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Droits de l’homme et conservation de l’environnement: cas des droits des peuples autochtones de la forêt


par Marthe Ngo Ngue Tegue
Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) - Master en Relations Internationales 2022
  

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A- Déni du droit à la représentation politique et au travail

Le peuple autochtone de la forêt comme tous les autres citoyens camerounais, devrait travailler pour défendre leur droit et l'amélioration de leur condition de vie. De ce fait, ils devraient se manifester dans la vie politique (1) et avoir des activités génératrices de revenus (2).

1- Déni du droit à la représentation politique

L'émancipation et la reconnaissance politique sont importantes pour s'assurer que les peuples autochtones participent à la vie politique et sont représentés dans tous les processus politiques. Les peuples autochtones peuvent être représentés au parlement et dans les autres structures politiques de leurs régions respectives. Mais dans beaucoup de cas, leur

226 Articles 27 à 32 du Décret n°95/531/PM du 23 août 1995 fixant les modalités d'application du régime des forêts.

Rédigé par NGO NGUE TEGUE Marthe Page 79

Droits de l'homme et conservation de l'environnement : cas des droits des peuples autochtones de la

forêt

représentation est soit réduite au minimum, soit inefficace. Ce qui fait que les questions qui les concernent ne sont pas traitées de façon adéquate. Beaucoup de facteurs structurels sont à l'origine de cette situation, notamment le manque de professionnels instruits227. Cela constitue une violation indirecte de l'article 13 (1) de la Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples228 qui reconnaît à tout citoyen le droit de participation à la direction des affaires publiques de son pays.

De par l'histoire, les peuples autochtones ont été utilisés par les autres communautés plus puissantes de la société pour porter haut leurs préoccupations. On a par exemple, les chefs Bagyeli qui n'ont pas les mêmes pouvoirs que les chefs Bantu. Ils participent rarement aux réunions du village et ils ne jouent aucun rôle dans les processus consultatifs et de prise de décisions. Leur rôle majeur est de faire des rapports à leurs collègues Bantu sur la situation qui prévaut dans leurs campements. Par contre, dans le village de Mayos, le chef traditionnel est celui de toute la communauté. Mais de manière générale, les Pygmées ont rarement le droit de prendre la parole aux réunions des villages et ne sont pas inclus dans les organisations bantous locales. C'est pourquoi ils seront difficilement représentés si ce n'est par des personnes qui ne sont véritablement pas pygmées. Les Bantous du village représentent les Pygmées et leurs intérêts, mais cette représentation pose des problèmes. Par exemple, ce sont les Bantous, et non les Pygmées, qui négocient avec les sociétés forestières et avec les gens qui cherchent à exploiter les ressources minières ou qui ont des projets. Alors que ces derniers ne savent pas réellement ce que c'est la forêt et ce qui s'y passe. Ce problème est général aux communautés autochtones marginalisées et cela se produit également en ce qui concerne leur droit au travail.

2- Le droit au travail des pygmées

Après des entretiens avec la communauté Baka de Mayos, il ressort que celle-ci connait de sérieuses difficultés à trouver des emplois stables, dignes et rentables dans la société. En effet, la discrimination en est l'une des causes, à tel point que ceux même qui ont réussi à trouver de bons emplois dissimulent leur identité de pygmée Baka à la société. Leurs frères restés au village ne peuvent donc pas bénéficier de leur aide. Cela peut s'illustrer par deux

227 Rapport du groupe de travail d'experts de la commission africaine des droits de l'homme et des peuples sur les populations/communautés autochtones Présenté en vertu de la « Résolution sur les droits des populations/communautés autochtones en Afrique » Adoptée par La Commission Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples lors de sa 28ème session ordinaire en 2005 , ACHPR et IWGIA, Copenhague, Danemark.

228 Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples de juin 1981.

Rédigé par NGO NGUE TEGUE Marthe Page 80

Droits de l'homme et conservation de l'environnement : cas des droits des peuples autochtones de la

forêt

Baka de Mayos qui après avoir été vacataire dans la petite école de Mayos, après l'absence de salaire, ont été pris par un particulier et une ONG occidentale, et ont quitté le village.

Les pygmées en général sont qualifiés par la société comme des « sous-hommes », des indigènes dépourvus de toute civilité et donc ne méritent pas d'accéder à un quelconque statut dans la société. C'est pour cette raison que, dans l'arrondissement d'Abong Mbang où l'on retrouve de nombreux pygmées Baka, et parmi lesquels ceux scolarisés, il est presque rare de trouver un qui soit employé à la mairie, ou dans une autre institution publique. Il en va de même des travaux les plus simples. Cela démontre à suffisance le manque de représentativité des pygmées dans la ville. Plus encore, lorsque les Baka produisent leurs efforts pour gagner honnêtement leur vie, leurs initiatives sont banalisées par les bantous. Ils arrivent à qualifier les pygmées de « voleurs » parce qu'ils passent leur journée à ne rien faire.

De par leur naïveté, les Baka se font la plupart de temps exploiter par les employeurs. Ils sont facilement trompés avec des sachets d'alcool et ne les paient pas au rendement du travail effectué. En outre, c'est au cours des exploitations forestières que les Baka sont employés en tant que guide ou en tant que manoeuvre pour les jeunes qui doivent transporter le bois de la forêt. Avec des salaires peu consistants, les exploitants forestiers, avant le début de tout projet, offrent aux Baka des présents qui sont le plus souvent constitués de nourriture et d'alcool. Tel est le cas à Mayos, où ils se sont contentés de sac de riz, d'alcool, et quelque fois de moto pour rendre tout type de service leur permettant d'être ouverts au monde extérieur.

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