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Droits de l’homme et conservation de l’environnement: cas des droits des peuples autochtones de la forêt


par Marthe Ngo Ngue Tegue
Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) - Master en Relations Internationales 2022
  

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B- La nécessité d'intégration de juridictions spécialisées

La nécessité d'intégration des juridictions spécialisées recommande la prédominance du droit coutumier (1) et la création de dispositions sur les ressources naturelles (2).

1- La prédominance du droit coutumier

Les spécificités des peuples autochtones ne sont pas prises en compte par les tribunaux coutumiers au Cameroun et cela constitue un obstacle majeur à la jouissance de leurs droits. Alors que les tribunaux coutumiers requièrent l'implication d'assesseurs de coutumes c'est-à-dire de notables siégeant auprès du tribunal durant une audience et dotés de connaissances sur les us et coutumes de l'une ou de l'autre partie durant le procès, la représentation équitable de toutes les coutumes n'est pas assurée auprès des juridictions traditionnelles dans les zones où vivent les peuples autochtones238. À ce jour, aucun assesseur de coutume d'origine Baka, Bakola-Bagyéli ou Bedzang n'intervient dans les tribunaux coutumiers. Aussi, les tribunaux n'utilisent pas les langues traditionnelles des Baka, Bakola-Bagyéli et Bedzang. Comme il n'y a pas de service d'interprétariat au sein de ces instances, les parties sont obligées de s'exprimer en langues bantoues, langues que la plupart des peuples autochtones ne parlent

pas.239

De plus, le déficit d'accès à l'information ainsi que la localisation des juridictions qui se trouvent généralement dans les chefs-lieux de départements, assez loin des villages Baka, constituent des facteurs limitant l'exercice de ce droit par les personnes membres de cette communauté. Ensuite, la qualité pour agir étant une condition, pourrait être difficile à remplir pour les Baka, au cas où ils voudraient ester en justice. Il s'agit par exemple des questions foncières et d'accès aux ressources naturelles, pourtant l'Etat est considéré, par le droit national, comme le propriétaire des terres240 et des forêts241. Les communautés ne peuvent donc pas ester en justice contre les auteurs de l'exploitation forestière illégale, même s'il est établi qu'elle leur est préjudiciable.

De sérieuses lacunes subsistent quant à la reconnaissance des spécificités des peuples autochtones dans le système judiciaire camerounais. C'est le cas de l'absence des

238 Terme considéré comme péjoratif par les baka, car ils estiment qu'en les appelant ainsi, ils subissent une autre forme de discrimination.

239 Les chefferies de 3ème degré correspondent aux villages ou quartiers en milieu rural et aux quartiers en milieu urbain. Les chefferies de 1er degré sont créées par arrêté du Premier Ministre, celles de 2ème degré par arrêté du Ministre de l'Administration territoriale et de la Décentralisation et celles de 3ème degré par arrêté préfectoral.

240 Article 16 de l'ordonnance n°74-1 du 6 juillet 1974 sur le titre foncier.

241 Article 12 (1) loi de 1994 portant régime des forêts, de la faune et de la pêche.

Rédigé par NGO NGUE TEGUE Marthe Page 88

Droits de l'homme et conservation de l'environnement : cas des droits des peuples autochtones de la

forêt

assesseurs242de coutumes et des interprètes s'exprimant en langue Baka auprès des tribunaux coutumiers de l'Est. A toutes ces difficultés s'ajoute l'épineuse question de l'élaboration des dispositions relatives aux ressources naturelles.

2- L'élaboration des dispositions relatives aux ressources naturelles

La forêt, naturellement, est un environnement sain. Pour les peuples autochtones, la vie nomade par exemple permet lorsqu'il y'a une épidémie, qu'ils se déplacent. Ce qui est différent de la sédentarisation. Un nomade autochtone vit dans un environnement sain en forêt et y vit sans laisser de traces. Les peuples autochtones n'ont pas encore pris le rythme de la sédentarisation parce qu'ils ne savent pas vivre sur place d'où le problème de l'environnement sain. L'habitat des peuples autochtones s'adapte au milieu de vie en forêt. De ce fait les maisons modernes imposent un certain nombre d'élément comme l'entretien. Ce qui n'est pas propre au mode de vie des peuples autochtones de la forêt. Leur habitat est fait à base de feuille de Mala. Cet habitat respecte les normes environnementales car la nature va détruire systématiquement les déchets que va engendrer ce type d'habitat ce qui sied aux Baka et par ricochet ne détruisent en rien l'environnement. Il est clair que la procédure d'immatriculation ne sera pas évidente car elle est manuscrite, longue, relativement coûteuse, et exige beaucoup d'informations techniques qui ne peuvent être facilement suivies par les peuples autochtones. Ainsi, ces dispositions juridiques, ne répondent pas de façon appropriée aux besoins des peuples autochtones.

Sur le plan socio-culturel, il y'a toute une culture dans la construction des maisons et ce sont les femmes qui sont chargées de leur aménagement. En allant chercher les feuilles, elles se racontent des histoires. C'est ainsi que des échanges sexo-spécifiques se font. Cela se transmet de la plus âgée aux plus jeunes, ceci avec des mots et expressions précises. Cela permet ainsi aux hommes de se retrouver et de partager des moments ensemble. Cela aura une incidence sociologique sur ces derniers.

Cependant, l'on note l'absence de cadre assurant la mise en oeuvre de ces dispositions en milieu rural, plus particulièrement au sein des sociétés forestières qui emploient à la fois les Bantous et les Pygmées. Il faudrait donc les inclure dans le processus de gestion de leur environnement par voie de participation intégrante entre l'Etat et ses communautés pour parvenir à un développement durable.

242 Notable siégeant auprès du Président du Tribunal durant une audience et doté de connaissances sur les us et coutume de l'une ou l'autre partie au cours d'un procès.

Rédigé par NGO NGUE TEGUE Marthe Page 89

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forêt

Avec l'existence de tous ces textes, aucun ne consacre l'étude d'impact pour l'environnement particulier des peuples autochtones, afin d'évaluer l'incidence des programmes et projets de développement sur leurs cultures, mode de vie, religion, économie, etc. Les textes sont majoritairement sur la protection de l'environnement, mais aucunement sur les populations autochtones. L'absence juridique donne voie à de nombreuses violations des droits spécifiques des peuples autochtones.

II- L'EXISTENCE PRIMORDIALE DES PYGMEES COMME ENTITE A PART ENTIERE POUR LA VALORISATION DE LEUR ENVIRONNEMENT

Il s'agit d'une part de la faible capacité politique des peuples autochtones (A), et d'autre part de la valorisation de la culture Baka (B).

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius