuples autochtones sont représentés dans toute la Région de l'Est. Or, ils ne sont pas présents dans les instances de prise de décisions. Ce qui est une entorse grave dans la prise en compte des droits de l'homme, parce que si les politiques ne s'interrogent pas sur la présence de certains de leurs groupes, ceci constitue un problème.

Certes, au cours de la JIPA2, le MINAS avait pris l'initiative de faire venir des représentants Baka aux réunions préparatoires en vue de présenter leurs préoccupations à leur communauté. Mais, lors de ces assises, l'occasion pour les représentants Baka de remettre en question les décisions prises pour exploiter les financements reçus ne s'est pas présentée. Ils ne sont généralement pas consultés lors de l'élaboration des politiques ou des projets les concernant. De ce fait, leurs spécificités, leur identité et leurs doléances ne sont pas intégrées dans ces politiques, ou le sont mais pas de manière appropriée. Ils auraient pu dire qu'ils ne préfèrent pas des dons en nature mais plutôt en espèces ou faire des propositions, mais il leur était assigné une tâche précise et unique. Au-delà de ces difficultés, il convient de relever l'importance de la valorisation de la culture.

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